Solidarité Orient : l'actualité des Chrétiens d'Orient

Guide touristique passionnée de voyages et titulaire d’un master en lettres françaises, Jina Achji est arrêtée dans son élan par la guerre civile en Syrie. Après avoir abandonné sa carrière, elle a 30 ans lorsqu’elle ouvre en 2012 à Alep le centre « Espace du Ciel », un projet éducatif, culturel et spirituel, qui réunit des jeunes musulmans et chrétiens. Soutenu par l’Église maronite en Syrie et par L’Œuvre d’Orient, l’Espace du Ciel offre à plusieurs centaines de jeunes, de la maternelle à l’Université un soutien scolaire et psychologique à plusieurs centaines de jeunes, de la maternelle à l’Université, pour leur permettre de
surmonter tous les traumatismes (plus d’une décennie de guerre, les horreurs de la dictature et des jihadistes, le tremblement de terre de 2023) ; il promeut avec enthousiasme la coexistence interreligieuse. Implanté initialement à Alep, il a maintenant une antenne à Hama et est en passe d’être également présent à Damas. Jina nous parle des objectifs de ce centre, de son mode de fonctionnement, de sa dimension religieuse– essentielle à ses yeux, elle qui est
proche du fondateur du monastère de Mar Mousa, le père Paolo dall’Oglio, et de son bras droit, Jacques Mourad, aujourd’hui archevêque syriaque catholique de Homs. Jina nous livre son regard sur le nouveau régime syrien, et les raisons qui lui font espérer un avenir meilleur pour son pays et ses chrétiens, malgré les incertitudes dont reste lourde la situation actuelle.

Nous recevons le père Ghassan Nasr, de l’Ordre antonin maronite, supérieur du lycée Père Mansour de Marjeyoun, au Sud-Liban, dont la survie est gravement compromise par les séquelles de la récente guerre entre Israël et le Hezbollah. Ouvert en 1992 par le père Mansour Hkayem, curé de Klayaa, le lycée eut pour vocation initiale de permettre aux jeunes des villages de la région d’accéder aux cycles complémentaire et secondaire. En 2008, ne pouvant plus faire face aux graves difficultés financières rencontrées, aggravées par les affrontements récurrents entre le Hezbollah et Israël au Sud-Liban, le Père Mansour a confié
l’établissement à l’Ordre antonin. La récente offensive menée par Israël, causant le
déplacement de 100 000 habitants, et la crise économique qui frappe le pays du Cèdre ne permettent toutefois plus aux parents de payer les frais de scolarité de leurs enfants. Jamais, les écoles catholiques du Liban ne se sont trouvées dans une telle impasse.

Philippe Henne : le rire dans la Bible et chez Pères de l’Église, notamment en Orient

Dominicain belge, ancien professeur à l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem et à la Faculté de théologie de Lille, membre du Conseil d’Administration de Solidarité-Orient, le père Philippe Henne est un éminent spécialiste de la patrologie. Il a déjà publié de nombreuses biographies de Pères de l’Église et est reconnu comme un passeur
talentueux de cette littérature chrétienne des premiers siècles. Il vient de signer aux éditions du Cerf un nouveau livre : Le rire dans la Bible et chez les premiers chrétiens. Ironie, cruauté ou joie de vivre ?. L’auteur part du constat que nulle part dans le Nouveau Testament il n’est écrit que Jésus a ri. L’auteur mène alors une enquête fouillée sur les multiples perceptions du rire, négatives souvent, positives parfois, dans la Bible et chez les premiers auteurs chrétiens, notamment quelques Pères orientaux (Clément d’Alexandrie, Jean Chrysostome, les Pères du désert si prompts à l’humour, saint Pachôme, Basile de Césarée). Un livre très
plaisant et plein de sel, qui fait prendre de la distance par rapport à l’omniprésence du rire gras, futile et insensé dans notre société contemporaine. Mais, au final, ce parcours historique étayé d’exemples bibliques et patristiques exhorte à la joie de vivre. Il nous en
parle avec toute l’éloquence de la chaire et non sans… humour.

