Par rapport à l’année dernière, on a plus de 2000 jeunes supplémentaires qui ont pu découvrir le scoutisme cet été. Au total, ce sont 50.000 jeunes qui sont partis en camp avec les Scouts et Guides de France cet été.
C’est bien de se réjouir pour ces 50000 jeunes. Mais c’est une goutte d’eau par rapport aux 3 millions d’enfants, trois millions, qui ne sont pas partis en vacances cet été. Et ce chiffre augmente tous les ans. La bonne santé du scoutisme est un détail, une exception dans le paysage. Et c’est terrible parce que ce n’est pas qu’une question de loisir, c’est une question d’éducation.
Des vacances, c’est l’occasion de créer une culture commune, de découvrir son pays. Une élue parisienne du 20 ème arrondissement me racontait récemment l’histoire de ces élèves de CM1 de l’est parisien partis voir la tour Eiffel avec le centre aéré. Et un des enfants lui a demandé : « c’est la tour qu’on voit dans les films ? ». Cet enfant n’avait jamais eu l’occasion de faire ces quelques hectomètres pour voir la tour Eiffel en vrai.
On voit bien que c’est un enjeu de mixité sociale. Selon une étude de l’observatoire des inégalités, 50% des enfants des familles les plus modestes ne partent pas en vacances, contre 5% de ceux dont les parents sont cadres supérieurs. Or justement le secteur des colonies des vacances est un espace qui permet cette mixité sociale. Mais les colonies de vacances sont concurrencées par des organisateurs de séjour à but lucratif, qui proposent dans des catalogues souvent très luxueux, de la plongée, de l’équitation, de l’astronomie, à des prix inaccessibles pour les enfants des classes populaires. Et si on paye un peu plus cher, on peut garantir une chambre individuelle pour son enfant. On reproduit la ségrégation sociale dans le monde des colos.
Autre cas d’acteur local de mixité sociale : les clubs de sport. L’équipe de France masculine de foot vient de gagner la coupe du monde mais 20% des clubs amateurs sont menacés de fermeture parce que le gouvernement a supprimé les aides aux clubs sportifs amateurs. Pourtant, s’il y a bien un lieu qui fait de la mixité sociale tout au long de l’année, ce sont les
clubs de sport.
Réduire les fonds qui aident ces structures locales à fonctionner pour en contrepartie financer des grands projets nationaux de planification comme le service national universel,
c’est politiquement efficace parce que c’est visible mais concrètement, on fait plus de mal que de bien.
Pourtant, pour construire la France de demain, nous avons besoin que les enfants sachent à quoi ressemblent la tour Eiffel ou le mont saint Michel, qu’ils aient un jour eu le bonheur de
jouer avec d’autres enfants qu’ils auront rencontrés parce qu’ils ont pu sortir de leur quartier.
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