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Les ressorts de l'engagement
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Les ressorts de l'engagement

Un article rédigé par Aurore Ployer - RCF, le 8 décembre 2022  -  Modifié le 8 décembre 2022
Je pense donc j'agis Les ressorts de l'engagement

La France compte plus d’1,3 million d’associations actives. Du club de gym à l’humanitaire, la journée mondiale du bénévolat célèbre tous ces hommes et ses femmes qui s’investissent pour créer du lien social. Alors que les crises se succèdent, qu’est-ce qui fait courir tous ces bénévoles ?

© Bob Dmyt de Pixabay © Bob Dmyt de Pixabay

S’engager, c’est s’épanouir

 

La motivation de s’engager durablement vient autant de l’envie de donner que du fait de recevoir. "Au niveau de la psychologie, on pourrait dire qu’un individu s’engage durablement s’il retrouve en lui-même les trois principes de l’auto-détermination selon Deci et Ryan : le sentiment d'autonomie, c’est-à-dire se sentir libre de poser ses choix, le sentiment d’appartenance sociale, en créant des liens avec les autres, et le sentiment d’apprendre de nouvelles compétences", détaille Jean-Baptiste Baudier, psychologue et bénévole au sein des Scouts et Guides de France. "L’engagement part d’une indignation et d’une envie d’agir. Mais il faut sortir d’une définition normative : la quête de sens s’articule avec la quête d’épanouissement, un des objectifs est aussi d’être heureux. Il ne faut pas mettre de côté ce que cela peut apporter à l’individu", complète Claire Thoury, sociologue et présidente du Mouvement associatif

 

Le bénévolat est une occasion de se former hors des cadres habituels, explique Jean-Baptiste Baudier : "Les associations sont des lieux pour grandir en dehors du cadre scolaire, universitaire ou familial. Les Scouts et Guides de France font le paris des nouvelles générations : le sens de mon engagement est de faire grandir des citoyens heureux, actifs et artisans de la paix". Claire Thoury ne peut qu'acquiescer : "J’avais moi aussi le sentiment que le système éducatif n’allait pas, ou en tout cas qu’il n’était pas suffisant. Il est anxiogène et ne propose qu’une seule conception de la réussite. Il n’y a pas cette notion d’expérientiel qu’on trouve dans le bénévolat". 

 

S'adapter aux besoins de la jeunesse

 

Si les associations comptent 21 millions de bénévoles de France, 2,2 millions sont des salariés. Les membres d’une association doivent gérer des personnes au statut différent, ce qui peut poser problème : "Au sein des Scouts et Guides de France, les responsables étaient tous salariés. Mais il y avait une difficulté à se confier. Nous les avons transformés en postes de soutien". Claire Thoury alerte sur les difficultés des associations à recruter des cadres : "elles ont de plus en plus de mal à trouver des volontaires pour occuper les postes de gouvernance comme président ou trésorier. Les jeunes sont prêts à donner du temps mais avoir des responsabilités administratives, ça ne les intéresse pas. Ils participent au projet mais il manque des gens pour le piloter".

 

Le bénévolat est passé d’une référence collective à un modèle plus individualiste : une mutation que les associations doivent prendre en compte pour continuer à recruter. "Il y a une désaffection des structures au profit des causes. Dans les syndicats et les grandes associations, on sacrifiait son individualité pour une cause et un collectif. Mais dans les années 1970, l’individualisme se développe et ce n’est plus le cas de nos jours. Les jeunes s’engagent avant tout pour une cause. Il faut que les associations prennent en compte ces besoins, ce sont aussi aux structures de s’adapter aux bénévoles", explique Claire Thoury.

 

Les associations, premiers vecteurs de lien social

 

Pour prendre soin des bénévoles et maintenir leurs engagements, il faut sans cesse s’assurer qu’ils vivent des choses agréables, souligne Jean-Baptiste Baudier : "J’essaie d’appliquer le modèle PERMA développé par Seligman. Le but est de ressentir des émotions positives, garder ses actions en accord avec ses valeurs, construire du lien social, faire quelque chose qui a un sens pour nous et avoir le sentiment de progresser, d’apprendre des choses". Il nous met cependant en garde contre les mauvaises raisons de s’engager : "Si un enfant ou un adulte devient bénévole à cause d’une pression extérieure ou d’un besoin de reconnaissance sans une motivation sincère, son engagement ne le cultivera pas".

 

Les associations préservent le tissu social, insiste Claire Thoury : "Les associations sont utiles pour faire les liens du premier et du dernier kilomètre. Du premier kilomètre car elles font émerger des solutions qui viennent des habitants eux-mêmes et qui sont donc plus facilement acceptées et mieux adaptées. Du dernier kilomètre parce que quand l’État est défaillant, elles permettent de préserver des personnes de l’isolement". L’État ne peut pas tout : "Les associations ont des délégations de service public car elles sont plus agiles. Même si on attend aujourd'hui un État social plus fort, les associations ont des solutions parfois plus adaptées car elles sont ancrées dans les territoires".

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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