Thomas Gomart: "Les militaires n'ont plus le monopole de la guerre"
Les guerres se dérouleront-elles, à l’avenir, hors des champs de bataille ? L’écologie est-elle un facteur de réconciliation entre les pays ? Autant de questions posées à Thomas Gomart, directeur de l’Institut français de relations internationales (IFRI). Il publie "Guerres invisibles. Nos prochains défis géopolitiques" (éd. Tallandier).
L’idée du livre de Thomas Gomart, "c’est de montrer que la conflictualité demeure mais que les militaires n'ont plus le monopole de la guerre", comme il l’explique.
Une "provincialisation de l'Europe"
Dans son ouvrage, il analyse l’évolution des relations internationales, avec notamment la prépondérance de la Chine dans le jeu mondial. "En 20 ans, ce qui s'est passé, c’est le fait que la Chine a ravi à l’Union européenne sa première place", affirme le directeur de l’IFRI. "Dans l’univers stratégique, c’est quelque chose qui est bien compris. On parle de 'provincialisation de l’Europe'. C’est beaucoup plus dur dans le milieu politique, où nous nous voyons plus centraux que nous ne le sommes", affirme-t-il.
La lutte pour l'environnement, un facteur d'affrontement
Un autre enjeu qui a émergé ces dernières années est la lutte contre le réchauffement climatique. Elle pourrait devenir un facteur de réconciliation entre certains États mais Thomas Gomart constate plutôt l’inverse : "J'observe que la Chine comme les États-Unis sont en train de subordonner leur politique climatique et numérique à leur rivalité stratégique".
Alors que nous sommes en pleine pandémie de Covid-19, cela provoque une intense circulation de théories complotistes. "Le secret a mauvaise presse en ce moment, or il est aussi nécessaire dans certaines activités. On est dans un moment de demande de transparence très forte", assure Thomas Gomart. Pourtant, il constate un paradoxe : "On va s’inquiéter du caractère intrusif que l’État peut avoir sur notre vie et on va raconter nos vies sur les plateformes numériques".
Une révolution de l'intelligence artificielle ?
Avec cette prépondérance des technologies, allons-nous vers une révolution de l’intelligence artificielle ? Probablement selon le directeur de l’IFRI. "À l’horizon de 5 ans il y aura 150 milliards de terminaux numériques dans le monde. Ça génère un flux de données qui doit être traité et donc on a besoin de technologies pour le faire. On est en train de passer d’une économie basée sur le pétrole à une économie basée sur les données", conclut Thomas Gomart.
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