L’objectif est de réduire les inégalités scolaires entre les élèves. Alors que dès la rentrée prochaine, cette mesure devrait être étendue aux classes de CE1, un an après, l’heure est au bilan. Les effets bénéfiques sont ils vraiment au rendez-vous ?
La France est l’un des pires pays d’Europe concernant le nombre d’enfants par classe au primaire. C'est peu de dire que cette mesure allait être particulièrement observée. Depuis 2017, elle concerne 3.852 classes de cours préparatoire. Elle est appliquée dans des écoles en zone REP+ (réseaux d'éducation prioritaire renforcé).
Des classes réduites à 12 élèves maximum. Le professeur Sylvain Broccolichi est professeur à l’université d’Artois, formateur de professeurs depuis une douzaine d’années. Il explique à Clémence de la Faye pourquoi il était important d’adopter une telle mesure.
Et pour évaluer l’efficacité de ce dédoublement des classes de CP, le syndicat d'enseignants SNUipp-FSU a publié lundi dernier une enquête sur 10% des classes appliquant ce dispositif. Francette Popineau est co-secrétaire générale et porte-parole de ce syndicat. Selon l’enquête, cette mesure a été très bien accueillie.
Elle a cependant rencontré quelques limites. Pour 37% des équipes, cette organisation a été imposée, ils estiment qu’ils n’ont pas eu leur mot à dire sur ce choix pédagogique. Par ailleurs, il faut selon elle, améliorer certains points comme les locaux mis à disposition qui ne sont pas suffisants.
Malgré ces limites, on peut dire finalement que la mesure a eu des effets largement positifs. Les enseignants sont 71% à estimer que les compétences sont acquises plus rapidement. 84% d’entre eux pensent que les interactions entre les élèves ont été favorisées et 90% estiment que le climat de la classe était plus apaisé.
Carla Dugault est vice-présidente de la Fédération des Conseils de Parents d’Élèves (FCPE). Elle confirme les effets positifs mais selon elle, cela ne change pas grand-chose pour les élèves en grande difficulté, relevant du Réseau d'aide spécialisée aux élèves en difficulté (RASED).
Les syndicats s’accordent à dire qu’il faudrait tout de même appliquer cette mesure bénéfique à toutes les classes. Tout comme Carla Dugault, Francette Popineau demande au gouvernement d’homogénéiser cette mesure à toutes les classes. A cette condition, de l’accompagner d’une meilleure formation des enseignants. Pour Francette Popineau, ramener les effectifs à 20 élèves par classe dans toutes les écoles REP demanderait seulement 2.000 postes de plus. Cela permettrait ainsi à toutes les classes de travailler dans de bonnes conditions.
Limiter les inégalités et limiter l’échec scolaire en France reste le double objectif de cette expérience. Sylvain Brocollichi espère que ce travail d’expérimentation de ces mesures permettra de résoudre les différents problèmes matériels et d’organisation. Pour rappel, à la rentrée 2018, ce sont 3.200 classes de CP et CE1 en REP et CE1 en REP + qui seront à leur tour concernées par cette mesure. De quoi rassurer 47% des enseignants sondés qui assurent avoir des inquiétudes pour le retour des élèves en grand groupe de classe.
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