Partager

Dîner

RCF,  -  Modifié le 9 avril 2018
À l’occasion de la réception organisée par la Conférence des Évêques de France aux Bernardins, Jean Pruvost a choisi de radiographier le mot "diner".
Pascal Hausherr Pascal Hausherr

Le mot même de « diner » n’est pas sans avoir changé de sens au cours de l’histoire et c’est ce qui va nous intéresser. Et en tout premier lieu, vient la première question : d’où vient ce mot ? L’origine en est le latin populaire « disjunare », signifiant, et c’est là la surprise, « rompre le jeûne ». Voilà qui en fin de soirée peut paraître bizarre. Sauf si on rappelle qu’initialement, lorsque le mot est entré en langue française, à la fin du XIe siècle, il signifiait « prendre le repas du matin ».

Mais alors d’où vient le mot « déjeuner » ? Et là on découvre que c’est la même origine : le latin « disjunare », tout d’abord « disjejunare », de même sens bien sûr, « rompre le jeûne », passé en langue française à la fin du XIIe siècle. De fait la première définition du mot déjeuner en 1680, dans le Dictionnaire françois de Richelet, notre premier dictionnaire monolingue, français-français, peut surprendre : « Déjeûné » alors orthographié avec e accent aigu : « Petit repas fort léger qu’on fait le matin en attendant le dîné. » En fait c’est que nous appellerions le petit déjeuner. Cela étant au verbe déjeuner, on est presque interloqué par les formules adoptées : « Déjeuner. Manger et boire quelques coups le matin en attendant le dîné ». Ces quelques coups laissent sous-entendre du vin, mais pas forcément… Cela étant, l’exemple, déjeuner d’une tranche de jambon, nous rappelle qu’on en a perdu l’habitude pendant que nos amis anglais ne sauraient se passer de leur tranche de bacon.

Consultons maintenant le mot dîner, tout de suite après le mot dindonneau d’ailleurs. Quelle définition en est donnée ? « C’est, déclare Richelet, manger du bouilli & autre viande, sur le milieu du jour. » Et l’exemple offert est vraiment savoureux : « Nous avons dîné d’une bonne longe de veau de rivière avec un potage succulent. »

Mais alors si le dîner était au XVIIe s. pris à midi, quel était le mot pour le soir ? Vous l’avez deviné, il s’agit du « souper ». « C’est le repas qu’on fait sur le soir, ou au soir » précise Richelet. Je reste cependant perplexe sur l’exemple qu’il donne : « Après le souper, ou après soupé, il ne faut songer qu’à se divertir doucement ». Pas trop tout de même, c’est qu’il y a une chronique à écrire pour le lendemain matin. Finalement, pour nos évêques on préfère ce mot de dîner qui prit la place du souper à la fin du XVIIIe, un dîner, voire un dîner de travail, c’est plus sérieux tout de même !

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

  • Ce don ne me coûte que 0.00 € après déduction fiscale

  • 80

    Ce don ne me coûte que 27.20 € après déduction fiscale

  • 100

    Ce don ne me coûte que 34.00 € après déduction fiscale

Faire un don