D’ailleurs le verbe « éduquer » n’est entré dans le Dictionnaire de l’Académie que dans la septième édition, en 1878, ainsi défini : « Éduquer. Élever des enfants, faire leur éducation. Il est populaire ». Aussi surprenant que cela paraisse jusqu’à la fin du XIXe siècle, le verbe « éduquer » n’était pas apprécié. contrairement au mot « éducation » dont voici la définition en 1694 : « Soin qu’on prend de l’instruction des enfants, soit en ce qui regarde les exercices de l’esprit, soit en ce qui regarde les exercices du corps » Avec des exemples explicites. « Bonne éducation, mauvaise éducation. […] Prendre soin de l’éducation des enfants. Il se sent bien de la bonne éducation qu’il a eue ». Alors d’où viennent les deux mots ? Du latin educatio qui désignait le fait d’élever des animaux, des plantes, d’où, on le comprend, une certaine réticence pour le verbe éduquer, en vérité longtemps jamais totalement encore relié au sens horticole ou animal. Au départ, il y a le verbe ducere tirer à soi, guider, et avec son préfixe e-ducere, tirer en dehors et donc élever une plante, un animal ou un enfant. Le mot noble était plutôt élever. De fait, point de verbe éduquer dans les dictionnaires du XVIIe alors que l’éducation est définie par Furetière comme le soin pris « d’élever, de nourrir des enfants », et le mot va s’amplifier du côté du second sens : « le soin qu’on prend de leur cultiver l’esprit. En fait Littré, en 1863, présente le verbe « éduquer » comme un néologisme, un mot nouveau.
Eh bien oui, il dit qu’il est correct et qu’il faut l’employer. Et il établit la distinction entre instruction et éducation : « L’instruction, écrit-il, est relative à l’esprit et s’entend des connaissances que l’on acquiert et par lesquelles on devient habile et savant. L’éducation est relative à la fois au cœur et à l’esprit, et s’entend et des connaissances que l’on fait acquérir et des directions morales que l’on donne aux sentiments. » Belle distinction ! Evidemment les verbicrucistes de leur côté vont au plus court : Education, code civil disent-il. Eh bien oui être civil. En un seul mot bien sûr ! Ayons de l’éducation, tout de même !
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