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Chercher Dieu

RCF,  - Modifié le 6 mai 2019
​Pendant la Semaine Sainte, j’ai eu la chance et la joie de refaire une expérience qui m’est chère : une retraite d’immersion de six jours avec trois amis ermites.
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Depuis, trente cinq ans, je pars retrouver ces chercheurs de Dieu, parfois plusieurs fois par an. Ces amis renouvellent l’expérience spirituelle vécue par un saint ermite du 11ème siècle, saint Étienne de Muret. Saint Étienne, né dans une famille noble du Limousin, a répondu à l’appel de Dieu et est parti se former à la vie érémitique auprès des disciples de saint Romuald, le fondateur des Camaldules au 10ème siècle.

En fondant l’Ordre de Grandmont, saint Étienne l’a doté d’une règle et de maximes, rassemblées par ses disciples et successeurs, au service d’une vie semi-érémitique toute baignée de l’Évangile et de l’amour de Jésus. Deux autres points remarquables : les frères laïcs et les clercs y étaient originellement vraiment égaux. La vocation monastique est, en effet, une vocation de laïcs et l’autorité n’y est pas liée au sacerdoce, mais aux besoins du travail et de la vie commune. La pauvreté, deuxième point, n’est pas que communautaire à Grandmont, mais aussi personnelle. Le travail n’est pas qu’une occupation du corps pour "distraire" des angoisses de l’âme en quête de Dieu : il est la condition monastique, comme il est la condition de tout homme et de toute femme. Si un leg est fait aux ermites et contesté par la suite : interdiction de faire un procès. On comprend pourquoi les paysans du Moyen-Âge, comme les familles royales capétienne et Plantagenêt, qui les protégèrent, les appelaient : "les Bonshommes" !

Les trois frères, dont un prêtre, qui relèvent aujourd’hui l’Ordre de Grandmont et son témoignage dans l’Église et le monde, se sont donc engagés par ce vœu d’érémitisme. Leur vie est un chemin pour adhérer à Dieu dans l’amour des frères. Elle inclut la louange des Heures et l’eucharistie quotidienne, où la voix de Jésus et celle de l’Église s’unissent dans une création artistique héritée des siècles : le chant grégorien. L’office monastique est chanté dans une antique église abbatiale du 12ème siècle, marquée par l’histoire. Ils l’ont relevée et lui ont redonné vie, avec l’aide de quelques amis d’une association et des petits dons, depuis bientôt quarante ans. Ce qui reste des bâtiments monastiques anciens, en pleine forêt de Montrésor, leur sert de cellules, de cuisine, de bibliothèque… ou d’étable pour quelques veaux nourris sous la mère.

L’idéal monastique des ermites est que le travail des champs et celui nécessaire à la vie commune n’interrompe pas la recherche de Dieu, mais qu’il incarne dans le réel la prière, le combat spirituel et l’attention continuelle à l’Amour infini. La louange et le travail sont avec la nature les trois piliers de l’équilibre humain de cette vie d’ermite. Trente-cinq ans de présence monastique pauvre et attentive ont permis à la nature environnante de retrouver son équilibre écologique. Plantes, insectes, oiseaux sont le cadre vivant d’une vie humaine vivante.

A quoi servent-ils ? A rien. Que reçoivent-ils ? Tout – y compris les épreuves. Tous peuvent-ils les rencontrer ? Non. Mais il y a des ermites dans toutes nos régions et dans toutes nos villes. Ils nous enseignent en actes, sans parole extérieure, la vérité et la sincérité de la vie chrétienne. La formule des vœux chez les Grandmontains d’aujourd’hui est le plus simple et le plus décisif des rappels de ce qui permet à chacun de s’accomplir par et dans le service de ses frères : "Que demandez-vous ?" dit le le prieur au frère dont il reçoit l’engagement : "La charité de Dieu et la vôtre", répond-il.

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