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Couronnement de Charles III : un sacre religieux, politique et symbolique

Couronnement de Charles III : un sacre religieux, politique et symbolique

Un article rédigé par Amaury Perrin - RCF, le 3 mai 2023  -  Modifié le 17 juillet 2023
Je pense donc j'agis Couronnement de Charles III : un sacre religieux, politique et symbolique

Le couronnement de Charles III aura lieu ce samedi 6 mai 2023 pour officialiser son rôle de monarque et de chef de l’Église anglicane. La liturgie du sacre semble avoir été élaborée entre respect des traditions et modernité, démontrant une certaine volonté d’évolution de la part de la monarchie. Retour sur cet événement sacré qui suscite un intérêt particulier en dehors de l'Église.

Le roi Charles III, alors prince en 2016 © Eric Beracassat / Hans Lucas Le roi Charles III, alors prince en 2016 © Eric Beracassat / Hans Lucas

Le sacre tant attendu de Charles III se tiendra à l’abbaye de Westminster devant 2 000 invités et sera suivi par des millions - voire milliards - de téléspectateurs. Cet évènement est avant tout un grand moment religieux, mais reste politique et symbolique aux yeux des Anglais et du monde ; d’autant plus après les 70 ans de règne d'Elizabeth II. 

 

 

Charles III, le monarque "défenseur de toutes les croyances"

 

"Beaucoup demandent à ce que la Grande-Bretagne se modernise sur les questions religieuses", confie Rémy Bethmont, professeur d’histoire et de civilisation britannique. Le fait d’avoir une Église d'État reste assez apprécié, même par les autres religions présentes dans le pays. "Elles voudraient juste être aussi représentées à la chambre des Lords où siègent 26 évêques", explique Rémy Bethmont. Charles III a donc invité des représentants de plusieurs religions à participer à son sacre, ainsi que des femmes évêques, ce qui est une première pour un couronnement.

 

Au Royaume-Uni, contrairement à la France, la religion a une véritable place dans l’espace public et peut s’y exprimer librement. Cela vient notamment du fait que le souverain reçoive l’onction et se voie confier la Bible anglicane lors de son sacre. "Et ça ne se limite pas qu’au souverain", précise Rémy Bethmont. En effet, la Grande-Bretagne ayant une religion d’État, cela implique une certaine liberté religieuse des citoyens. 

 

Ainsi, "la cérémonie d’investiture est pleine d’emblèmes bibliques", explique Hans Ausloos, professeur d’étude biblique à l’Université catholique de Louvain, en Belgique et spécialiste de l'Ancien Testament. Selon les textes, les premiers rois d’Israël ont reçu l’onction, tout comme le Christ, et cette onction est aussi le don de l’esprit sain. "Dès son premier discours, Charles III disait que sa foi est ancrée dans la religion anglicane", indique Hans Ausloos. 

 

 

Être roi d’Angleterre, un rôle apolitique ?

 

Des dirigeants politiques du monde entier ont été conviés au couronnement. "Le lien religion-politique existe de fait", estime Philippe Chassaigne, professeur d'histoire contemporaine à l'Université Bordeaux-Montaigne et spécialiste de la Grande-Bretagne. En effet, le roi d’Angleterre est une figure religieuse et possède une certaine influence politique, tant au Royaume-Uni que sur la scène internationale, puisque le monarque ouvre chaque année le discours parlementaire.

 

Cependant, il ne faut pas oublier que ce rôle politique est moindre. "Le souverain britannique n’a pas de pouvoir politique, c’est un souverain constitutionnel qui est avant tout une figure symbolique", affirme Rémy Bethmont. Le monarque anglais est certes chargé de nommer le Premier ministre, mais il ne fait que nommer le gagnant des élections. Le roi doit également choisir les évêques listés par la commission ecclésiastique. "Le couronnement est autant celui de l’État que du roi, il est spectateur de la vie politique", estime Rémy Bethmont.

 

 

Un souverain symbolique à travers le monde

 

Que ce soit en Grande-Bretagne ou en France, même si les deux pays ont une vision différente de la politique et de la place de la religion, les citoyens aiment majoritairement la famille royale.  "Elle leur permet de s’échapper de la réalité", indique Philippe Chassaigne. En effet, les grands évènements royaux brassent des personnes de tous les horizons, parfois même très différentes. Rien qu’en France, presque huit millions de téléspectateurs ont assisté aux funérailles de la reine Elizabeth II, selon Médiamétrie.

 

"Tout cela va au-delà du décorum", explique Philippe Chassaigne. "Le contexte social moderne montre que les anglicans pratiquants ne représentent plus qu’une faible part de la population", complète le professeur d’histoire contemporaine. Et pourtant, les Britanniques restent attachés à leur monarchie. Par ailleurs, depuis 1830, le Royaume-Uni est le seul pays où le roi est sacré. L’onction lors du sacre "légitime le roi aux yeux des Anglais puisqu’il reçoit son autorité de Dieu", indique Rémy Bethmont. 

 

Enfin, de façon inédite, l’hommage des pairs qui a lieu habituellement lors du couronnement sera remplacé par un hommage du peuple. Les citoyens sont ainsi invités par l’archevêque à prêter allégeance au nouveau souverain et à le reconnaître, ce qui ouvre davantage l’évènement et montre la touche de modernité que souhaite apporter Charles III à la monarchie.

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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