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Faut-il commémorer Napoléon ?
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Faut-il commémorer Napoléon ?

Un article rédigé par Florence Gault - RCF,  -  Modifié le 6 mai 2021
Deux siècles, jour pour jour, après sa mort à Saint-Hélène, le président va commémorer le bicentenaire de la mort de Napoléon, héros national mais aussi responsable du retour de l’esclavage.
DR DR

Après avoir commémoré l’année de Gaulle en 2020, Emmanuel Macron s’apprête à célébrer aujourd'hui une autre figure de l’Histoire française : Napoléon. Une personnalité tout aussi appréciée des Français mais moins consensuelle. De nombreuses voix s'élèvent pour dénoncer la participation du président à cette commémoration, qui va à l'encontre du choix fait par certains de ses prédécesseurs. Par exemple, Jacques Chirac n'avait pas participé à la célébration du bicentenaire de la victoire d'Austerlitz en 2005.

Regarder l'histoire en face

Mais, selon l’Elysée, Emmanuel Macron veut "regarder en face" cet "être complexe" qu'était Napoléon. L’historien Jean Garrigues, président du comité d’histoire parlementaire, estime que "les historiens ont montré qu’il y a des zones d’ombre et de lumière dans le règne de Napoléon et qu’il n’aurait pas été possible d’organiser une commémoration sans montrer les aspects négatifs du règne de Napoléon".

Car Napoléon est un personnage contesté de l'Histoire de France pour son action durant la quinzaine d'années où il a exercé le pouvoir, entre 1799 et 1815. Il reste dans les mémoires comme un chef de guerre qui a sacrifié la vie de centaines de milliers d'hommes lors de ses nombreuses campagnes militaires. Et celui qui a restauré en 1802 l’esclavage, qui avait été aboli en 1794 par la Révolution. Pour les défenseurs de l’héritage napoléonien, comme Thierry Lentz, le directeur de la fondation Napoléon, cela s’explique par des raisons politiques, géopolitiques et économiques. Et non par le racisme ou le racialisme qui sont, selon lui, postérieurs à Napoléon. 

Mais certaines voix s’élèvent, notamment du côté de certains politiques des Antilles ou d’associations pour ne pas célébrer Napoléon. Dominique Taffin, directrice de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, quant à elle, estime qu’il est tout à fait possible de commémorer sans célébrer. En n’oubliant aucun pan de l’Histoire, "même si cette histoire est moins glorieuse, et plus difficile à appréhender", explique-t-elle. 

Le paradoxe Napoléon

Critiqué voire détesté, Napoléon est en même temps la deuxième personnalité historique préférée des Français, après le général de Gaulle. Il est notamment célébré comme le dirigeant visionnaire ayant posé les bases de l'État moderne avec le Code civil, promulgué en 1804, la préfectorale, les grands corps ou encore les grandes écoles. 

Aucune autre figure historique n'a fait couler autant d'encre : on dit qu’il y aurait près de 85.000 livres qui lui sont consacrés. Et pour Natalie Petiteau, professeur d’histoire contemporaine, il y a sans doute un récit à reconstruire, car "ce qui fait le succès de Napoléon, c’est qu’il peut être l’objet de plusieurs lectures". Avant de se rendre aux Invalides, Emmanuel Macron participera ce mercredi après-midi à une cérémonie à l'Institut de France avec des académiciens et des lycéens. Il devrait y prononcer un discours, dans lequel il affirmera que le rétablissement de l'esclavage a été "une abomination". Un sujet sur lequel il devrait à nouveau s'exprimer le 10 mai pour le 20è anniversaire de la loi Taubira reconnaissant "la traite négrière et l'esclavage".

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Le dossier de la rédaction © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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