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Compter sur, Compter pour…

RCF,  - Modifié le 23 octobre 2019
La semaine dernière a vu paraître la stratégie nationale de protection de l’enfance : de nouveaux dispositifs nécessaires ?

Au mois de Juillet dernier, nous rencontrions Agnès Buzin et Adrien Taquet à Jambville dans les Yvelines pour leur présenter Le Colibri, une structure créée par les SGDF qui accueille des adolescents en rupture, en partenariat avec l’aide sociale à l’enfance, afin de les aider à se stabiliser et à construire un projet d’avenir.
 
Nos 2 ministres ont pu discuter avec les jeunes accueillis, leurs éducateurs mais aussi avec des personnes qui vivent au quotidien autour de ces jeunes et qui ne sont pas payés pour ça. C’est ainsi que Françoise et Marie-Jeanne, bibliothécaires de la ville, ont pu parler du lien qu’elles ont créé avec ces jeunes à chaque fois qu’ils viennent emprunter des livres. Elles exprimaient leur tendresse et leur affection pour des jeunes qu’elles considèrent comme « tous les jeunes qui viennent à la bibliothèque », pas de différence de traitement, pas de passe droit, la justesse de la relation comme point de repère pour des jeunes qui en ont si peu.

L’inconditionnalité de la relation, c’est justement ce dont témoignait Stéphanie, bénévole SGDF à Jambville qui, à force de moments passés avec une des jeunes du Colibri dans ses activités au centre de formation, était devenue « un tiers digne de confiance », statut reconnu qui lui donne un rôle officiel auprès de cette jeune fille.

Un nouveau type de structures dans le paysage de l’aide sociale à l’enfance qui est nécessaire en appui des dispositifs des départements. 
 
La semaine dernière Adrien Taquet dévoilait la stratégie nationale de protection de l’enfance qui met clairement en avant la nécessité d’intégrer plus largement la société civile autour de l’enfance protégée. Parce qu’aujourd’hui, il ne faut pas se mentir, il y a urgence. En France, 500 000 enfants de moins de 3 ans vivent sous le seuil de pauvreté et 341 000 mineurs sont pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, la moitié étant placés en établissement ou famille d’accueil. La protection de l’enfance c’est 2% de nos enfants en France. Sans doute qu’au vue des réactions des différentes parties prenantes après la publication de cette stratégie on peut se dire qu’elle ne répond pas encore suffisamment aux enjeux du moment.
 
Mais ce matin j’ai décidé de regarder le verre à moitié plein et une des choses intéressantes de ce plan c’est effectivement qu’il contient cette interpellation à la société civile et plus spécifiquement à l’éducation populaire. Comment proposer à ces jeunes des attaches hors du placement ? Comment l’état, les départements peuvent-ils s’emparer de toute cette énergie bénévole dans différentes structures pour qu’ils puissent partager l’ordinaire de la vie de ces enfants ? Il faut encourager l’innovation et l’expérimentation, cela devient indispensable de développer des passerelles entre le secteur de la protection sociale de l’enfance et d’autres acteurs pour créer des environnements où ces jeunes peuvent se construire et se re-construire.
 
L’été dernier, 9 équipes compagnons se sont installés dans des villages d’enfants pour animer et offrir un lien et une relation différente. Des réflexions sont également en cours pour permettre à des parents volontaires de notre réseau d’accueillir le temps d’un week-end des enfants et de leur offrir ce qui leur manque le plus : le quotidien d’une famille, des moments simples mais apprenants, structurant. En travaillant sur le lieu de vie du Colibri, son président me glissait un jour : « En fait Marie il s’agit de permettre à ces jeunes de compter pour quelqu’un, de compter sur quelqu’un ». Alors sûrement que le plan de l’état n’est pas assez ambitieux, n’a pas assez de moyens mais nous sommes des milliers d’acteurs qui pouvons proposer des solutions alternatives et créatives, pourrons-nous à l’avenir regarder ces enfants et leur dire, comme le Colibri, « Je fais ma part » ?
 
 
 

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