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La puissance de "l'interconvictionnel"

Un article rédigé par Anne Plouy - RCF, le 7 novembre 2022 - Modifié le 7 novembre 2022

À la suite de l’épisode de Floraine de la semaine dernière, nous rappelant d’éviter de nous replier sur nous même, je vous propose de vous démontrer la puissance de l’interconvictionnel pour créer une société où on a tous et toutes une place. Alors pourquoi avec cette partie d’identité qui est la conviction religieuse ou spirituelle, on a l’impression que cela ne mène qu’au conflit ?

Anne Plouy ©DRAnne Plouy ©DR

Les convictions religieuses ou spirituelles trop liées à l’intime ?

 

C’est une partie d’identité qui est vraiment liée à l’intime. Et même pour être plus précise, c’est une partie de nous qui est autant héritée, que choisis.

Ainsi, on est tous et toutes plus ou moins persuadé que c’est une partie de nous qui peut être complètement choisie et donc rapidement, on peut se dire que comme on l’a choisi, les autres peuvent faire l’effort de choisir comme nous la voie la plus sensée, etc.

 

En réalité, la conviction spirituelle est quelque chose qui se développe sur le temps long et

quand on y pense bien, on se rend vite compte qu’on ne peut pas vraiment la changer pour faire plaisir ou par confort. Ce sont des intuitions profondes, liées à des questions encore plus profondes, qui touchent à l’essence même de notre existence, au sens même de notre existence et à notre conscience.

 

La place de l’outil interconvictionnel ?

 

L’interconvictionnel c’est le mot utilisé pour désigner le dialogue et les pratiques de construction de la paix utilisant comme levier l’acceptation que nous avons des foies et religions diverses et même divergentes. Et juste pour le distinguer du terme interreligieux, le terme interconvictionnel a émergé il y a une vingtaine d'années et permet d’ouvrir un dialogue plus largement qu’entre groupes religieux organisés et reconnaît l’existence de spiritualité au-delà des institutions religieuses.

 

L’interconvictionnel c’est l’outil qui permet de poser les points communs et les points de

désaccords entre deux personnes ayant des convictions religieuses et spirituelles différentes. C’est un outil qui demande donc beaucoup de rigueur et de sincérité, tout autant que de l’écoute active. En effet, il ne faut pas se leurrer, entre par exemple une chrétienne et un musulman, il y a des choses sur lesquels ils ne seront jamais d’accord. C’est donc un outil qui accepte, dès le départ, qu’on doit bâtir du commun sur des désaccords intimes et profonds.

 

Quel apprentissage peut-on en retirer ?

 

Je vous invite chacun et chacune à rejoindre un groupe ou une association interconvictionnelle pour vivre l’expérience qui va vous transformer, car c’est d’abord quelque chose qui se vit.

 

Ensuite, le premier apprentissage que nous observons est la capacité à construire sur des

désaccords, en apprenant sincèrement à être d’accord de ne pas être d’accord. Je parle de désaccord genre d’être convaincue que notre amie musulmane est dans la vérité tout en croyant qu’il n’y a que Jésus qui apporte la vie éternelle.

 

Le deuxième apprentissage donne de la profondeur à notre réflexion. Une autre conviction

religieuse, c'est aussi une autre perspective sur la vie. Cela permet de lutter contre la tentation constante de lire le vécu des autres par le biais de notre propre vécu. Cela permet d’apprendre à penser contre soi-même, pour éviter de se centrer sur ses propres certitudes qui n’appartiennent qu’à notre petit monde.

 

Le troisième apprentissage est de la lutte contre l'obscurantisme et la bêtise. Quand on connaît, on ne peut pas être berné et on peut s’opposer aux mécanismes de haine.

Et finalement, le dernier apprentissage est que le commun, quand il est trouvé, est très puissant. Et bien sûr, je n’allais pas vous dire le contraire, c'est l’objet de toutes nos chroniques depuis des semaines. Ce commun, c'est la construction de relations d’amitié durables, de voisinages sincères, une recherche de la justice, le combat pour devenir ensemble des êtres humains dignes et un rempart contre la haine.

 

Pour conclure, comme le dit Keny Arkana “l'Apocalypse commence dès que l'Homme a perdu son humanité”. Aujourd’hui, je vous invite à construire sur nos différences les plus humaines pour justement éviter ça.

 

 

 

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