Petite enclave du Liban au cœur du Brabant Wallon, à Ophain-Bois-Seigneur-Isaac, le monastère Saint-Charbel de l’Ordre libanais maronite, est un lieu privilégié où rayonne la spiritualité de l’Orient chrétien. Son supérieur, le père Charbel Hajj, nous parle de l’histoire étonnante de ce monastère, dont l’origine remonte à une chapelle médiévale, où eut lieu un miracle eucharistique en 1405. Une abbaye de chanoines réguliers de St-Augustin y fut fondée 8 ans plus tard, supprimée en 1796 par les
révolutionnaires français. Des Prémontrés la rendirent à la vie monastique en 1903. Faute de vocations, ils transmirent en 2009 le monastère à l’Ordre libanais maronite. Le père Charbel nous parle de sa communauté et de son rayonnement spirituel,favorisé par la vénération du Saint-Sang de 1405 et d’une relique de l’ermite libanais,
saint Charbel, auquel on attribue maints miracles de guérison. C’est aussi l’occasion d’inviter nos auditrices et auditeurs à la Journée des Chrétiens d’Orient, ce dimanche 25 mai , une initiative européenne portée par L’Œuvre d’Orient. Solidarité-Orient organise une veillée de prière avec diverses chorales orientales au monastère à 16h, suivie de la messe dominicale à 18h. Sera également présentée l’exposition
« L’aventure des chrétiens d’Orient ». Pour plus d’infos, voir notre site https://orient-oosten.org/actualites/

L’invité de ce jour, Gaétan du Roy, historien de formation, a publié en 2022 chez Brill, à Leyde, Les zabb?l?nes du Muqattam. Ethnohistoire d’une hétérotopie au Caire, ouvrage issu d’une thèse défendue à l’UC Louvain : c’est un remarquable travail à la jointure de l’ethnographie, de la sociologie et de l’histoire, enrichi par des enquêtes sur le terrain, dans le quartier du Moqattam, la montagne à l’est du Caire, parmi ceux qui sont surtout connus en France et en Belgique sous le nom de « chiffonniers du Caire » grâce à l’action qu’a menée en leur faveur la célèbre religieuse belgo- française Sœur Emmanuelle. Dans leur très grande majorité chrétiens, coptes orthodoxes, ces chiffonniers assurent dans la mégalopole du Caire le ramassage et le recyclage des ordures, alimentaires et matérielles. Les conditions de vie dans leur quartier ont bien évolué depuis le temps où il était le misérable bidonville décrit dans les livres de Sœur Emmanuelle. Gaétan du Roy nous parle bien sûr de celle-ci, mais aussi du père copte charismatique Sam‘an, récemment décédé, le grand homme du Moqattam, vénéré comme un saint, qui est à l’origine de l’immense église troglodyte consacrée à Saint-Simon le Tanneur, un saint du 10 e siècle, et de l’étonnant complexe pastoral qui l’entoure.

À partir de la biographie écrite par Claude Laetitia del Marmol et Jean-François van der Straeten*, ses neveux, la vie du père Xavier Eïd, prêtre belge issu d’une famille égypto-levantine, curé de l’église Sainte-Marie-de-la Paix au Caire (Garden City), qui a marqué tous ceux qui l’ont connu par son œuvre apostolique et sa vie intérieure, est racontée par Christian Cannuyer, animateur de l’émission. Le propos est émaillé de nombreuses citations du père Xavier et souligne les étapes d’un itinéraire spirituel autant que transculturel : naissance à Bruxelles en 1919, études à Maredsous, à Namur, Louvain, Anvers, vocation et séminaire à Jérusalem (Sainte-Anne), ordination dans l’Église grecque-melkite-catholique au Caire en 1952, et vie paroissiale au Caire de 1953 à 2009, centrée sur le service des pauvres, l’attention à la beauté de la liturgie byzantine et le dialogue œcuménique et interreligieux. Une vie en Dieu et pour les hommes, qui amène irrésistiblement à se poser la question de la sainteté de ce « prêtre pour l’éternité ».

