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"La ruine est une fêlure romantique et spirituelle", selon Mathieu Lours
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"La ruine est une fêlure romantique et spirituelle", selon Mathieu Lours

Un article rédigé par Etienne Pépin - RCF,  -  Modifié le 15 décembre 2020
L'Invité de la Matinale "La ruine est une fêlure romantique et spirituelle", selon Mathieu Lours
Mathieu Lours, historien de l'architecture religieuse, retrace l'histoire des églises en ruine, symboles de la mémoire collective.
DR DR

Le 15 avril 2019 au soir, des flammes ont ravagé la cathédrale de Notre-Dame à Paris. Un événement marquant pour Mathieu Lours, historien de l’architecture religieuse, qui a publié "Églises en ruine - Des invasions barbare à l'incendie de Notre-Dame" (éd. Cerf). Il a découvert l’édifice en ruines. "Il y a ce moment où je me suis trouvé derrière le maître-autel et j’ai vu les tours par la voûte crevée", raconte-t-il. 

Les ruines peuvent sembler sombres, tristes et dramatiques. Elles ont aussi une forme d'esthétisme selon Mathieu Lours. "La ruine c’est beau, c’est une espèce de fêlure romantique, spirituelle. La lumière extérieure devient la lumière intérieure", affirme l’écrivain.

Mais dans la ruine, il y a aussi une approche spirituelle. Selon Mathieu Lours, "on est toujours dans cette tension : on se demande pourquoi c’est détruit et pourquoi le Seigneur a abandonné cet endroit, pourquoi il n’y a pas eu de reconstruction. Tout dépend si on est dans une lecture providentialiste ou historique mais cela interroge"

QUE DEVIENNENT LES ÉGLISES EN RUINE ?

Souvent, l'église est laissée en ruine, car le village autour a disparu. Mais parfois, elles sont en ruine après avoir été détruites, pendant la guerre par exemple. "Il y a une fonction mémorielle", explique Mathieu Lours en prenant l’exemple de l’église d’Ablain-Saint-Nazaire (Pas-de-Calais), laissée telle quelle en guise de mémorial.

Dans des pays autrefois chrétiens, certaines églises ont aussi été laissées à l'abandon. Et cela leur donne un sens particulier : "pour nous chrétiens, ça interroge sur la notion de chrétienté. Les territoires ne sont pas éternellement chrétiens. Il faut voir qu’il y a eu dans ces églises le choc civilisationnel mais aussi le bouleversement urbain. Tout cela se conjugue et l’on procède à une relecture", explique l'écrivain. 

Faut-il conserver ou effacer ces édifices du passé ? "Tout dépend du processus de résilience en cours”, assure l’historien. “Si le vestige n’a plus de sens, le vestige part à l’abandon. Les ruines sont une figure du transitoire", affirme Mathieu Lours.

LES ÉGLISES SONT LE FRUIT DES CULTURES

Si l’on n’est pas touché par la dimension spirituelle des églises, on peut apprendre énormément en les visitant selon Mathieu Lours. "Il y a eu une intelligence des artistes pour travailler des œuvres qui ont des accroches multiples. Moi je crois beaucoup à cette pédagogie. Les églises ont été le fruit de la spiritualité chrétienne mais aussi des cultures", conclut-il. 

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