Olivier Tesquet
19 ans après les attentats du 11 septembre, en France, un ensemble de lois se sont succédées pour encadrer l’usage d’Internet. Dernièrement, la loi Avia a fait débat. Mais la plus marquante restera celle qui aura instauré la surveillance de masse des internautes français : la "loi sur le renseignement". En 2021, après un an de pandémie, d’application de traçage de la maladie, d’échange de statistique, où en sommes-nous ? Olivier Tesquet est journaliste à Télérama. Il publie "État d'urgence technologique. Comment l'économie de la surveillance tire parti de la pandémie" (éd. Premier Parallèle).
L’épidémie de Covid-19 a exacerbé le recours aux nouvelles technologies et l’utilisation de nos données. "On est sur une pente assez glissante parce que depuis des années on nous explique que la sécurité est la première des libertés. Pour répondre à un sentiment d'insécurité, les gouvernements s’appuient de plus en plus sur la technologie, avec les risques que ça présente pour les libertés fondamentales", affirme Olivier Tesquet.
La surveillance se banalise à la faveur de l'épidémie
Ce recours aux nouvelles technologies s’accompagne souvent d’un manque d’information sur leur utilité. Le journaliste prend l’exemple de l’application Tous Anti Covid, qui vise à retracer les personnes positives au Covid-19 pour endiguer l’épidémie. "Le seul indicateur qu’on nous a donné c’est le nombre d'installations, ça ne dit pas grand chose et donc on est plus face à des objets de communication politique que des outils sanitaires", assure Olivier Tesquet, selon qui la surveillance et le traçage "se banalisent à la faveur de la pandémie".
"Depuis quelques années, on baigne dans un solutionnisme technologique, estime le journaliste. Les entreprises qui vendaient hier de la vidéosurveillance se sont mises à développer des outils qui savent calculer la distanciation sociale", explique Olivier Tesquet.
Selon le journaliste, toutes ces innovations conjuguées à la nécessité d’endiguer l’épidémie peuvent nous habituer à une forme de surveillance. "Tous ces dispositifs qui peuvent paraître inoffensifs peuvent créer une accoutumance. Une fois qu’on sera sortis du risque sanitaire immédiat, que restera-t-il de ces outils?", affirme Olivier Tesquet.
Le modèle de la Chine
Dans cette course aux traçages des données, la Chine se dégage comme pays champion. "La Chine c’est le repoussoir universel mais c’est aussi elle qui imprime le tempo. Les technologies de surveillance viennent beaucoup de Chine. Ils ont une place non négligeable qui est un modèle qui s’exporte", alerte Olivier Tesquet, prenant l’exemple de la persécution des Ouïghours qui s'appuie sur des outils de traçage.
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