Intelligence artificielle: l'Europe veut rattraper son retard
âQuelle stratégie européenne face à l'émergence de l’Intelligence artificielle ? Comment se positionner par rapport à la Chine et au Etat-Unis, tout en gardant nos valeurs européennes ? Quelles sauvegardes pour nos données personnelles ? Autant de questions qui vont se poser aujourd’hui à la commission Européenne. Bruxelles lance son grand débat sur l’intelligence artificielle.
Un livre blanc européen sur l'intelligence artificielle
La nouvelle présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen voulait proposer une loi sur l’Intelligence artificielle, 100 jours après sa prise de fonction. Mais l’agenda était un peu court. C’est donc un livre blanc qui doit être présenté aujourd’hui avant de définir des textes législatifs d’ici la fin de l’année.
Le processus est long car il s’agit d’abord de comprendre l’ampleur de l'intelligence artificielle et de ses applications. C’est un secteur très fantasmé. Il faut donc reposer une définition claire. C'est ce qu'explique Laurence Devillers, professeur en intelligence artificielle à l’université Paris-Sorbonne et chercheuse au CNRS.
L'Union européenne veut miser sur l'intelligence artificielle
Si l’intelligence artificielle occupe tant de place dans le débat public, c’est qu’elle est transversale dans la société. Outre la reconnaissance faciale, l’un de ses avatars les plus connus, on la retrouve dans les secteurs de la défense, de l’éducation ou encore de la santé.
Deux enjeux sont à retenir des discussions qui s'ouvrent aujourd’hui à la Commission européenne. Faire de l’Union européenne un espace de référence en matière d’intelligence artificielle tout en restant “attaché à nos valeurs”. Ce sont les mots de Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur. Ces valeurs, c'est notamment la protection des données personnelles.
Le retard de l'Europe dans le domaine
Car l’intelligence artificielle fonctionne avec des bases de données, notamment personnelles, ce qui inquiète certains consommateurs et acteurs de la société civile. Pour le moment, cette utilisation est encadrée par le RGPD, le Règlement général sur la protection des données. C'est ce que rappelle Martin Drago, juriste à la Quadrature du Net, une association qui défend les libertés sur Internet.
Dans une interview accordée aux Echos récemment Thierry Breton déclarait que “les données seront à la base de notre compétitivité et définiront notre politique industrielle future”. Il s’agit bien là d’une ambition de repositionner l’Europe dans un domaine largement dominé par la Chine d’un côté et les Etat-Unis avec les GAFAM de l’autre. L’Europe a un peu raté le premier train de cette révolution. C'est l'analyse de Charles Thibout, chercheur associé à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques.
Un système européen de stockage des données et une réflexion sur la reconnaissance faciale
Pour rendre sa souveraineté à l’Europe et pour gagner cette bataille de l’intelligence artificielle, l’une des piste étudiées est par exemple de mettre en place un espace de stockage européens des données. Thierry Breton veut notamment exploiter les données des entreprises. Car le marché des données personnelles est déjà largement occupé par Google ou Facebook. Un système de label volontaire pour les entreprises qui respectent les règles et les valeurs de l’UE pourrait par exemple être mis en place.
Enfin, au sujet de la reconnaissance faciale, thème controversé, la commissaire européenne en charge du numérique, Margrethe Vestager a affirmé il y a quelques jours que ce qu’elle avait vu en la matière à Hong-Kong l’avait "véritablement effrayée". Pour autant, elle s’est gardée d'appeler à une interdiction totale en Europe, demandant plutôt une réflexion sur ce sujet. Au grand dam d’association comme la Quadrature du Net qui demande son interdiction.
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