Mot du jour
Le règne de Louis XV s’est achevé en 1774, et la date de la création de la madeleine en tant que gâteau est 1769. On l’appela alors « gâteau à la Madeleine ». Une chose est sûre c’est bien le prénom féminin Madeleine qui est à l’origine du nom choisi pour ce petit gâteau de forme ovale, dont le dessus est renflé et strié, le tout dans une pâte moelleuse et délicatement parfumée, ah que cette chronique est difficile parce que je salive déjà.
Alors pourquoi Madeleine ? Eh bien les étymologistes sérieux disent qu’on ne sait pas. Certes le célèbre gastronome La Reynière qui aux côtés de Brillat-Savarin passe pour être l’un des pères fondateurs de la gastronomie occidentale, a affirmé que la recette de ce gâteau devait être attribuée à Madeleine Paumier, pensionnaire et ancienne cuisinière de Madame Perrotin de Barmon. Cette spécialité pâtissière lorraine aurait ici sa fée, mais en fait on n’a pas le moindre renseignement précis.
Il n’en reste pas moins que ladite madeleine, sans majuscule, à pâte molle, en forme de coquillage a été promue par le roi Stanislas à la cour lorraine, et de là a gagné toute l’Europe. Et ces madeleines, souvent orthographiées magdeleines sont déjà sur les tables bourgeoises sous le Premier Empire avant de devenir un gâteau populaire dès 1845. Impossible maintenant bien sûr de ne pas citer Marcel Proust qui en 1913 dans Un amour de Swann, en fait la description : « Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés petites madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. »
ET PLEURER COMME UNE MADELEINE alors ?
Non en effet, l’expression date précisément de 1833. Avant, on disait faire la Madeleine et donc avec une majuscule, et on sait que Madeleine, étymologiquement femme de Magdala, pécheresse célèbre de l’Évangile, affecta le repentir. Aucune envie de pleurer comme une Madeleine, donc, mais Stéphanie, vous reprendrez bien une petite tasse de thé, pour laisser comme Proust s’y « amollir un morceau de madeleine ». Oh la madeleine amollie. Pas de temps à perdre.
RCF vit grâce à vos dons
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !