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Tania de Montaigne
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Tania de Montaigne

RCF,  -  Modifié le 25 août 2019
Journaliste et écrivaine, Tania de Montaigne publie un petit livre percutant et salutaire pour faire réfléchir sur notre tendance à enfermer dans une identité liée à la couleur de peau.
JF Paga - Tania de Montaigne JF Paga - Tania de Montaigne

Etre noir n’est pas une identité

Elle souhaite faire réfléchir chacun et chacune sur la tendance à imposer des majuscules à des adjectifs qui se réfèrent à la couleur de peau, à la religion, ou encore au genre. Tania de Montaigne a la peau noire. Elle est une femme noire, mais elle n’est pas une Noire.

En effet, l’écrivaine fait la distinction entre « noir » en tant qu’adjectif et « Noir » qui est un nom. "S’il y a une majuscule, cela supposerait que j’aurais des actions particulières parce que j’appartiendrais à un groupe, qui serait le groupe des « Noirs », un groupe homogène où tout le monde parlerait de la même façon, ferait les mêmes choses et aurait les mêmes pensées". En réalité, pour Tania de Montaigne, la couleur de peau ne dit rien de l’histoire singulière d’une personne.
 

Une figure imposée de l’extérieur

Dans son livre « L’Assignation. Les Noirs n’existent pas », Tania de Montaigne part de sa propre expérience pour la relier à d’autres expériences. "Un Noir avec une majuscule n’existe pas mais nous sommes tous organisés dans notre pensée et notre langage avec l’idée que cela existe : un Noir avec une majuscule, un Juif avec une majuscule, un Musulman avec une majuscule, un Jaune, un Rouge…". Il s'agit d'identités imposées de l’extérieur mais que l’on apprend à intérioriser : chacun finit par penser que cette majuscule existe.  

"Le racisme comme la misogynie est quelque chose qui nous travaille tous", démontre Tania de Montaigne. En effet, nous sommes habités par cette idée que la personne que nous identifions comme « Noire » a des agissements de « Noirs », tout comme une Femme –avec majuscule- ferait par nature des choses de femmes.
 

Le concept de race toujours opérant

Si les scientifiques ont bien réfuté le principe de « race », les êtres humains, qui sont pour Tania de Montaigne des « êtres de mythe », continuent à penser et agir en fonction de ce principe. L’écrivaine nous invite à nous interroger à travers un exemple parlant : lorsque nous rencontrons une personne qui n’a pas la même couleur de peau que nous, nous lui demandons, souvent en toute bienveillance, « tu viens d’où ? ».

Avec cette question, est sous-entendu le fait que la personne ne peut être française, et doit avoir « des origines ». Lorsque celle-ci répond être née en France, l’interlocuteur cherche alors à savoir « les origines » de ses parents, de ses grands-parents… « On ne le fait pas lorsqu’une personne est blanche » fait remarquer la journaliste. Pour Tania de Montaigne le travail que nous avons à faire est « de nous regarder faire cela », afin de nous interroger.
 

Le communautarisme sur les traces du racisme

« Pour fabriquer le communautarisme, il faut que vous vous disiez « j’appartiens à un groupe particulier », groupe constitué sur la même base que celle qui organise le racisme, qui définit le groupe ». Voilà pourquoi le communautarisme est tout autant pointé du doigt par Tania de Montaigne que le racisme.

"Une fois qu’on aura admis que l’identité française, ou de tout autre pays, ne peut pas être déterminée ni par la couleur ni par la religion, et ce depuis extrêmement longtemps, cela va nous faire beaucoup de vacances".

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