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Pour Thibault de Montbrial, le droit commun actuel n'est pas adapté pour gérer la crise terroriste
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Pour Thibault de Montbrial, le droit commun actuel n'est pas adapté pour gérer la crise terroriste

RCF,  -  Modifié le 24 juin 2021
L'Invité de la Matinale Pour Thibault de Montbrial, le droit commun actuel n'est pas adapté pour gérer la crise terroriste
Gros plan sur le projet de loi antiterroriste qui sera présenté jeudi matin en Conseil des ministres.
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Au lendemain de la tentative d’attentat sur les Champs Elysées, Le ministre de l'Intérieur a dévoilé les contours de la nouvelle loi antiterroriste destinée à sortir de l'état d'urgence. Elle sera présentée jeudi lors du Conseil des ministres. Le ministre de l’Intérieur a profité de la tentative d’attentat de lundi dernier pour insister sur la nécessité d'adopter la nouvelle loi antiterroriste.

Une loi qui reprendrait l'essentiel des mesures d'exception de l’état d’urgence pour les inscrire dans le droit commun. La France est actuellement en plein état d’urgence, ce qui n’a pourtant pas permis d’empêcher cette tentative d’attentat. Pour Thibault de Montbrial, avocat et président du centre de réflexion sur la sécurité intérieure, "la difficulté à laquelle sont exposées nos forces de sécurité intérieure et en particulier nos services de renseignement chargés d’anticiper les actions terroristes, est que le pays fait face non plus à une vague terroriste, mais à un phénomène d’islamisation d’une partie de notre jeunesse avec des cibles qui excèdent de beaucoup la capacité de nos moyens humains et matériels. Le dernier fichier des personnes radicalisées compte 19 000 noms dont 4 000 jugés immédiatement dangereux. Or pourtant les assaillants des Champs-Elysées au mois d’avril, et de Notre-Dame de Paris au mois de mai, ne figuraient pas dans ce fichier".

"Nous n’éviterons pas de temps en temps des attaques. Beaucoup sont évitées, mais il y en aura d’autres. La question est donc de savoir si ce texte peut empêcher davantage d’actions, et au-delà de ça, plus de réseaux démantelés. C’est en tout cas la demande que font tous les professionnels de la question" ajoute Thibault de Montbrial.

Revenant sur l’inquiétude des magistrats et des défenseurs des libertés publiques, l’avocat explique que cette dernière peut se comprendre pour deux raisons. "La première, qui n’est pas la plus noble, est qu’il y a une forme de corporatisme. Il y a aussi une question idéologique, notamment pour le Syndicat de la Magistrature, qui est un syndicat d’extrême-gauche. Il y a aussi beaucoup de détracteurs de bonne foi, mais qui ne réalisent pas que le système de droit commun qui existe est un système qui a été construit en temps de paix, qui n’est pas calibré pour lutter face à l’ampleur de la vague terroriste. Il faut que le pays s’offre les mesures techniques et juridiques qui lui permettent de tenir" lance-t-il.

Certains craignent cependant qu’avec l’adoption de cette loi, la France entre dans un système d’état d’urgence permanent. Ce qui n’est pas l’avis de Thibault de Montbrial. "Je ne le pense pas. Il faut quand même attendre le texte. Il y a certaines mesures de l’état d’urgence qui devraient être transposées dans le droit commun, avec certaines atténuations, mais pas l’intégralité de cet état d’urgence" ajoute-t-il.

L’avocat rappelle que nous sommes sortis d’une période de 70 ans de paix en Europe. Et certains observateurs ne le réalisent pas encore. Aux grands maux, les grands remèdes, estime-t-il. "On ne gère pas une crise extrême avec un système de temps de paix absolue. La démocratie a le droit de se protéger, et il n’est pas question de voir notre pays s’effondrer à cause de ses propres principes" conclut-il.
 

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©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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