Originaire du Liban, le père Antoine Tannous est depuis 2019 le curé de la paroisse grecque melkite catholique de Bruxelles, sise – cela ne s’invente pas – au 41 de la rue de l’Orient, à Etterbeek (voir le site fb
https://www.facebook.com/groups/333371873510696/) Il nous parle de l’histoire de cette paroisse, de son dynamisme, de la liturgie byzantine, qui est au cœur de la vie spirituelle des chrétiens d’Orient et que l’on peut découvrir en participant chaque dimanche à la messe dominicale (à 11 h). Il évoque la situation critique actuelle de son pays, le Liban, et de la Syrie voisine, où le bouleversement géopolitique n’est pas sans inspirer des inquiétudes aux chrétiens, malgré les signes d’ouverture et de tolérance manifestés par le nouveau régime. En Terre sainte aussi, les melkites, nombreux en Galilée où ils sont citoyens d’Israël, vivent difficilement les événements dramatiques auxquels sont confrontés leurs frères palestiniens, chrétiens et musulmans, de la Bande de Gaza et de la Cisjordanie occupée. Le père Tannous jette enfin un regard sur la foi et la spiritualité des jeunes belges, qui contraste avec ce que vivent généralement les jeunes chrétiens orientaux.

À l’occasion de sa participation à une conférence organisée notamment par L’Œuvre d’Orient au Parlement européen le 28 janvier dernier sur le rôle des chrétiens dans le relèvement du Liban et de la Syrie que laisse envisager la nouvelle donne géopolitique dans ces pays, le père Youssef Nasr nous parle de l’enjeu essentiel que représente pour le Liban la survie des écoles catholiques, mise en danger par l’incurie des responsables politiques d’un État qui leur est redevable de plus de 150 millions de dollars (estimation récente faite par L’Œuvre d’Orient) et le manque de soutien de l’Union européenne. Elles sont non seulement porteuses des valeurs de l’Évangile, mais elles forment les jeunes, chrétiens et musulmans, à l’esprit critique, à l’idéal de citoyenneté et de démocratie, au respect des différences et de la dignité des plus fragilisés. Sans elles, le Liban ne pourrait rester le « pays message » que saluait le pape Jean-Paul II.

L’émission invite à découvrir la Fraternité des Douze Apôtres (cf. https://www.fraternite12apotres.be/), dont le siège est la Maison Cana (rue Eggerickx, Bruxelles), par le biais d’un entretien avec le chef de son chœur liturgique byzantin, Freddy Dethier. C’est en 1981 que celui-ci devint coopérateur dans une communauté du Renouveau, la Communauté de la Théophanie, à l’époque installée dans le sud de la France, dans le domaine de Cantauque et l’abbaye de Lagrasse. Cette communauté, qui entretenait avec l’Orient chrétien, et notamment avec l’Église grecque melkite catholique, de puissants liens spirituels, liturgiques et ecclésiaux, a disparu en 1991, mais la Fraternité des Douze Apôtres, créée en Belgique dans les années 1970, en perpétue l’esprit. Constituée de laïcs, mariés ou célibataires, soucieux d'une vie conforme aux valeurs évangéliques, la Fraternité des Douze Apôtres est dotée en 2006 d’un statut canonique au sein de l’archevêché de Malines-Bruxelles et placée sous le conseil d'un père spirituel moine. Vivant en Occident, les membres de la Fraternité choisissent par priorité de faire connaître et aimer la tradition orientale, en communion avec l’Église melkite. Ils le font par leur prière, par la liturgie byzantine (en langue française), par des enseignements.

