Don Paul Doat : le Mont-Saint-Michel est "encore" un lieu spirituel
En déplacement au Mont-Saint-Michel ce lundi, Emmanuel Macron doit prononcer un discours autour du symbole de résilience et de résistance que le Mont a représenté à travers les époques. Pour les prêtres et religieux qui vivent sur place, comme Don Paul Doat, l'enjeu est de rappeler aux plus de deux millions de touristes par an que le Mont-Saint-Michel est "encore" un lieu "de prière", un lieu "spirituel".
En 2023, le Mont-Saint-Michel célèbre un millénaire, celui du début de la reconstruction de l'abbatiale romaine en 1023 par Hildebert II. L’occasion pour Emmanuel Macron de poursuivre son itinéraire mémoriel après son passage à Lyon sur les traces de Jean Moulin le 8 mai dernier. Le Mont-Saint-Michel est pour les hommes politiques un lieu de passage obligé. Faisant presque oublier que ce lieu, l’un des premiers sites français à avoir été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, abrite encore une vie de prière et d'accueil des pèlerins.
Rappeler aux touristes que le Mont-Saint-Michel est "encore un lieu de prière"
La communauté Saint-Martin a en commun avec les Fraternités monastiques de Jérusalem d’avoir la mission d’accueillir les pèlerins et visiteurs du Mont-Saint-Michel. Si les moines sont présents à l’abbaye du Mont-Saint-Michel, les prêtres de Saint-Marin occupent la petite église Saint-Pierre, située à mi-hauteur, sur le côté ouest du Mont.
Avec 2,8 millions de touristes l’an dernier, le Mont-Saint-Michel est le monument en dehors de l’Île-de-France le plus visité de l’Hexagone. Il attire des touristes aux profils variés : "On a vraiment toutes les couleurs de l’arc-en-ciel !" note Don Pierre Doat, prêtre de la communauté Saint-Martin et chapelain du sanctuaire. Qu’ils soient attirés par "les vieilles pierres", par "une recherche spirituelle pas très, très formalisée" ou pour un pèlerinage, les visiteurs du Mont sont aussi nombreux que divers. "Le défi de cette pastorale c’est qu’il faut s’adapter tout le temps aux profils des gens qui viennent."
Et leur rappeler que le Mont est "encore un lieu spirituel", ce que certains découvrent, observe le chapelain. À charge donc pour les prêtres de Saint-Martin de témoigner auprès de ces personnes. Or, "ce n’est pas forcément facile de convaincre les gens qu’on a quelque chose à leur dire s’ils n’ont pas envie de l’entendre", a pu constater Don Pierre Doat. Plutôt qu'adresser directement un message aux visiteurs, mieux vaut s’adresser aux pèlerins, en public : un moyen détourné "pour que les touristes, en voyant les pèlerins, se rendent compte ce que lieu est encore un lieu de prière, un lieu marqué par l’Évangile". Récemment, Pierre Doat en a fait l’expérience : "Je parlais à 30 pèlerins américains, raconte-t-il, à la fin du topo, il y avait 80 personnes, 50 se sont ajoutés pour écouter ce que je disais !"
La statue de saint Michel, joyau de l'église Saint-Pierre
Si les visiteurs viennent jusqu’à l’église Saint-Pierre, c’est surtout pour sa célèbre statue de saint Michel. C’est d’ailleurs l’autre aspect de la mission confiée à la communauté Saint-Martin : enseigner et diffuser "la doctrine de l’Église sur les anges, le combat spirituel et le rôle de saint Michel dans la vie chrétienne". Une fois entrés dans cette toute petite église, les visiteurs se trouvent dans un endroit frais - donnée non négligeable en plein été, un lieu calme, propice au recueillement. Un lieu aussi de gratuité - "où que vous alliez sur le Mont-Saint-Michel, on va solliciter votre portefeuille", souligne en contraste Don Pierre Doat.
En plus des célébrations, des temps de prière ou des rencontres avec les pèlerins, les visiteurs découvrent que l’on peut se confesser. Il arrive que "des gens qui ne se sont pas confessés depuis très longtemps se disent que c’est peut-être le moment de faire la paix avec le Seigneur". Ils "profitent" donc "de cette opportunité alors qu’ils ne se sont pas confessés depuis 5 ans, 10 ans, 15 ans, 20 ans… ça c’est assez marquant aussi !"
Une fois la marée des touristes repartie, le calme et la sérénité reviennent sur le Mont. "Je goute cette tranquillité dès que les touristes commencent à repartir", confie le chapelain. Le conseil pour en profiter ? Venir au Mont avant 10 heures le matin et y reste après 17 heures le soit. "Un lieu qui change totalement de visage !"
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