Ce forum accueille à partir du jeudi 28 mars et pour quatre jours dans différents lieux de la ville, des spécialistes reconnus mais aussi des témoins autour de cette question "la religion, à quoi ça sert ?". A un moment où les tenants d’une laïcité réductrice ont le vent en poupe, ce rendez-vous strasbourgeois a la particularité d’avoir été pensé et organisé par des collectivités territoriales et une université publique comprenant des facultés de théologie catholique et protestante. Un esprit concordataire qui se veut constructif comme l'explique Nicolas Matt, conseiller municipal de Strasbourg, adjoint au maire chargé des Cultes.
Aujourd’hui encore, nombre de Français pensent que la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat refoule la religion dans la sphère privée. C’est pourquoi ce forum entend réinterroger la définition même de la laïcité, qui est aujourd’hui, au cœur de nombreux débats de société. Or, le fait religieux, qu’on le veuille ou on, fait parti intégrante de l’espace public. De ce fait, les politiques et les collectivités territoriales doivent s’en saisir avec intelligence. C'est ce que rappelle le Père Michel Deneken, théologien, préside l’Université de Strasbourg.
Hasard du calendrier, la Fondation Jean Jaurès, think tank proche du parti socialiste, vient de publier une étude de l’IFOP sur la perception de la laïcité par les Français. Et le résultat se révèle plein de paradoxe. En effet, 80 à 90% des personnes interrogées se déclarent attachées à la loi de 1905 et affirment qu’il faut la conserver telle qu’elle. Mais dans le même temps, 74% estiment que cette laïcité est en danger du fait de la monté des intégrismes ou radicalismes au sein des religions mais aussi de la trop grande place laissés aux signes ou manifestations religieuses dans l’espace public. Et de réclamer un durcissement de la laïcité. Pendant ce temps, le gouvernement planche sur une révision ou un toilettage de la loi. Alors que la réforme a été reportée après l’été, Philippe Portier, directeur à l’École pratique des hautes études, titulaire de la Chaire "Histoire et sociologie des laïcités", explique en quoi elle pourrait consister.
Au cours du Forum de Strasbourg, l’accent va être mis sur le dialogue, mais aussi sur la connaissance mutuelle. Cela passe au quotidien et dans chaque diocèse, académie ou département par des temps de rencontre et de partage mais aussi par des temps de formation. C’est ce sur quoi insiste Abdelhaq Nabaoui,président du Conseil du Culte musulman d’Alsace.
Depuis que l’idée a été émise au début des années 90, puis relancée par le rapport Debré de 2004, l’enseignement du fait religieux à l’école fait débat. Selon les établissements ou les professeurs, il est plus ou moins appliqué. Les plus laïcistes y voient une intrusion du religieux dans la sphère laïque de l'éducation. Pourtant, rendre possible la transmission des cultures et de l’histoire religieuse est indispensable pour faire société estime Philippe Portier. Il avance ainsi deux raisons majeures.
Autant de questions qui seront développées et débattues à l’occasion de ce prmeier Forum des Religions à Strasbourg. La ville propose depuis cinq ans un calendrier présentant les grandes fêtes de huit religions. Elle organise aussi chaque année dans différents lieux de cultes, le Festival Sacrées Journées proposant des musiques des différentes traditions religieuses.
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