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RCF Birmanie: les catholiques à la défense des musulmans persécutés
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Birmanie: les catholiques à la défense des musulmans persécutés

RCF, le 27 novembre 2017  -  Modifié le 29 février 2024
L'Invité de la Matinale Birmanie: les catholiques à la défense des musulmans persécutés

Pour le père Pierre de Charentenay, les Birmans sont réceptifs à l'appel à la réconciliation lancé par le pape lors de son déplacement en Birmanie.

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Pays à 89 % bouddhiste, la Birmanie reçoit actuellement le pape François, jusqu’au 30 novembre prochain. Une visite au caractère exceptionnel puisque c’est la première fois qu’un pape se rend dans le pays. Il se pourrait aussi que ce voyage fasse avancer le conflit interne qui opposent bouddhistes extrémistes et le reste des habitants, comme l’explique le Père Pierre de Charentenay qui connait bien les relations du Vatican avec l’Asie.

Une visite attendue par catholiques et bouddhistes

Parmi les 53 millions d’habitants qui peuplent la Birmanie, les catholiques birmans ne pèsent pas lourd. Après 50 ans de dictature militaire, ils continuent à subir plusieurs formes de discriminations, bien que leur existence ne soit plus menacée. Ainsi, "il est difficile de vivre en église minoritaire en permanence discriminée, explique le père Pierre de Charentenay. L'Eglise birmane n'a pas aucun moyen de restaurer ses églises ou n'a pas droit de posséder des terrains." ajoute le jésuite. La visite du Souverain pontife est donc très attendue pour la communauté catholique locale.

Dans un message adressé aux catholiques birmans avant son voyage, le pape avait encouragé "chaque effort voué à la construire l’harmonie et la coopération dans le service du bien commun." Pour Pierre de Charentenay, de tels mots ne sont pas anodins et visent clairement la communauté bouddhiste: "Le centre bouddhiste attend que le pape essaie de promouvoir une réconciliation avec les extrémistes boudhistes très violents qui les divisent."
 

Un voyage sous tension

Tous les regards sont donc tournés vers le voyage du pape ponctué par deux temps fort. D'abord sa rencontre avec la Nobel et dirigeante Aug San Suu Ki, puis un temps auprès de représentants de la tribu musulmane des Rohingyas, persécutée par le régime birman depuis 2012 et obligés de fuir leur pays depuis fin août 2017.

La résolution de la crise semble délicate car ces derniers ne sont pas reconnus comme citoyens du fait de leur alliance avec les Anglais lors de la guerre birmano-britannique. "C’est une vieille affaire", analyse le père de Charentenay. Le mot même de "Rohingyas" est interdit."

"Les catholiques appellent au respect des minorités, et peuvent avoir un rôle d'exemple dans une majorité indifférente"

La question est de savoir si le pape François va se risquer à l'énoncer au cours d'un discours. Les conséquences pourraient être dangereuses pour les musulmans, estime le père de Charentenay: "les catholiques de Birmanie ont souhaité qu’ils ne prononcent pas ce mot de Rohingyas par crainte de violences."

Des représailles qui pourraient viser en particulier les femmes Royingyas, car, explique le jésuite, "c'est un moyen de casser ce peuple". Les catholiques se contentent donc d'appeler "au respect des minorités et peuvent avoir un rôle d'exemple dans une majorité indifférente qui laisse le gouvernement gérer la situation avec violence."

 

Emission enregistrée par téléphone

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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