EVANGILE DU 5 JANVIER DAVID BUICK
Dans ce récit de la multiplication des pains, nous sommes inéluctablement attirés per
les résultats spectaculaires du miracle : cinq mille hommes nourris, sans compter les
femmes et les enfants, tout cela à partir de cinq pains et deux poissons.
Quoi de plus naturel alors que de vouloir trouver la recette : la formule magique qui
nous permettrait d’obtenir ces mêmes effets ? Or, c’est la seule partie du récit qui
nous échappe. Tout ce que nous savons du laps de temps entre le moment où le Christ
prend les aliments du départ et le moment où il les redonne aux disciples pour les
distribuer, c’est qu’il prononce la bénédiction et rompt les pains. L’élément
miraculeux lui-même demeure littéralement entre ses mains ; nous ne savons pas ce
qui s’y est passé. Notre curiosité reste entière, telle est la nature humaine ; mais si
rien ne nous est dit de cette mystérieuse multiplication, c’est sans doute que les leçons
à en retirer sont ailleurs. Essayons donc de mettre de côté le mystère de la mécanique
du miraculeux, mystère que nous ne pénétrerons jamais, et de considérer des
éléments de contexte qui sont à portée de main – de nos mains.
Si le besoin de ce miracle est apparu, au départ c’est parce que Jésus a été ému de
compassion pour les foules. C’est ému de compassion qu’il a pris tout ce temps avec
eux. Cherchons-nous des miracles de la part Dieu ? Sachons qu’ils ont tendance à se
produire non pas pour faire valoir un point de vue, ni pour faire avancer nos objectifs,
ni pour nous donner gain de cause, mais nourris par un élan d’humanité et de
bienveillance.
Dans ce récit, le miracle n’a pas lieu sous fond d’ésotérisme ou d’hystérie, ni même
de grande faste religieuse, mais lors d’un enseignement, dans une ambiance somme
toute assez banale. Les vrais miracles ne sont pas divorcés de la rationalité ; ils n’ont
pas besoin de mise en scène : si miracles il y en a, c’est dans notre quotidien que
nous les retrouverons.
De même, la présence du fait miraculeux n’exclut pas le besoin d’organisation : il a
bien fallu faire asseoir les gens par groupes de cent et de cinquante. Croire au
miracles, cela ne dispense pas du besoin de travailler de façon responsable et de
rendre compte de ses actions.
Et enfin, si le cœur du miracle reste entre les mains du Christ, rien ne se fera sans
l’engagement de ceux qui le suivent. Les disciples auraient voulu que Jésus gère seul
le problème de la foule affamée, mais il leur renvoie la balle : « donnez-leur vous-
mêmes à manger ». Enumérer tout ce que les autres devraient faire pour résoudre les
problèmes qui nous entourent, c’est facile ; c’est aussi se dégager de toute
responsabilité. Si la réponse du Christ est un moyen de faire reconnaître aux disciples
leur incompétence face au défi, c’est aussi une invitation pour qu’ils se lèvent, même
avec leur peu de moyens, de faire leur possible, et cela faisant, de créer un contexte
dans lequel Dieu peut agir en multipliant les moyens qui lui sont confiés, comme lui
seul sait le faire.
Mc 6, 34-44
En ce temps-là, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux,
parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner
longuement. Déjà l’heure était avancée ; s’étant approchés de lui, ses disciples
disaient : « L’endroit est désert et déjà l’heure est tardive. Renvoie-les : qu’ils aillent
dans les campagnes et les villages des environs s’acheter de quoi manger. » Il leur
répondit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils répliquent : « Irons-nous
dépenser le salaire de deux cents journées pour acheter des pains et leur donner à
manger ? » Jésus leur demande : « Combien de pains avez-vous ? Allez voir. »
S’étant informés, ils lui disent : « Cinq, et deux poissons. » Il leur ordonna de les
faire tous asseoir par groupes sur l’herbe verte. Ils se disposèrent par carrés de cent
et de cinquante. Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au
ciel, il prononça la bénédiction et rompit les pains ; il les donnait aux disciples pour
qu’ils les distribuent à la foule. Il partagea aussi les deux poissons entre eux tous.
Ils mangèrent tous et ils furent rassasiés. Et l’on ramassa les morceaux de pain qui
restaient, de quoi remplir douze paniers, ainsi que les restes des poissons. Ceux qui
avaient mangé les pains étaient au nombre de cinq mille hommes.
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