Interconvictionnel : construire une société commune
À la suite de l’épisode de Floraine qui nous donne un très bel exemple du sport comme excuse pour se rencontrer, je voulais discuter avec vous de l’importance de faire des choses ensemble. À Coexister il y a un truc qui nous énerve beaucoup, c’est quand on nous présente comme une association de dialogue.
Y a-t-il une impression de manque d’action ?
Alors oui, c’est ça. Ça n'enlève en rien sur l’importance de se connaître, de l'importance du dialogue, c’est la première étape. Mais une fois qu’on se connaît, ne pas agir dessus n'entraîne pas de véritable changement. En plus, le dialogue, il faut avoir le temps pour ça. On n'a pas tous et toutes le temps ni les moyens de passer une soirée qu’à discuter. Ou encore ça peut paraître un truc d’intello, qui donne l’impression qu’il faudra avoir des connaissances à partager sinon on n'est pas concerné.
Pour vous donner un exemple, j’aime bien utiliser celui de la paix entre la France et l’Allemagne. Personnellement, je viens du nord de la France qui a été très touché par les deux guerres mondiales, j’ai un arrière-grand-père qui vouait une véritable haine aux Allemands. Alors que moi, j’ai appris les guerres tout en ayant le sentiment ancré en moi que c’était un truc du passé et avec une vraie possibilité d’échanger sur le sujet avec des amis allemands. Cela veut dire qu’en deux générations, on était passé d’une haine à une amitié.
Les étapes qui ont permis cette amitié, cette réconciliation profonde, c'est de faire ensemble. Alors oui la première étape est d’avoir un correspondant allemand, mais ensuite, j'ai fait mes études avec des Allemands. Ma ville était jumelée et on organisait des fêtes communes avec une ville allemande, on a fait des voyages, on a installé un projet commun qui est l’union européenne…
C’est quoi exactement faire ensemble ?
Alors déjà, c'est de créer des espaces et des moments où on fait des activités communes. C’est précisément ce dont parlait Floraine, c’est l’étape pour apprendre à construire des projets ensemble. Lors de ces activités, on peut échanger, continuer de dialoguer, mais dans un cadre moins formel. Également, on peut comprendre les réactions et les manières de fonctionner d’une autre personne, qui a une culture, une religion différente en l’expérimentant dans une situation donnée. Cela permet de prendre conscience des différences et du pourquoi de ces différences par l’expérience plus que par la discussion. C’est moins théorique, c’est vécu, c’est attaché aux émotions aussi.
Ensuite, il y a les activités qui permettent de vivre des choses ensembles, d’avoir des souvenirs communs. Passer par des galères, partager des émotions, partager des moments de vie qui sont suspendus dans le temps. Rien de tel pour construire du commun. Quand on est une famille par exemple, il est tellement courant de n’être d’accord sur pas grand-chose, mais d’avoir ce commun si profond qui nous relie à jamais.
La finalité, c'est de construire une société commune ?
Faire ensemble, se créer des espaces pour comprendre l’autre en expérimentant, se créer des moments de vie commune rend beaucoup plus simple le mécanisme de construction commune. Quand on sait comment monter des projets ensemble, ce qui est important par exemple pour chaque conviction religieuse et spirituelle, c’est beaucoup plus simple de réfléchir à comment organiser le vivre ensemble en France. C’est pour cela qu’à Coexister, on dit que plutôt que d’avoir comme objectif le vivre ensemble, on a le faire ensemble. Diversité de convictions, unité dans l’action.
Et pour conclure, comme l’a dit Grand corps malade - Tout seul, je résiste, ensemble on ne craint rien, on progresse, on grandit et putain, on rigole bien, Tout seul je vais vite, ensemble, on va loin. Et je rajouterais même que comme ensemble, on va plus loin, on atteint plus vite ce plus loin donc en fait, on va même plus vite.
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- 7 novembre 2022
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