Marseille, exemple du vivre ensemble ?

Un article rédigé par Nina Pavan et Clotilde Dumay - RCF, le 24 février 2022 - Modifié le 24 février 2022
Le dossier de la rédaction[Présidentielle 2022] La voix des régions - Marseille, exemple du vivre ensemble ?

À moins de deux mois de l'élection présidentielle, RCF poursuit son tour des régions en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Avec un passage obligé à Marseille, où la diversité des populations semble ne pas les empêcher de vivre ensemble.

Sur le marché de Noailles, à Marseille.Sur le marché de Noailles, à Marseille.

Présidentielle : la voix des régions

 

"Présidentielle : la voix des régions", c'est une série d'émissions spéciales à l'occasion de l'élection présidentielle pour donner la parole aux Français. Du 31 janvier au 8 avril, durant six semaines spéciales, des journalistes du réseau RCF vont sillonner six grandes régions françaises à la rencontre des citoyens, pour entendre leur voix sur des sujets essentiels de la campagne.

 

Du 21 au 25 février, la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur est à l'honneur. Chaque jour dans la Matinale RCF, découvrez un reportage de 7 minutes (à 7h12). Rendez-vous le vendredi 25 février pour une matinée spéciale (de 6h30 à 11h) en direct de Gap.

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La pétanque, le bruit des glaçons dans un verre de Pastis, les poubelles, les cigales, Plus belle la vie, Jul et IAM : Marseille, c’est un peu tout cela. Mais c’est aussi une ville où musulmans, juifs, catholiques et autres communautés de différentes origines cohabitent. "Il y a la mer, les calanques mais cela ne suffit pas, témoigne Gisèle. Il faut qu’il y ait de la vie, et on l’a grâce aux cultures multiples." "C’est vrai que les gens vivent en osmose, ajoute Ahmed. Même si Marseille a changé."

 

Un respect des origines et des confessions qui passe donc, aussi, par un respect de la laïcité dès l’école. "On ne va pas proprement parler de fait religieux en maternelle, précise Marine Gueydan, chargée de mission 'valeurs de la République' au sein de l’académie d’Aix-Marseille. Mais j’ai travaillé avec le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, qui conserve des pièces religieuses, et qui accueille les élèves dès le cycle 3 pour travailler autour des points communs entre les trois religions monothéistes."

 

"À Marseille, il y a une sorte d’acculturation qui est déjà en place"

 

Le poste de Marine Gueydan a été créé après les attentats de 2015. Et il a particulièrement été sollicité après l’assassinat de Samuel Paty, en 2020. "Certains professeurs ont besoin d’être rassurés, assure-t-elle. À Marseille, il y a une sorte d’acculturation qui est déjà en place. À l’échelle académique, les tensions sont plus fortes dans certaines villes où l’immigration est nouvelle, et l’acculturation n’est pas encore faite. Il y a des problèmes à Marseille, sur certains territoires. Mais dans l’ensemble, les choses sont relativement apaisées." Le ministère de l’Éducation nationale ne communique pas les chiffres académiques, mais en France, 614 signalements d’atteintes au principe de laïcité ont été enregistrés, entre septembre et novembre 2021.

 

Un développement du dialogue interreligieux

 

Au cœur des quartiers nord de Marseille, le collège Saint-Joseph Viala, établissement privé catholique, accueille en majorité des enfants issus de familles musulmanes. "Contrairement à ce que l'on peut croire, l'enseignement catholique est très représentatif de la société, indique Cédric Coureur, directeur de l’établissement. Nous nous donnons pour mission d'accueillir tout le monde, et surtout les enfants du quartier." Sous contrat avec l'État, Saint-Joseph Viala propose un enseignement traditionnel, mais porte aussi une approche particulière : "Tout est pastoral, souligne Cédric Coureur. Si un enfant nous questionne sur le ramadan ou sur une religion, on va essayer de lui répondre. Parce qu’un enfant qui n’a pas de réponse avec nous ira peut-être la chercher ailleurs, et elle ne sera pas forcément républicaine."

 

Fait rare : face à l’établissement Saint-Joseph Viala, se trouve le seul collège musulman sous contrat avec l’État, ainsi qu’une école publique. Un "triangle d’or", se réjouit Cédric Coureur : "On a vécu l’hommage à Samuel Paty ensemble, indique le directeur. On trouvait que ça pouvait être porteur que des chrétiens viennent chez des musulmans pour dire qu’on ne mélange pas ce qui s’est passé avec l’islam."

 

Un groupe de dialogue entre imams et prêtres 

 

À l’image de ces établissements, des imams et des prêtres ont décidé d'échanger. Depuis 2010, ils se réunissent régulièrement pour échanger sur des sujets de société. "À l’origine, on ne pensait pas à un dialogue théologique, se souvient Abdessalem Souiki, imam et membre de l’association La Plume de la vie. Je viens vraiment avec une avidité de découvrir d'autres aspects de l'universalité, avec d'autres éclairages, qui donnent toute sa splendeur à la vérité."

 

"Ce que je me dis, c’est que mon regard vers Dieu reste partiel, estime le père Jean-Pol Lejeune, membre du groupe et responsable diocésain du dialogue avec les musulmans. L’approche de nos amis musulmans élargit mon espace. L’apport et la parole de l’autre vient me donner un nouvel éclairage." Alors à la question de savoir pour qui voterait Jésus, à moins de deux mois de l’élection présidentielle, tous deux s’accordent : il irait voter, et "voterait comme Mohamed !"

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