Vous avez peut-être le sentiment d’entendre parler des Européennes non-stop depuis 3 jours, mais je me suis dit que pour un petit déjeuner supplémentaire, ça valait peut-être encore la peine de faire le point sur ce qu’il vient de se passer Dimanche. Ayant moi-même 27 ans depuis une semaine, peut-être que la perspective, d’un éditorialiste de moins de 30 ans, vous apportera un regard complémentaire sur ces élections !
La première leçon de ces Européennes reste l’incroyable boum de la participation : 50% de participation en France certes, mais c’est 61% en Allemagne et 64% en Espagne. La moyenne européenne est à 51%, mais certains pays ont fait un pas énorme vers l’Europe : la Pologne passe de 23 à 43 et l’Autriche de 45 à 60 en seulement 5 ans ! Une croissance qui fait du bien à la démocratie car cela témoigne d’une curiosité et d’un intérêt pour notre Union !
Les jeunes de moins de 35 ans, dont la participation était annoncée à 23%, sont en fait 40% à s’être déplacé ! C’est ce qui peut expliquer le succès inattendu des Verts dans toute l’Europe, puisque 28% des moins de 34 ans ont voté dans toute l’Europe. Peut-on expliquer ce sursaut par la mobilisation ardente des lycéens et des étudiants pour le climat tous les vendredis depuis des mois derrière la jeune suédoise Greta Thunberg ?
La deuxième leçon concerne l’erreur des sondages. Car au-delà de me réjouir cyniquement de l’échec des instituts d’étude de l’opinion, cela révèle que le vrai pouvoir, la véritable influence n’est pas celle de la doxa ou du sens commun. L’autorité c’est celle du peuple. Le vote est une arme de construction massive et seule l’urne décide de la représentation européenne, pas l’opinion publique.
Personne n’avait vu la croissance des Verts qui gagnent 28 sièges, ni même la chute de la droite traditionnelle qui perd 47 sièges d’un coup, c’est-à-dire exactement le nombre de sièges que gagne l’extrême-droite.
Enfin la troisième leçon et c’est la plus importante pour ma génération : ces élections consacrent la mort du bipartisme et avec lui idéologies du passé. La question n’est pas de savoir si le clivage droite/gauche existe encore. La question est de savoir si ces vieilles machines, la droite conservatrice d’un côté et la gauche socialiste de l’autre ont encore quelque chose à dire au monde qui vient dont les enjeux sont bien trop complexes pour être résolu par des pseudo-systèmes de pensées prétendument cohérent et ayant réponse à tout.
Les partis qui gagnent : les libéraux, les verts et les nationalistes ; se concentrent sur une question principale qu’ils essayent d’élever en priorité non pas aux dépendsa des autres questions, mais devant les autres questions. Pour la première fois de l’histoire de l’Europe ni un parti majoritaire, ni même la somme des deux partis majoritaires ne peut permettre de constituer une majorité absolue.
L’Assemblée européenne est un équilibre minutieux entre 5 modèles de société, le socialisme, l’écologie, le libéralisme, le conservatisme et le nationalisme, et elle devra débattre pour construire des alliances par projet et par objectifs. Espérons que le débat sera une meilleure garantie de l’intérêt général que la discipline de parti.
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