Vladimir Fedorovski : "Poutine est incapable de reculer"

Un article rédigé par Simon Marty - RCF, le 4 mars 2022 - Modifié le 18 mars 2024
L'Invité de la MatinaleVladimir Fédorovski : "Poutine est incapable de reculer"

Plus d’une semaine après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le bilan s’alourdit d’un côté comme de l’autre. Les premiers chiffres rendus publics font état de plus de 500 soldats russes morts dans les combat, sans compter le million de réfugiés côté ukrainien. Jusqu’où ira-t-on dans ce conflit ? Réponse avec un spécialiste de la Russie, Vladimir Fedorovski.
 

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"La crise la plus dangereuse de l'histoire de l'Europe"

Ancien haut diplomate russe, d’origine ukrainienne, Vladimir Fedorovski connaît bien l’Ukraine et la Russie. Il se dit aujourd’hui bouleversé par ce qu’il se passe actuellement, du fait de ses doubles origines, et pour avoir œuvré à la sortie de la guerre froide. En outre il connait également bien le personnage Poutine. "C’est un danger majeur. Nous vivons la crise la plus dangereuse de l’histoire de l’Europe depuis la Seconde guerre mondiale. C’est une crise pire que celle des missiles de Cuba durant la guerre froide" explique-t-il sur RCF.

 

Ce haut diplomate russe soutient aujourd’hui la démarche du président Macron. Une démarche nécessaire selon lui pour éviter l’escalade du conflit, et la transformation en guerre civile, ce qu’il nomme la "libanisation du conflit". "Il faut tout faire pour éviter le pire. Et le pire peut arriver. Cela peut être un dérapage vers la guerre mondiale. Pas parce que Poutine ou l’Occident le veulent, mais en raison d’erreurs de calcul. Les sanctions ne sont pas une méthode. Je n’y crois guère. Les Russes ont vécu dix fois moins bien sous Eltsine" ajoute-t-il. 

 

Allier fermeté et désescalade du conflit

Pour Vladimir Fedorovski, il faut allier fermeté et désescalade. Ce spécialiste des rouages diplomatique appelle aujourd’hui, le plus rapidement possible, les présidents russe et ukrainiens à se rencontrer. La ligne de la démocratie ne doit pas s’arrêter. Et dans ce domaine, estime-t-il, le président Macron peut avoir un rôle important à jouer. Les Russes apprécient d’ailleurs selon lui les efforts du président français. Il rappelle par ailleurs que la majorité des Russes se prononce aujourd’hui pour une solution négociée dans ce conflit. 

 

Celui qui a œuvré pour l’émergence d’un nouveau monde après la guerre froide se dit désolé de l’émergence, depuis quelques années, de deux blocs. "Il y a une rupture entre la France et la Russie, entre la Russie et l’Europe. Poutine a réussi à renforcer l’OTAN mais en réalité a renforcé Poutine en le jetant dans les bras de la Chine" déplore-t-il. Avant de conclure, au sujet de Poutine, que "c’est un enfant de la pègre. Il faut voir en détail ce personnage pour comprendre comment il agi. Ce désir de construire une histoire longue de la Russie existe. Il est incapable de reculer".
 

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