L’Église assyrienne de l’Orient, de tradition syriaque, héritière des premières communautés chrétiennes s’étant formées en Mésopotamie (principalement l’Irak actuel) sans doute dès le 3 e s. de notre ère, a connu une extraordinaire expansion missionnaire dans toute l’Asie du 7 e au 14 e s. Désignée aussi comme l’Église nestorienne (car elle a adopté les objections du patriarche Nestorius de Constantinople au titre marial « Mère de Dieu » avalisée par le concile d’Éphèse en 431), c’est aujourd’hui une Église très affaiblie (250 000 fidèles au Proche-Orient et en diaspora ?) par les turbulences de l’histoire. Au 16 e s. s’est détachée d’elle l’Église chaldéenne catholique, dont notre émission a reçu l’an dernier le patriarche, le cardinal Louis Raphaël Sako. Le nouveau et
jeune catholicos-patriarche de l’Église assyrienne, Mar Awa III (né en 1975, élu en 2021), dont le siège patriarcal est de nouveau établi en Irak, à Erbil, après avoir longtemps été contraint à l’exil aux USA, sera prochainement en Belgique, notamment pour une conférence à la KUL le 24 février. C’est l’occasion toute rêvée pour un entretien avec le Prof. Herman Teule, grand spécialiste de l’Église assyrienne, qui a publié aux éditions Brepols, en 2008, dans la collection « Fils d’Abraham », la meilleure synthèse en français : Les Assyro-Chaldéens, chrétiens d’Irak, d’Iran et de Turquie.

Née en 1942 à Melun, en France, psychologue de formation, Anne-Marie Velu a
mené à bien des études en théologie à l’Institut orthodoxe Saint-Serge à Paris. En
2012, elle a publié aux éditions du Cerf à Paris "La Visitation dans l'art, Orient et Occident, V e -XVI e siècle", attirant l’attention sur une spécificité étonnante de la
représentation de la Visitation, surtout dans l’art chrétien oriental, notamment dans les enluminures arméniennes, à savoir la figuration de Jésus et de Jean-Baptiste, enfants à naître, sur les ventres de Marie et Élisabeth. En 2020, a paru aux Presses Universitaires de Louvain, son deuxième livre, davantage centré sur la tradition iconographique de l’Église arménienne : "La Pentecôte dans l'art d'Orient. Les enluminures arménienne". L’auteure nous entretient de la richesse de cette tradition, dont elle décode avec finesse les enjeux théologiques et spirituels.

Le père Fikri Gabriel, historien du génocide des Syriaques en 1915 et
pasteur de la paroisse syriaque orthodoxe de Liège

Né dans un village du Tur Abdin, dans le sud-est de la Turquie, Fikri Gabriel est
confié par ses parents au monastère Saint-Gabriel à l’âge de douze ans.
Adolescent, il arrive en Belgique et s’installe à Liège avec sa famille.  Ordonné
prêtre en 2017, marié et père de trois enfants, historien et professeur de religion,
titulaire d’un doctorat en théologie de l’UCL, sa thèse, publiée en 2 volumes aux
éditions du Cerf (Paris), en 2023, porte sur l’attitude du Vatican face au génocide
des Syriaques en 1915, dont son grand-père fut un rescapé. Ce fervent artisan de
l’œcuménisme est en charge de la paroisse syriaque orthodoxe de Liège.

Christian Eeckhout, ancien professeur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem.
Pendant 18 ans, le frère Christian Eeckhout a été membre de l’EBAF, où il a notamment collaboré au projet « La Bible en ses traditions » (voir : https://scribe.bibletraditions.org/ ) et fut en charge du cours de topographie de la Terre sainte et de Jérusalem. Il a guidé quantité d’étudiants de l’EBAF lors des excursions sur les sites bibliques ou évangéliques prévues dans leur cursus. Il a également assuré la guidance de nombreux groupes de pèlerins. Dans la tradition des pères fondateurs de l’EBAF, Chr. Eeckhout est aussi très engagé dans le soutien au peuple palestinien, notamment aux chrétiens de Palestine, auxquels les dominicains de Jérusalem offrent quelques possibilités d’emploi, ce qui contribue à les dissuader d’émigrer.
C’est dans cette perspective qu’il a accepté d’animer une section des « Amis belges de l’EBAF » au sein de Solidarité-Orient, dans le but de récolter des fonds à même d’aider les Frères à payer les salaires de leurs employés locaux.

