Domicile

On part d’une racine indo-européenne, avant le latin et le grec donc, qui était dem, dem voulant dire en gros « construire », d’où le latin domus, la maison, et « domicilium », la maison où on habite. Mais aussi d’autres mots auxquels on ne pense pas forcément, le « dôme » d’un bâtiment par exemple ou encore le mot « domestique ». Le « domicile » fait son entrée en langue française en 1326, avec le sens actuel. Et en vérité, par rapport à la maison qui a quelque chose d’affectif, le « domicile » est selon la formule même de Furetière, en 1690, un « terme de pratique », ce qui voulait dire un terme juridique. Et voilà ce qu’il explique : domicile « se dit de la maison où quelqu’un habite ou de celle qu’il a choisie » et la loi « veut qu’en tous les contrats … on fasse une élection de domicile, c’est-à-dire qu’on marque un lieu où on se puisse adresser en exécution de l’acte ». Et de préciser que « le domicile s’établit par une demeure d’an & jour. » Enfin, vient un commentaire qui laisse rêveur, à propos des personnes ayant un domicile, dites « domicilée ». « On ne doit pas décréter si légèrement, écrit-il, contre un homme domicilié que contre un vagabond & un homme sans aveu ». Rappelons qu’un aveu était au Moyen Âge un écrit liant le vassal à son seigneur, et être sans aveu, c’était n’être protégé par personne, d’où l’expression d’homme sans aveu. À y réfléchir proche de « sans logis, sans abri » repris au XIXe par l’expression « sans domicile » puis au XXe « sans domicile fixe ».
De fait, Buffon disait que les renards étaient des animaux « domicilié », car ils avaient une tanière fixe où se replier. Bon, en ce moment on peut aussi envier les tortues : elles sont confinées dans leur maison, mais elles peuvent se déplacer ! Ce sont les championnes du confinement. Toutes catégories confondues.
