Prévention du suicide : un enjeu de santé publique majeur
En partenariat avec Fondation Falret
La semaine dernière, un adolescent de 15 ans donnait fin à ses jours à Poissy dans les Yvelines. Un nouveau drame, survenu quelques jours seulement avant la journée mondiale de prévention du suicide, et venu rappeler l’importance de lutter contre ce fléau qui touche particulièrement les jeunes depuis la crise sanitaire du Covid-19. Malgré tout, ce n’est pas une fatalité et les solutions existent pour s’en sortir. Voici quelques conseils.
Si le suicide baisse de manière générale depuis 20 ou 30 ans, les professionnels ont constaté ces trois dernières années une augmentation du nombre de passages aux urgences pour idées et tentatives de suicide. En particulier chez les jeunes, âgés de 11 à 17 ans, et plus spécifiquement chez les filles.
Une augmentation « significative », selon le psychiatre de l’enfant et de l’adolescent Charles-Edouard Notredame, bien qu’on ne sache pas « si elle se traduit par une augmentation du nombre de suicides ». Selon un rapport de 2020, on estime en tout cas que le suicide est responsable chaque année de la mort de plus de 400 adolescents en France, ce qui en fait la 2e cause de mortalité pour cette tranche d’âge.
Une hausse du nombre d’idées suicidaires due en grande partie à la crise du Covid-19. « Les capacités adaptatives des jeunes ont été beaucoup sollicitées avec cette alternance de confinement et de déconfinement, la question de l’insécurité et le fait qu’il y ait aussi des conséquences économiques qui obèrent les perspectives d’avenir ont pu inquiéter certains jeunes », explique celui qui est aussi coordinateur national du 3114, le numéro d’écoute nationale pour la prévention du suicide.
Et même s’il « y a une augmentation du nombre de tentatives de suicide, il ne faudrait pas donner l’impression d’une forme de fatalité », affirme Charles-Edouard Notredame. Le secrétaire national de la maison des adolescents qui invite d’ailleurs à briser le tabou autour du suicide.
L’an dernier, le stratégie nationale de prévention du suicide a été revue. Elle s’appuie sur cinq piliers : le programme Vigilans (un programme de prévention de la réitération suicidaire), le programme Papageno pour éviter l’effet Werther, autrement dit la contagion suicidaire. Il y a aussi la mise en place du numéro national 3114, ou encore un plan de formation de l’ensemble de la communauté.
Sur le suicide, plus on en parle, plus la personne va sentir ce poids en moins
Mais cela reste insuffisant selon certains. « Il y a quelque chose à faire, moi je rêverai d’une émission ou d’une campagne comme celle pour la sécurité routière », affirme Marie-Rose Vilafranca, dont le fils s’est suicidé à presque 20 ans et qui fait de la prévention depuis 2001 au travers de l’association Christophe.
En attendant que d’autres outils soient mis en place au niveau national, il est possible d’agir à son échelle. « Nous pouvons – et devons - tous être acteurs de la santé mentale », a rappelé Aurélien Rousseau à l’occasion de la journée mondiale de prévention du suicide dimanche 10 septembre. La première chose à savoir c’est qu’il ne faut surtout pas banaliser le mal-être des jeunes et il faut être attentif à plusieurs signaux, comme l’isolement, les pleurs, l’impulsivité, l’irritabilité ou encore la chute des résultats scolaires. En sachant que le passage à l'acte est toujours la conséquence de plusieurs facteurs.
Une fois que l’on a pris conscience de cela, il en faut en parler directement à la personne concernée. « Ce qu’on dit à l’entourage qui nous appellent souvent, c’est qu’il ne faut pas hésiter à poser des mots, à poser les questions telles quelles : “Est-ce que tu as des idées noires, des envies suicidaires, est-ce que tu as envie de mourir ?” », illustre Blandine Gasperi, infirmière psychiatre au centre du 3114 de Marseille. Et de rassurer : « Contrairement à des idées reçues, ce n’est pas en posant la question que ça va inciter la personne a passé à l’acte, au contraire ! Sur le suicide, plus on en parle, plus la personne va sentir ce poids en moins ».
Bien sûr, il faut ensuite vous diriger et emmener votre proche auprès de professionnels de santé. Soit auprès d'un psychologue, soit en directement en urgence psychiatrique (selon l'urgence) ou via les numéros d'écoute que sont le 3114, Suicide Ecoute au 01 45 39 40 00 ou encore SOS Suicide Phénix Ecoute au 01 40 44 46 45.
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