Collaborateur de Solidarité-Orient, Bert Jacobs est syriacisant et islamologue, titulaire d’un doctorat en Théologie obtenu en 2021 à la Katholieke Universiteit Leuven. Sa thèse portait sur le théologien et commentateur syriaque Denys bar Salîbî († 1171), évêque de Manbij (Syrie) et d’Amida (= aujourd’hui Diyarbak?r, en Turquie). Bert est actuellement chercheur FNRS post-doctorand à la Faculté de Théologie de l’UCLouvain.
Du 5 au 8 septembre 2024, il a été le seul chercheur belge à participer au premier Symposium syriaque Athra (“La patrie”) qui s’est tenu à Ankawa, le quartier chrétien situé à la périphérie d’Erbil, la capitale de la région autonome kurde, dans le nord de l’Irak. Cette conférence a réuni plus de 50 intervenants, dont la grande majorité était originaire d’Irak, des pays voisins ou encore des communautés syriaques de la diaspora. Le thème était « Le syriaque, une culture vivante malgré les défis posés à sa survie », c.-à-d. que l’accent était mis sur le syriaque non seulement comme une langue historique et religieuse, mais aussi comme la langue parlée d’une communauté ethnique qui cherche à assurer son avenir. Notre invité nous parlera de ce Symposium, de la spiritualité syriaque et des rencontres qu’il a pu faire durant son séjour en Irak.

Robert Chelhod : des semences d’espoir pour la Syrie dans le terreau de
l’Évangile

L’invité de ce jour est Robert Chelhod, fondateur en 1990 de la section syrienne du mouvement des Focolari. Ayant été missionné en 2008 au Liban, c’est à distance de son Alep natale qu’il a douloureusement vécu les années de guerre qui ont ruiné son pays. Il y est revenu en 2017 et y est maintenant conseiller de Missio, membre du conseil de la Bible Society, et président de l’association Seeds of Hope, qui met sur pied des micro-projets de restauration d’une économie rurale adaptée à la réalité. Il nous parle de la réalité de la Syrie aujourd’hui, qui est toujours un pays en guerre, où l’embargo décrété par la communauté internationale aggrave une situation économique désastreuse et frappe surtout la société civile. Il s’interroge sur l’avenir des chrétiens du pays et sur le rôle qu’ils peuvent jouer dans la reconstruction du tissu humain, la promotion d’une société pacifiée et citoyenne et le dialogue fraternel entre les religions.

Enseignant et historien, attentif à l’actualité religieuse, Benoit Lannoo est consultant de plusieurs médias belges, tant au nord qu’au sud du pays, notamment en tant que bon connaisseur et observateur des communautés chrétiennes orientales. De retour d’une mission en Irak, où il a notamment enquêté pour préparer un ouvrage sur le clergé marié dans les Églises orientales, il développe son analyse non convenue de la situation très difficile des communautés chrétiennes irakiennes, que d’aucuns jugent en voie de disparition, ainsi que sur les relations entre les Églises et le dialogue islamo-chrétien en Irak. Sans oublier de souligner la grande vitalité spirituelle, malgré toutes les épreuves, du petit reste des chrétiens de Mésopotamie.

