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Carol Mann: en temps de guerre, "les femmes assurent la survie de la famille"

RCF,  - Modifié le 27 janvier 2020
On commémore actuellement les 75 ans de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau. Focus sur les femmes juives durant la guerre et la déportation.
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"Une formule consacrée"

Pour l’occasion, Stéphanie Gallet reçoit Carol Mann. Sociologue, Carol Mann a beaucoup travaillé sur la situation des femmes en zone de guerre. Elle publie chez Albin Michel un ouvrage intitulé "Nous partons pour une destination inconnue". Un livre qui revient sur la déportation des femmes juives durant la seconde guerre mondiale. "Cette formule était consacrée. Elle était utilisée par les prisonniers du camp de Drancy, sur les cartes qu’ils envoyaient. On retrouve cela sur tous les courriers. Ils ne savaient pas où ils allaient" explique-t-elle.

La sociologue insiste sur le fait de raconter la guerre au présent, telle qu’on la vit au quotidien, et notamment chez les femmes. C’est pour cette raison qu’elle n’a pas voulu faire d’entretiens, et s’est basée uniquement sur des documents, de la correspondance. "Une fois le conflit terminé, les personnes se mettent en scène. L’instant T, les ressources qu’utilisent les femmes, les comportements, c’est cela qui m’intéresse" ajoute-t-elle.
 

Les femmes dans la déportation, un sujet d'étude tardif

A Drancy, Carol Mann explique que les prisonniers envoyaient à la fois des lettres officielles, qui passaient par la censure. Mais également des messages clandestins, cachés dans les doublures des vêtements sales envoyés à la laverie. Et les prisonniers avaient aussi droit de recevoir des paquets, dans lesquels étaient aussi cachés des messages. "Ce qui est tragique, ce sont les lettres envoyées aux prisonniers, mais une fois qu’ils sont décédés, on les renvoie à l’envoyeur" décrit-elle.

La dernière source utilisée par la sociologue pour écrire son livre est sans doute encore plus bouleversante : ces petits papiers tombés des trains. "Une fois qu’ils étaient entassés dans le train, c’est à ce moment-là que les gens envoyaient des mots, par des fentes dans les trains. C’est là qu’ils ont compris qu’ils allaient vers la mort" explique la sociologue, qui précise que l’objet de son livre, le sort des femmes déportées, n’est devenu un objet d’étude que dans les années 80, aux Etats-Unis et en Israël tout d’abord.
 

"La responsabilité familiale, c'est ce qui prime"

Pour Carol Mann, c’est dans le quotidien que la guerre se gagne. "Parce que les femmes assurent la survie des sociétés traditionnelles. La responsabilité familiale, à l’époque, c’est ce qui prime. Les hommes réagissent de manière égocentrique. Quant aux femmes, elles sont un peu plus au courant. Elles sont obsédées par le devenir des enfants. Elle avaient vraiment peur pour leurs enfants" témoigne-t-elle.

Dans son livre, Carol Mann témoigne de nombreuses différences de réaction, entre les hommes et les femmes. "Les hommes sont obsédés par la faim. Et les femmes par l’hygiène. C’est ce que j’ai pu observer sur d’autres zones de guerre, comme en Bosnie, en banlieue de Sarajevo. C’est de la survie. On veut être coquette. On ne veut plus être anonyme, mais une personne. A Drancy, les ados demandaient dans leurs lettres des produits de beauté. C’est une résistance absolue" conclut-elle.

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