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MOTJOUR

RCF,  -  Modifié le 10 mars 2020
Bouleversement, voilà un mot d’actualité forte et qui s’adapte avouons-le à bien des situations, le bouleversement de nos habitudes, les bouleversements politiques, économiques.
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Les motifs des bouleversements sont actuellement nombreux. Mais cela ne date pas d’hier même si le mot bouleversement est assez récent.

En effet, on atteste de ce verbe en 1557 et du bouleversement en 1579. Et quand ils entrent dans la langue française, donc au XVIe siècle au cœur de la Renaissance française, c’est sans surprise qu’ils désignent un désordre, un renversement.

Il suffit en vérité de radiographier le verbe bouleverser pour comprendre la construction initiale qui n’est autre que le fait de « verser » en « boule », ou selon la formule de Littré de tourner, « verser » comme une « boule ». Ou encore de « bouler », entendons par ce verbe ancien le fait de « rouler » comme une boule, et de verser, comprenons « tomber ». En fait « bouler » a été associé aussi à un mot voisin, « tourneboulé », lui aussi du XVIe siècle.

On disait autrefois plaisamment qu’il ne fallait pas se tournebouler le cerveau, tournebouler signifiant en somme « retourner, mettre à l’envers » mais sans que ce soit une catastrophe. « Bouleverser » est assurément d’une plus grande intensité, aussi bien au sens propre qu’au sens figuré. Dorgelès écrit par exemple en 1919 dans Les Croix de bois, qu’« il espérait trouver l’enseigne encore vivante, mais il ne restait qu’un bouleversement de pierres et de poutres broyées ».  Et Romain Rolland, au figuré dans Jean-Christophe, en 1904, d’évoquer « une émotion grandissante, un bouleversement, une violence irrésistible ». Là on est presque dans l’excès.

Encore que dans le « bouleversement de nos habitudes », ce ne soit pas forcément effrayant. Et je vais relever la une réflexion de Out-el-Kouloub, une romancière égyptienne, réflexion tirée de Trois contes de l’Amour et de la Mort, publié en 1940. « La jeune femme, écrit-elle, était inquiète de ce bouleversement qu’elle sentait envahir son existence. Elle était heureuse cependant car elle avait une raison de vivre et d’espérer ». Eh bien vivent les bouleversements qui offrent ce type de sentiment ! En attendant là, ne bouleversons pas le programme de la matinée : tout de suite, c’est un café !

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