Le mercredi c'est le jour où sortent les nouveaux films au cinéma. C'est aussi le jour pour écouter, à 8h45, La Chronique cinéma de Valérie de Marnhac !
A l’affiche cette semaine, 3 films historiques signés de réalisatrices. Le premier, "Il reste encore demain", de Paola Cortellesi, le film-phénomène en Italie. Le second, "Scandaleusement vôtre" de Thea Sharrock, un fait divers défrayant la chronique d’un petit village, en Angleterre dans les années 20. Enfin, "La Nouvelle Femme", le premier long métrage de fiction de Léa Todorov sur les premières années de la vie publique de Maria Montessori.
Anne Fontaine consacre son film "Boléro" à l’une des œuvres les plus connues de Maurice Ravel. Dans le monde, ce morceau est joué en moyenne une fois toutes les 15 minutes. Incarné par Raphaël Personnaz, le film retrace la vie du compositeur marqué par sa grande amie Misia, jouée par Dora Tillier. Un biopic d'un genre nouveau rythmé par une enquête artistique, sensorielle et intimiste.
Direction le 17ème siècle, au cœur de l’aristocratie française, avec le film d’Isabelle Brocard sur « Madame de Sévigné ». Interprétée par Karin Viard, l’histoire retrace l’histoire de ses correspondances adressées à sa fille à qui elle vouait un amour fusionnel mais avant tout toxique. Un voyage au cœur du pouvoir royal absolu de Louis XIV et de l’atmosphère des salons littéraires et mondains de l’époque.
Prague. 1938. Après les accords de Munich, la Tchécoslovaquie cède à Hitler la région des Sudètes. Nicholas Winton, interprété par Anthony Hopkins, découvre l’horreur des premiers camps de réfugiés juifs et décide de s’engager. "Une Vie" de James Hawes met en avant la détermination et le courage d'un homme qui vont permettre de sauver de nombreuses vies. Un film poignant et émouvant.
Aujourd'hui, deux films ont retenu l'attention de Valérie de Marnhac. "Vivants" d'Alix Delaporte nous plonge dans le métier-passion de journaliste à travers les yeux d'une nouvelle stagiaire. Nous découvrons avec elle un journalisme à la recherche de la vérité qui se concentre sur l'utile et le nécessaire. Alix Delaporte montre un monde en train de disparaitre, celui qui l'a formée. Et "Le Molière imaginaire" de Olivier Py nous immerge dans les deux dernières heures de la vie de Jean-Baptiste Poquelin. Ancien directeur du Festival d'Avignon et grand homme de théâtre, Olivier Py prend le parti de réaliser son film en long plan séquence et seulement avec l'éclairage des bougies. Étant donné du peu d'archives historiques sur Molière, il laisse libre court à son imagination.
Avec la sortie du film "La Bête", Bertrand Bonello signe son 9ème long métrage. A cheval entre trois époques, il navigue entre un futur proche où règne l’intelligence artificielle, et un passé dramatique. Dans le rôle de la bête, Léa Seydoux doit purifier sa vie antérieure avant de pouvoir chérir Louis, incarné par George MacKay. Emprise par la peur, elle symbolise cette chose tapie dans l’ombre qui empêche à l’amour d’advenir.
Pour la 4ème édition du prix “Croire au cinéma”, le jury a récompensé le film d’animation “Interdit aux chiens et aux italiens” réalisé par Alain Ughetto et sorti en janvier 2023. Avec des petites figurines en pâtes à modeler animées à la main, le réalisateur raconte l’histoire de ses grand parents qui ont émigré du piémont italien. Un film universel sur tout un siècle d’histoire en Europe: le 19ème.
Aujourd'hui, Valérie de Marnhac nous parle du film " Captives" réalisé par Arnaud Des Pallières. Inspiré du livre de Victoria Mas, Prix Renaudot des lycéens en 2020, l'action se déroule en 1894 à la Pitié-Salpêtrière lors du dernier "bal des folles", un bal mondain ou le tout-Paris venait voir danser des femmes internées dite "folles". Le film est porté par un casting féminin avec notamment Mélanie Thierry, Josiane Balasko ou encore Carole Bouquet.
Jusqu'en 1981, une loi a existé en Italie qui permettait d’annuler une condamnation pour viol si le criminel épousait sa victime, même mineure. C’était la loi dite du « mariage réparateur », elle était censée « sauver l’honneur » du violeur et de la jeune fille, vue comme autant coupable que l’agresseur aux yeux de la société. Pour échapper à cette double-peine, une jeune femme s’est opposée à cette loi inique en refusant d’épouser son agresseur et en portant l’affaire devant les tribunaux. Elle s’appelait Franca Viola, elle est aujourd’hui mère et grand-mère. Elle a 76 ans et le film est inspiré de son histoire.
Deux films français recommandés pour ce mercredi : Le premier ," Un Silence" de Joachim Delafosse qui traite des agressions sexuelles au sein de la famille. Un film très fort et puissant dont il ne faut vraiment pas trop dévoiler l’intrigue si on veut garder toute la tension du récit. Il est construit, à partir d’un flash-back. On comprend dès le départ qu’il s’est passé quelque chose de grave au sein de la famille Schaar. François, le père, est un avocat célèbre, et sa femme Astrid, une épouse plutôt discrète et soumise. Ils sont tous les deux magistralement interprétés par Daniel Auteuil qui retrouve là un vrai grand rôle, et Emmanuelle Devos est exceptionnelle, entre peur et lâcheté.
