La fac de médecine, un patrimoine à découvrir

Le bâtiment historique de la Faculté de médecine de Montpellier a été construit en 1364, sous l’impulsion du pape Urbain V, alors à Avignon. Les aspects architecturaux extérieurs ont évolué au fil des siècles avec des affectations successives du bâtiment : monastère Saint Benoît et Saint Germain jusqu’à 1536, archevêché à partir du XVII° siècle, et faculté de médecine à partir de la révolution française. Ce qui est actuellement la cathédrale Saint Pierre a subi des évolutions parallèles, elle était initialement la chapelle du monastère. Les bâtiments reçoivent toujours des carabins, après le transfert d’une grande partie des activités d’enseignement sur le « site campus », à proximité de l’hôpital Arnaud de Villeneuve.

Avec le Professeur Thierry Lavabre, nous visitons ce mois-ci le bâtiment construit au XIX° siècle le long du boulevard Henri IV, qui a été essentiellement dédié à l’anatomie, avec notamment la très emblématique salle de dissection. C’est l’occasion d’évoquer l’histoire de la dissection anatomique, et les grandes figures d’anatomistes du XIX° et du XX° siècle, au premier rang desquels est le professeur Paul Gilis. Trois étages au dessus est le musée Delmas-Orfila-Rouvière, du nom d’anatomistes dont deux (Delmas et Rouvière) firent leur formation à Montpellier avant de poursuivre leur carrière universitaire à Paris. Cette collection fut récemment accueillie à Montpellier à la demande de la faculté de médecine Paris-Descartes qui n’avait plus de place pour le loger. Y est associée la magnifique collection de cires Spitzner dont l’objectif était de tourner dans les foires pour enseigner aux sage-femmes les techniques d’accouchement.

Avec le professeur Thierry Lavabre-Bertrand, Michel Voisin visite aujourd’hui les bâtiments qui se situent tout autour de la cour d’honneur de la faculté. Au nord, l’amphithéâtre d’anatomie, construit sur l’initiative de Jean-Antoine Chaptal et inauguré en 1804. Il accueille aujourd’hui les étudiants en médecine de deuxième année, afin qu’ils puissent s’approprier le patrimoine historique, avant de « migrer » en troisième vers le nouveau site campus Arnaud de Villeneuve.
A l’ouest est la salle Dugès, qui fut et reste un lieu d’accueil pour les étudiants, et au dessous de laquelle a été retrouvée une magnifique salle gothique, la salle Urbain V. A l’est est le choretto qui fut au XIX° siècle salle de dissection anatomique, avant d’être réintégrée à la cathédrale.
Cette prestigieuse cour d’honneur se teinte au coucher de soleil de magnifiques couleurs, elle nous ramène aux temps où les moines bénédictins récitaient dans le cloître la liturgie des heures.

Avec le Professeur Thierry Lavabre-Bertrand, vice-président de l’Université de Montpellier chargé du patrimoine, Michel Voisin poursuit la visite du bâtiment historique de la Faculté de Médecine. Nous découvrons aujourd’hui la Salle des Actes, lieu emblématique s’il en est, puisque tout futur médecin, pour recevoir le titre de docteur, revêt la robe de Rabelais pour soutenir sa thèse devant le jury des professeurs, eux-même revêtus de leur toge. Le buste du père de la médecine y est surmonté de l’inscription: « Olim Cos, nunc Monspelliensis, Hippocrates »: jadis, Hippocrate était à Cos, aujourd’hui, il est à Montpellier. Sont commentés les portraits des professeurs de médecine des XIX° et XX° siècle, en consacrant une grande place à Jean-Antoine Chaptal, professeur de chimie à Montpellier, puis ministre de l’intérieur de Bonaparte, auquel notre faculté doit beaucoup.

Avec le professeur Thierry Lavabre-Bertrand, nous poursuivons la visite de la faculté de médecine. A partir de l’atrium, nous pénétrons dans l’aile qui était antérieurement l’appartement de l’évêque. Dans la première salle, aujourd’hui vestiaire des professeurs dans laquelle ils revêtent pour les cérémonies leur toge, sont les tableaux des professeurs du XIII°
au XVII° siècle. En bonne place sont ceux de Rabelais, de Rondelet, de Gui de Chauliac, d’Arnaud de Villeneuve. La deuxième salle était la salle d’apparat, aujourd’hui salle du conseil de la faculté. Les tableaux sont ceux des professeurs du XVIII° et XIX° siècle, avec à la place d’honneur François Gigot de Lapeyronie, peint par Hyacinthe Rigaud. Il suggéra au roi Louis XIV la création du Collège Royal de Chirurgie, qui permit aux barbiers chirurgiens d’intégrer l’université. La troisième salle est la chambre de l’évêque, aujourd’hui antichambre du bureau du doyen, ce dernier, magnifique, ayant été légué à la faculté par Etienne Bouisson.

Avec le professeur Thierry Lavabre-Bertrand, nous poursuivons la visite du bâtiment historique de la fac de médecine. Après en avoir fait le tour extérieur lors de la précédente émission, nous pénétrons aujourd’hui dans l’atrium, dont les derniers aménagements datent du XVIII° siècle,
avec notamment l’escalier de Mgr de Charancy qui mène à la bibliothèque. Le masque mortuaire du pape Urbain V permet d’évoquer sa mémoire. On remarque le tableau peint par Privat au XIX° siècle, qui représente un acte de licence au XIII° siècle, présidée par l’évêque.
Suit la cour d’honneur, qui permet de retrouver les diverses étapes de la vie du bâtiment : les traces du cloître à deux niveaux, et le majestueux « theâtrum anatomicum », érigé à l’initiative de Jean-Antoine Chaptal, alors ministre de l’intérieur de Bonaparte.

La faculté de médecine représente un patrimoine architectural et culturel exceptionnel. Michel Voisin, tout au long de l’année à venir, avec le professeur Thierry Lavabre-Bertrand, directeur du Jardin des Plantes, nous la fera visiter. Dans cette première émission, ils reviennent d’abord
sur les divers lieux d’enseignement : d’abord, le domicile des professeurs, puis l’amphithéâtre qui se situait sur le site actuel de la Panacée, et, depuis la révolution française, grâce à Jean-Antoine Chaptal, le monastère Saint Benoît et Saint Germain, superbe bâtisse du XIV° siècle.

Le deuxième joyau est le Jardin des Plantes, créé en 1593 par lettres patentes du roi Henri IV.
Il avait comme objectif de familiariser les étudiants avec les plantes et leurs vertus thérapeutiques.