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"Il est urgent de revaloriser et reconnaître les métiers du lien", alerte le journaliste Vincent Jarousseau

Un article rédigé par Clara Gabillet - RCF, le 2 novembre 2022 - Modifié le 3 novembre 2022
L'Invité de la MatinaleVincent Jarousseau et "Les femmes du lien"

Elles sont aide-soignante, aide à domicile, assistante maternelle, ou encore auxiliaire de vie sociale. Des travailleuses essentielles pendant la crise sanitaire, aussitôt redevenues invisibles. Le photographe et documentariste Vincent Jarousseau a suivi huit femmes pendant deux ans pour raconter leurs métiers. Il a publié "Les femmes du lien" aux éditions des Arènes. 

Vincent Jarousseau, auteur de "Les femmes du lien" (éd. Les Arènes) © Philippe QuaisseVincent Jarousseau, auteur de "Les femmes du lien" (éd. Les Arènes) © Philippe Quaisse

Elles sont des "architectes du lien". Des femmes surreprésentées dans les professions du social ou médico-social et devenues essentielles pour les personnes en situation de vulnérabilité. "Ce sont des professions qui n’existaient pas il y a 50 ans, raconte Vincent Jarousseau. Ces tâches étaient effectuées bénévolement par ces femmes qui étaient mères de famille. Progressivement, ces fonctions se sont professionnalisées."

 

Le don de soi et l'abnégation

 

Les huit femmes ont en commun un sens très fort du don de soi, explique Vincent Jarousseau. Ainsi qu'un sens des responsabilités très important. "Quand on prend soin des autres on a une responsabilité de tous les instants. Cela nécessite beaucoup d’abnégation." Des qualités qui s'expliquent notamment par leurs parcours de vie, détaillés dans le livre. "Toutes, dans leur enfance, ont été assignées à des tâches domestiques, de soin. Enfants, elles étaient assignées en tant que femmes à s’occuper des autres", explique le journaliste. 

 

Leur travail est difficile, chronophage et faiblement payé. Et pourtant essentiel pour les patients. Mais pas vraiment reconnu dans la société. "Séverine [auxiliaire de vie sociale, NDLR] dit qu'elle ne ressentait pas que les applaudissements étaient pour elle pendant le Covid-19, raconte Vincent Jarousseau. Elles ont pourtant travaillé sans filet, sans masque avec la peur au ventre." Selon le documentariste, si certains élus s'emparent de ces questions, cela reste un sujet secondaire pour beaucoup. 

 

"On aura besoin de ces personnes, qu’on le veuille ou non"

 

C'est le sentiment d'utilité sociale qui les fait rester. "Il n’y a pas de problème de sens dans ce travail, on sait pourquoi on le fait. On tient pour ces raisons mais c’est en train de craquer partout. Il y a aussi des démissions. Le don et l’abnégation ont aussi leurs limites. Il est urgent de revaloriser et reconnaître ces métiers", alerte Vincent Jarousseau. 

 

Il est impératif aussi selon lui de s'intéresser à ces métiers. "On aura besoin de ces personnes, qu’on le veuille ou non", affirme le documentariste. Selon lui, "on n’aime pas voir ce à quoi on est tous destinés, la dépendance". Mais sa conclusion est claire : "Nous serons entre leurs mains"
 

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