Le second est "Making-of" une comédie de Cédric Kahn : un film drôle, fin, et plein d’auto-dérision. L'histoire : un tournage désastreux d’un réalisateur désabusé, incarné par Denis Podalydès. Avec Making-of de Cédric Kahn, on se réjouit que la vie soit plus harmonieuse que certains plateaux de cinéma.
Le film de Mattéo Garrone « Moi Capitaine » se passe en Afrique, et son parti-pris artistique et narratif est à l’opposé. Il a choisi le conte ou la fable en introduisant des séquences oniriques esthétiquement très belles, une forme d’évasion mentale pour supporter l’horreur du périple vécu par les candidats à l’exil.
Valérie de Marnhac nous conseille trois films pour les sorties cinéma des vacances de Noël : "Mon ami robot", de Pablo Berger, "Sirocco et le royaume des courants d'air", et la reprise d'"Ernest et Célestine en hiver".
Winter Break, est une œuvre tendre, humaniste, pleine d'espérance. Un film qui se réfère pleinement aux années 1970, puisqu'il rend hommage au cinéma hollywoodien de cette époque. L'histoire se déroule pendant les vacances de Noël au sein d' un lycée très chic de la Nouvelle-Angleterre près de Boston ou trois élèves se retrouvent consignés. Ils vont devoir rester sur place pendant les vacances de Noel pendant que leurs camarades rentrent chez eux pour les fêtes. Valérie de Marnhac nous partage aujourd'hui un film propice à cette période de préparation des fêtes de Noël.
Alice Rohrwacher est une réalisatrice au style singulier, entre conte et récit allégorique. Son dernier film "La Chimère" raconte l'histoire de pilleurs de tombes étrusques, dont l'un des leurs à le don de sentir le vide sous la terre. Pour la réalisatrice chacun à ses chimères, ses rêves irréalisables, fruit de son imagination. Pour certains cela peut être l'appât du gain, la fortune et pour d'autres celui d'un amour absolu.
C'est l'histoire d'Hirayama, un agent d'entretien de toilettes. Son quotidien se répète chaque jour avec les mêmes gestes chaque matin. Il allume l'autoradio de sa voiture et puis il accomplit sa tâche avec soin, déjeune dans le parc voisin et il regarde le ciel. Le synopsis peut paraître passablement ennuyeux, mais c'est sans compter sur le talent de Wim Wenders qui laisse rapidement bercer par le rythme doux et serein du long-métrage.
"Little Girl Blue" de Mona Achache, avec Marion Cotillard dans un rôle qui pourrait lui valoir un césar. Elle incarne Carole Achache la mère de la réalisatrice et elle livre une composition vertigineuse dans un dispositif unique, à mi-chemin entre documentaire et fiction. On voit l’actrice Cotillard arriver dans le studio, se métamorphoser sous nos yeux, jusqu’à ressembler parfaitement à Carole. Elle enfile ses vêtements, ses bijoux, son parfum, des lentilles pour changer la couleur de ses yeux. Elle s’entraine à parler en play-back sur la voix enregistrée de cette femme, elle épouse même ses silences, ses soupirs. C’est extrêmement troublant et très puissant. Pour Mona Achache surtout, sa fille, qui cherche ainsi à redonner vie à sa mère, pour essayer de comprendre qui elle était vraiment, son parcours et le mystère de sa mort. Elle s’est suicidée en 2016.
Valérie de Marnhac conseille deux films à l'affiche ce matin : "Goodbye Julia" de Mohamed Kordofani, et "L'abbé Pierre, une vie de combats" de Frédéric Tellier.
Le 17 juillet 2024, Emmaüs International, d’Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre ont révélé des faits d’agressions sexuelles commis par l’abbé Pierre. Depuis, le 6 septembre 2024, de nouvelles révélations ont été faites, suivies de la publication d’un troisième rapport publié le 13 janvier 2025.
L’ampleur de ces révélations s’est heurtée à l’immense popularité du prêtre, longtemps vu comme une figure de la charité, plusieurs fois cité comme "personnalité préférée des Français".
À la souffrance des victimes s’ajoute la sidération du grand public. Que savait-on et depuis combien de temps au sein des associations que le prêtre avait fondées et de l’Église catholique ?
> Retrouvez sur RCF l’ensemble des articles sur l’affaire abbé Pierre
Une fresque grandiose, d’un lyrisme flamboyant et un vrai plaisir esthétique. Bellocchio jeune rêvait d’être peintre et dans certains plans, il joue des clairs-obscurs à la façon d’un Rembrandt. L’image est somptueuse ! Mais il s'agit d'une affaire qui a enflammé l'Italie dans la 2e moitié du XIXe siècle. Elle est même devenue un scandale international. La France entre autres s’en est mêlée. C’est l’affaire Mortara, du nom de famille d’un jeune garçon juif de 6 ans, Edgardo, enlevé à sa famille par les soldats du pape Pie IX, pour être élevé dans la religion catholique, après que sa nourrice l’ait baptisé en cachette. L’Eglise, toute puissante à Rome à l’époque, imposait une éducation chrétienne
à tout baptisé.
Le film a créé l’évènement au Festival de Cannes où il a été projeté hors compétition. Voir réunis sur le tapis rouge 3 géants du cinéma mondial comme Scorsese, De Niro et Di Caprio, était un grand moment, émouvant, la rencontre de deux générations, avec les deux acteurs fétiches de Scorsese, et, pour Scorsese et DeNiro, de deux octogénaires d’origine italienne ayant connu la même enfance pauvre dans le New York d’après-guerre.
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