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9 novembre

Un article rédigé par Claude Boussard - RCF Loiret,  -  Modifié le 9 novembre 2021

Qu’avez-vous fait le neuf novembre 2021 ?

© Pixabay/ GBonzoms © Pixabay/ GBonzoms

Moi, j’ai essayé de vibrer au grand hommage national, rendu par toute la classe politique unanime, sincère, soudée, le regard tourné vers la ligne bleue de la forêt de l’Etoile, la bien nommée. Quel beau nom pour une forêt voisine de Colombey les deux églises. Ah le symbole ! De Gaulle, ce n’est pas comme Barrès, à qui l’on prête cette parole au sujet de l’Alsace : « y penser toujours n’en parler jamais. », De Gaulle, on en parle, on le cite, on s’en réclame, sans bien connaître vraiment sa pensée. Tous gaullistes, sans savoir réellement bien ce qu’est le gaullisme, tant il y a de définitions. Même Marine Lepen a participé, mais à Bayeux. C’est normal au fond car elle fait tapisserie depuis longtemps.

C’est vrai à force de dire Mon Général, on avait fini par croire à la propriété privée. Mon Général, il est à moi et j’en use comme je veux. Non, mon veut dire Monsieur. Alors, respect ! Et j’aurais tendance à dire, que mort, il appartient avant tout à sa famille. Que les politiques s’en servent, soit, c’est leur côté boutiquier, mais pas sur sa tombe. C’est privé. Ou alors on y va seul, loin des micros et caméra, comme on va voir un grand père que l’on a aimé et qui nous manque.

Malraux avait parlé des chênes que l’on abat, Jacques Faizant avait dessiné une Marianne pleurant devant un chêne à terre. Les politiques et les journalistes ont fait de De Gaulle un marronnier. Grandeur et décadence.

Au fond c’est pratique De Gaulle, c’est le mot magique devant lequel on est prié de communier à la France, la France éternelle, la seule qui vaille comme il disait. C’est mieux que la statue du Commandeur, c’est l’histoire de France. Derrière sa haute silhouette, c’est le cortège immense de ceux et de celles qui ont fait la France, et en ont dessiné les contours, écrit le roman national, tissé de gloires et de renoncements, de défaites, de sursauts, de ténèbres parfois honteuses et de résurrections glorieuses ou inventées.

Mais le roman français, parle-il encore aux français ? Nous sommes priés d’écrire un roman inclusif où les apports universels seront enchâssés comme des pépites sur une couronne royale. La France est surtout envisagée, maintenant comme un espace géographique, un support, une bande de terre, un substrat, d’où l’on est prié de chasser tout ce qui pourrait faire obstacle aux richesses venues d’ailleurs. Une bande de terre, quoi de mieux pour y faire vivre et côtoyer des bandes, souvent rivales.

Je ferme les yeux et j’entends une voie qui reste familière :

« Il était une fois un vieux pays, tout bardé d’habitudes et de circonspection. » Et plus encore comme un avertissement :

« Eh bien, mon cher et vieux pays, nous voici encore une fois, face à une nouvelle épreuve. »

J’ai le sentiment que livre que je viens d’ouvrir me dit que rien n’est perdu. Je me permets d’en citer un passage :

« Je ne crois pas que l'Europe puisse avoir aucune réalité vivante si elle ne comporte pas la France avec ses Français, l'Allemagne avec ses Allemands, l'Italie avec ses Italiens, etc. Dante, Goethe, Chateaubriand appartiennent à toute l'Europe, dans la mesure même où ils étaient respectivement et éminemment Italien, Allemand et Français. Ils n'auraient pas beaucoup servi l'Europe s'ils avaient été des apatrides et qu'ils avaient pensé et écrit en quelque espéranto ou volapük intégré… »

Mes respects, Mon Général.

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