Une bataille décisive. Les forces rebelles et celles envoyées par le régime syrien se préparent à se battre pour le contrôle d'Alep, la deuxième ville de Syrie. Ce samedi, les groupes rebelles islamistes et jihadistes ont réussi à rompre le siège, imposé depuis le dimanche 31 juillet par les forces du régime, aggravant considérablement la situation humanitaire des populations civiles sur place. Mais le gain des rebelles reste fragile et une bataille décisive se prépare.
Cette victoire des insurgés est l'une des rares remportées ces dernières années par les rebelles, dans un conflit dévastateur qui a déjà fait plus de 290 000 morts et poussé à la fuite plus de la moitié de la population syrienne.
Face à cette situation, Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l'Oeuvre d'Orient, appelle à une action urgente de la communauté internationale. "J'appelle à une saisine du Conseil de sécurité, non seulement sur l'avenir de la population en zone rebelle, mais aussi en zone régime" déclare-t-il, évoquant les deux parties de la ville, coupée en deux depuis le siège des forces du régime. "Il faut que le conseil de sécurité impose un arrêt des combats à Alep, pour que l'ensemble de la population civile puisse se nourrir et avoir accès à l'eau."
La situation humanitaire est en effet l'un des aspects les plus inquiétants du conflit syrien. Et elle ne risque pas de s'améliorer, car si les rebelles gagnaient du terrain dans certains quartiers d'Alep, les populations civiles pourraient subir une répression de leur part. Des troupes rebelles qui sont difficiles à atteindre, d'autant qu'elles sont composées de différents groupes.
"L'offensive a été menée par l'armée de la conquête, dirigée par al-Nosra. Derrière lui, le parti du Turkestan oriental", explique Fabrice Balanche, maître de conférence en géographie à l'université Lyon 2 et chercheur invité au Washington Institute. Selon lui, ce sont les pires jihadistes actuellement présents en Syrie "ils sont même pire que Daesh" explique-t-il. Un groupe qui a réussi à briser les lignes de l'armée syrienne en envoyant des kamikazes se faire exploser au contact de l'armée syrienne.
"Il y a également le front Ahrar al-Cham, qui est la branche modérée d'al-Qaïda" détaille Frabrice Balanche. La situation de ces troupes est encore plus complexe. Elles ont la même idéologie que le Front al-Nosra, mais n'ont pas prêté allégeance à al-Qaïda, "ce qui leur permet de recevoir officiellement des armes et du soutien de la part des occidentaux". Parmi ces groupes rebelles, on trouve également la brigade al-Zinki, surtout commandée par des Turkmènes.
Selon le chercheur, il y a un fort esprit de revanche parmi les rebelles et "il ne faut pas s'attendre à de la mansuétude de leur part envers la population d'Alep."
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