Crise climatique : la méfiance des scientifiques envers la classe politique
Dans une tribune publiée le 18 avril 2024 dans le journal Le Monde, un collectif de 260 scientifiques dénonce la course à la lenteur et la déconnexion du gouvernement face à l'urgence climatique. Les scientifiques expriment aussi la défiance que cette attitude développe dans leur communauté. Une émission Je pense donc j’agis présentée par Anne Kerléo et Melchior Gormand.
"Une défiance grandissante s'installe dans notre communauté scientifique vis-à-vis du pouvoir politique". C’est ce qu’ont écrit 260 scientifiques dans une tribune parue le 18 avril 2024 dans le journal Le Monde. Ils dénoncent la lenteur et l'inaction de la classe politique face à l’urgence environnementale due à la surexploitation des ressources naturelles.
Qu'expliquent les scientifiques dans cette tribune ?
"À force de désillusions, nous prenons l’habitude de nous méfier". Les scientifiques ayant participé à la rédaction de la tribune pour Le Monde, évoquent ainsi la méfiance que l’inaction du gouvernement a instauré au sein de leur communauté. Ils rappellent que "depuis des décennies, [leur] communauté travaille à identifier et alerter la société sur les dangers que nous encourons", que le pouvoir politique "traîne la patte" et n'agit pas à la hauteur de l'urgence.
Certaines initiatives ont pourtant suscité l'espoir : c'est le cas de la convention citoyenne sur le climat, avec ses 149 propositions. Mais "il y a eu un non-respect par le président de la République des engagements pris, des propositions ignorées ou amoindries et une loi climat et résilience qui n’est pas à la hauteur, ni du défi à relever, ni des engagements initiaux”.
La communauté scientifique rappelle une nouvelle fois que les activités humaines et l'inaction du gouvernement causent le réchauffement climatique, l'acidification des océans, la désoxygénation, des déchets plastiques, la pollution et l'exploitation des ressources minières ou vivantes.
Que proposent-ils ?
La communauté scientifique n'abandonne pas ! Malgré un certain manque de soutien des instances politiques, les 260 experts proposent trois actions simples qui pourraient améliorer la situation :
- relancer une loi climat, porteuse de l’esprit de la convention citoyenne, avec des mesures sérieuses et une grande ambition.
- assurer aux aires maritimes protégées françaises le niveau élevé de protection recommandé par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui pourrait commencer par arrêter de défendre le chalutage intensif.
- modifier la classification des plastiques en les intégrant aux entités dangereuses.
Que penser de cette tribune ?
Dans le cadre de l’émission Je pense donc j’agis, Alexandre Poidatz, l’un des cofondateurs du collectif Lutte et contemplation, Florence Gault, journaliste indépendante spécialisée sur les enjeux de transition écologique et Philippe Vion-Dury, le cofondateur de Fracas, partagent leur avis sur cette tribune.
Philippe Vion-Dury considère “qu’il y a une vraie scission entre la communauté scientifique et le pouvoir politique” et que cet éloignement s’aggrave avec le temps.
Alexandre Poidatz souligne que "ces initiatives des scientifiques ne sont pas rares, mais tout de même de plus en plus virulentes et insistantes”. Le fait que les scientifiques ne soient pas entendus le questionne : "je ne sais pas ce qui se passe dans la tête de nos politiques”.
Florence Gault explique que pourtant, "les scientifiques se rendent très disponibles pour les médias et les journalistes, cela rentre presque dans leur fiche de missions". La productrice du podcast En un battement d'aile confirme ainsi que la politique n'écoute pas suffisamment la parole de la communauté scientifique, qui pourrait pourtant se rendre très utile.
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