"La fille au bracelet'
"La fille au bracelet" on la voit sur l’affiche, c’est une jeune fille, sur fond rouge, dans le box d’un tribunal. Elle s’appelle Lise, elle a 16 ans et elle est accusée du meurtre de sa meilleure amie.
Dans un court prologue au film, on assiste, vue de loin, à l’arrestation de Lise, lors d’une banale sortie familiale sur une plage ensoleillée, apparemment sans heurts ni aucune résistance.
Puis, après une longue ellipse de deux ans dont on ne saura rien, le film va suivre l’intégralité du procès.
Avec deux partis-pris forts : celui d’adopter le point de vue des parents de Lise, joués par Roschdy Zem et Chiara Mastroianni. Et le second, de ne montrer aucun flash-back sur le crime.
On découvre donc les évènements, uniquement par le biais des témoignages et des interrogatoires. Ce qui laisse une large part à l’imaginaire.
Alors on a tous en tête quelques références marquantes comme « Douze hommes en colère » ou comme « La Vérité » de Clouzot.
Mais le réalisateur a voulu un film très contemporain, il filme d’ailleurs à l’intérieur même du Palais de Justice de Nantes, dessiné par l’architecte Jean Nouvel.
Et ce qui l’intéresse, c’est de sonder la profondeur de l’âme humaine, dans une grande épure formelle. Et il arrive à nous captiver avec une caméra fixe, et beaucoup de temps laissé à la parole et aux silences.
Tout comme les jurés, on oscille entre la culpabilité et l’innocence de l’accusée. Tout comme les parents, on aimerait qu’elle se défende plus, ou mieux.
Mais comme le dit son avocate : « que savons-nous des adolescents de 16 ans ? Que savons-nous de leurs amitiés ? de leurs amours ?» Et c’est l’expérience délicate que font les parents de Lise dans ce procès.
QUI INTERPRETE LE ROLE DE L’ACCUSEE ?
C’est une actrice totalement débutante, Mélissa Guers, mais qui a une présence impressionnante à l’écran et une forme d’impassibilité, qui nous laisse libre de toute interprétation.
L’avocate générale elle, est jouée par Anaïs Demoustier. C’est la sœur du réalisateur et c’est la première fois qu’on la voit dans un rôle aussi engagé. On la découvre ici méticuleuse et procédurière.
Rappelons qu’elle concourt pour le César de la meilleure actrice le 28 février prochain pour son rôle dans « Alice et le Maire ».
Et sans dévoiler la fin du film Stéphanie, je voudrais conclure sur un point commun que je vois entre le cinéma et la cour d’assises ! c’est leur capacité à tous les deux à laisser émerger une vérité humaine bien plus complexe et obscure qu’un simple jugement judiciaire.
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