24 e patriarche de l’Église chaldéenne catholique depuis 2013, élevé à la dignité de cardinal en 2018, S.B. Louis Raphaël Ier Sako était en Belgique pour consacrer, le 3 février dernier, en la basilique de Koekelberg, un prêtre chaldéen marié. Il évoque les tensions qui l’opposent au gouvernement irakien et à certaines factions politiques chrétiennes, dans un pays déchiré entre les communautés chiites et sunnites, où Mgr Sako n’a cessé de plaider pour la construction d’un tissu social empreint des valeurs de la citoyenneté. Tensions suffisamment graves pour que le patriarche ait décidé de quitter son siège de Bagdad et de se replier provisoirement à Erbil, dans le Kurdistan. Il dit sa certitude que les sociétés du Proche-Orient n’évolueront vers plus de stabilité et de paix que si elles optent
résolument pour une laïcité ouverte, respectueuse de la liberté de conscience.

Les amis du Monastère Mar Moussa : en mémoire du Père Paolo Dall’Oglio et
en communion avec Mgr Mourad, archevêque syriaque catholique de Homs


L’invitée de ce jour est Barbara Mertens, cheville ouvrière de l’association Vrienden
van Mar Moussa, qui soutient le monastère St-Moïse l’Éthiopien (Mar Moussa al-
Habbashi), refondé dans le désert de Nabek (Syrie) en 1982 par un personnage hors
du commun, le père italien Paolo Dall’Oglio, kidnappé et probablement exécuté par
Daesh en juillet 2013. Barbara évoquera le lien du P. Paolo avec l’islam, qu’il disait
nourrir sa foi chrétienne. Notre invitée a accueilli en décembre 2023, l’archevêque
syrien catholique de Homs, Hama et Nebek, Mgr Jacques Mourad venu en Flandre
présenter la traduction en néerlandais de son livre Un moine en otage (2018).
Proche collaborateur du P. Paolo, Mgr Mourad a été en 2015 captif des jihadistes : ce
fut pour lui une expérience spirituelle extraordinaire mais aussi, paradoxalement, de
rencontre avec l’islam

Sa Béatitude Ignace Youssef III Younan, patriarche d’Antioche des
Syriaques catholiques.

Né en 1944, S.B. Youssef III Younan est depuis 2009 patriarche de l’Église
syriaque catholique, une des Église orientales catholiques qui s’est formée
progressivement aux 17 e -18 e siècles, suite au ralliement à l’Eglise romaine d’une
partie de la hiérarchie et des fidèles de l’antique Église syriaque orthodoxe non
chalcédonienne. Ayant assisté à l’ouverture de la 2 e session de la 16 e assemblée
générale ordinaire du synode des évêques à Rome, il vient à Bruxelles visiter,
comme il le fait régulièrement, les fidèles de sa communauté résidant dans notre
pays. Il nous parle de l’état actuel de son Église, petite par le nombre de ses
fidèles (estimés à 250 000) mais grande par les persécutions et les tragédies
qu’elle doit affronter au Liban, en Syrie, en Irak, en Terre sainte… sans oublier les
problèmes posés par l’existence d’une importante diaspora qui a fui le Proche-
Orient.

L’Arche Al Fulk en Haute-Égypte, ou une certaine idée de la dignité de la
personne « différente » ancrée dans l’éthique pharaonique
Depuis plusieurs années, Solidarité-Orient soutient l’action d’une des deux sections de L’Arche en Haute-Égypte. Représentant l’association, le père jésuite copte catholique Adel Azer, nous parle de son grand idéal, l’insertion de la
personne handicapée dans la société et la reconnaissance de sa dignité. Il nous
décrit les initiatives prises en ce sens en Haute-Égypte. Christian Cannuyer,
égyptologue, en profite pour rappeler que le respect de la personne handicapée ou fragilisée est un impératif éthique qu’on trouve déjà dans des textes égyptiens de l’époque pharaonique, dès l’Ancien Empire, il y a plus de 4000 ans, qui ont sans
doute inspiré les « Œuvres de miséricorde » de la tradition chrétienne.