Burundi: l’Union africaine veut déployer une force militaire
A commencer par le Parlement burundais, qui n’a pas mis longtemps avant de dénoncer la force militaire de 5 000 hommes, que l’Union africaine souhaite déployer sur le pays, et principalement sur la capitale du Burundi, Bujumbura. Le bloc panafricain souhaite de son côté agir militairement, afin d’aider le pays à sortir du cycle de violences dans lequel il est plongé depuis huit mois.
Les deux chambres du Parlement burundais, réunies en Congrès extraordinaire lundi, ont appelé en revanche le gouvernement à refuser une telle aide militaire, afin de ne pas "hypothéquer sa souveraineté". Et bien qu’il ne s’agisse que d’une mission de maintien de la paix, le Congrès souhaite que l’UA se plie au principe de "non-ingérence d’un Etat membre dans les affaires intérieures d’un autre membre", se protégeant derrière le droit international.
Cela dit, la crise qui secoue le pays semble ne pas se stopper. Et de nombreux habitants des quartiers sinistrés de Bujumbura attendent avec impatience l’arrivée de la force militaire de l’UA, qui devait initialement être déployée pour une durée de six mois, renouvelables. Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA avait même mis la pression au gouvernement burundais, pour se plier à cette décision, faute de quoi il prendrait des "mesures supplémentaires".
Ce à quoi la présidence de la République a indiqué que "si les troupes de l’UA venaient sans l’aval du gouvernement, il s’agirait alors d’une force d’invasion et d’occupation", ce qui donnerait au gouvernement "le droit d’agir en conséquence". Par ailleurs, le Congrès a tenté de rassurer l’Union africaine, qui craint un génocide, affirmant que les violences ne touchaient que quelques quartiers, et que "le Burundi est un pays en paix".
Une affirmation relativisée par le nombre de morts dans des quartiers de Bujumbura. Les derniers affrontements auraient fait 87 morts selon le gouvernement du président Nkunrunziza, plus de 200 selon certaines médias et associations sur place.
Les précisions de Philippe Hugon, chercheur à l'IRIS, en charge de l'Afrique:
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