Incendies en Australie: un désastre écologique XXL
Notre maison brûle et nous regardons ailleurs", disait déjà Jacques Chirac en 2002. Dix huit ans plus tard, cette phrase fait plus que jamais écho à l’actualité : ces dernières semaines, c’est l’Australie qui brûle, quelques mois seulement après l’Amazonie. Quelques chiffres suffisent à comprendre la gravité de la situation : depuis septembre, les incendies en Australie ont déjà fait 24 victimes, et brûlé près de 8 millions d’hectares de végétation, soit l’équivalent de deux fois la Belgique.
Une intensité inédite
La faute, en grande partie, au réchauffement climatique : l’année qui vient de s’écouler a été la plus chaude et la plus sèche jamais enregistrée en Australie. Et le mois de décembre 2019 a atteint des records de température. C'est ce que rappelle Olivier Proust, prévisionniste à Météo France, sur RCF. La situation ne devrait pas s’améliorer de sitôt puisque l’été vient juste de commencer, là-bas.
L’Australie est pourtant habituée à faire face à des feux, à cette période de l’année. Mais cette fois, l’intensité des incendies est vraiment inédite. Pour faire face à cette crise, le gouvernement a même déployé, lundi, 3.000 réservistes de l’armée sur la côte Est, en plus des pompiers déjà mobilisés. L’objectif est d’abord de circonscrire ces incendies, parce qu’ils sont de toute façon trop forts pour être éteints. C’est ce que confirme d’ailleurs Dominique Morvant, enseignant chercheur à l'Université d'Aix-Marseille, et spécialiste de la physique des feux.
Des conséquences sur la biodiversité
De tels incendies ont des conséquences sur l’écosystème, mais aussi sur la biodiversité australienne, qui est assez singulière. Les chercheurs pensent pour l’instant qu’au minimum 480 millions d’animaux ont été affectés par les feux, depuis septembre. Dans l’Etat de la Nouvelle Galles du Sud, 30% des koalas seraient déjà morts. Mais selon Philippe Grandcolas, directeur de recherche au CNRS et au Muséum d’histoire naturelle de Paris, ces petites peluches sont malheureusement loin d’être les seules victimes.
Ces incendies en Australie rappellent la situation de l’été dernier, en Amazonie. Et ces catastrophes-là, Joëlle Zask les avait justement vu venir, dans un livre qu’elle a écrit en août dernier, et qui s’intitule "Quand la forêt brûle". Dans ce livre, la philosophe étudie ce qu’elle appelle des "méga feux", des incendies hors normes comme ceux qui ravagent actuellement l'Australie. Et elle pose un regard à la fois scientifique et philosophique sur ces événements et finalement sur la relation ambivalente que l’homme entretient avec la nature.
Pour Joëlle Zask, la seule façon d’éviter ces incendies, ce n’est finalement pas de lutter contre eux, mais plutôt de les prévenir. Et cette prévention, elle passe, selon elle, par un retour à des techniques anciennes comme le brûlage dirigé, qui consiste à allumer des feux exprès pour entretenir un espace.
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