Ce jour-là les « 18 compagnons de Pierre Claverie », dont les moines de Tibhirine, seront déclarés bienheureux devant une foule bigarrée et émue : familles et amis de ces 19 religieuses et religieuses, leurs 8 familles religieuses, et bien sûr le peuple de l’Algérie, chrétiens et musulmans ensemble.
Unanimement, tous se sont exprimés pour que la célébration soit en Algérie, à Oran, diocèse de Pierre et Mohamed. Une décision en fidélité à la vie et à la mort de ces 19 vies partagées, témoins d’une fraternité sans frontière, d’un amour qui ne fait pas de différence : pauvres, jeunes en déshérence, femmes en difficultés, personnes handicapées, tous musulmans.
C’est non par fascination de mourir en martyr, mais par fidélité à leurs liens, par passion pour la vie de celles et ceux dont ils avaient fait leur prochain qu’ils décidèrent, librement, follement, mais de la folie d’aimer et non de détruire, de demeurer là où la suite du Christ les avait conduits, en cette décennie noire des années 1990 de la guerre civile où 200 000 Algériens ont laissé leur vie.
Aussi, à travers eux, n’en déplaise peut-être à certains esprits ronchons et chafouins, se rassemblent en un même hommage toutes les femmes et les hommes, « ils sont des milliers, qui n’ont pas craint eux non plus de risquer leur vie en fidélité à leur foi en Dieu, en leur pays, et en fidélité à leur conscience. Parmi eux, les 99 imams qui ont perdu la vie pour avoir refusé de justifier la violence. Mais aussi les intellectuels […] mais aussi les milliers de pères et mères de famille, humbles anonymes, qui ont refusé d’obéir aux ordres des groupes armés. » Déclaration des évêques d’Algérie, janvier dernier lors de l’annonce de la béatification.
« Où sommes-nous chez nous ? écrit Pierre Claverie quelque temps avant d’être assassiné. Nous sommes là-bas à cause de ce Messie crucifié. À cause de rien d’autre et de personne d’autre ! Nous n’avons aucun intérêt à sauver, aucune influence à maintenir. Nous n’avons aucun pouvoir, mais nous sommes là comme au chevet d’un ami. »
Alors oui, en ce 8 décembre, Oran sera le cœur de l’Église universelle, fête de la lumière de la Vierge Marie, car l’amitié est lumière, car l’humilité et la simplicité de ces sœurs et frères sont une vraie lumière qui fait signe vers le Christ, ami pour tous.
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