Chronique psychologie
La solitude, la gratitude, la bienveillance...Marie Luzurier, professeur de philosophie et responsable de l’association Astrée, nous invite à être attentif à notre entourage à travers des chroniques “psychologie” sur RCF Alpha
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Joie et douce mélancolie de l'automne
20 septembre 2024La rentrée scolaire
6 septembre 2024Marie Luzurier nous présente sa chronique philo sur la rentré scolaireL’Etat peut-il être juste ?
4 juin 2024L'histoire des sociétés humaines gravite autour de la recherche d'un monde plus juste nécessaire à la vie commune. L'Etat est supposé assurer la justice et l'équité pour tous. Mais des inégalités sont perçues comme injustes : ainsi les revenus exorbitants de certains dirigeants mettent en cause l’égalité fondamentale de tous. D'où la question de savoir si et comment l'Etat peut être juste.
Quels obstacles doit-il surmonter ? De quels leviers dispose-t-il ?
L’Etat est l'institution politique qui a pour fonction d'harmoniser la vie en société en faisant respecter les lois. Il a ainsi pour finalité d'instaurer la justice. La justice (du latin justitia) signifie à la fois « conformité avec le droit »et « esprit d’équité ». De là, la justice au sein de l'Etat peut être entendue de 2 façons :
? d'une part comme le respect des droits de l'homme : l'Etat doit garantir que les droits fondamentaux de tous les citoyens soient assurés, sansdistinction. Seul un Etat de droit, où les lois protègent chacun, de manière identique, peut être juste.
? D’autre part, elle peut être comprise comme l'équité, principe de justice sociale : attribuer à chacun ce qui lui est dû, c'est l'égalité des chances pour tous. John Rawls (Théorie de la justice, 1971) retrouve ici la justice distributive aperçue par Aristote, pour qui la justice doit se préoccuper de la répartition, à proportion du mérite, des honneurs et des richesses ; pour Rawls, nul ne mérite
ses capacités naturelles supérieures ni un point de départ moins favorable. Toute question de justice distributive doit se faire « au point de vue » de ceuxqui ont le moins.
La question de la justice et des inégalités sociales se pose avec les révolutions
démocratiques. Tous les êtres humains « naissent libres et égaux en droit ». D’où une contradiction entre les inégalités sociales et l'égalité fondamentale de tous. La justice dans l'Etat se heurte à des difficultés.
. La première est l'inégalité économique qui réside dans la distribution des revenus ou des richesses, ce que révèle le patrimoine des Français. 1% des Français les plus aisés détiennent 17% des richesses et les possessions de 50% des Français les plus pauvres ne correspondent qu'à 8% du patrimoine total.
Delà naissent des inégalités sociales face au logement, à la santé, à l’alimentation, à l'éducation. Pour résoudre cette contradiction entre les inégalités sociales et l'égalité fondamentale de tous, les sociétés industrielles européennes ont choisi de promouvoir l'égalité économique et de réduire l'écart entre les plus aisés et
les plus démunis par une redistribution équitable de la richesse, grâce à la croissance économique, l'impôt progressif et l’Etat providence Ces sociétés sont parvenues au cours du 20éme siècle à réduire les inégalités et à resserrer la distance entre les positions sociales.
Depuis la fin du 20éme 45 siècle, les politiques de justice sociale visent moins l'égalité sociale que l'équité. La société la plus juste n'est plus la société la plus égalitaire
mais celle où chacun aurait les chances d'accéder à toutes les positions. Or si les enquêtes d’opinion montrent que les citoyens français préfèrent la justice à l’injustice, l’égalité à l’inégalité, ils défendent les inégalités dont ils bénéficient.
Donc, l'engagement en faveur de la justice exige que les membres d'une société soient reliés par une forte solidarité afin qu'ils « acceptent des sacrifices en faveur de l'égalité des autres » pour reprendre l’expression du sociologue F. Dubet.
Un autre obstacle majeur à l'Etat juste est la corruption. Celle-ci affaiblit les institutions démocratiques qui ont pour fonction de préserver certaines valeurs, telle la probité, comme un idéal d'égalité politique. Elle freine la croissanceéconomique et donc celle des revenus. D'où les effor de l'Etat pour luttercontre la corruption. Cette lutte s'origine dès la Déclaration des droits del'homme et du citoyen (article 15).La recherche du bonheur nous condamne-t-elle à l'insatisfaction ?
30 avril 2024La recherche du bonheur nous condamne-t-elle à l'insatisfaction ?
La recherche du bonheur est ce qui donne sens à nos pensées et à nos actes. En
effet, lorsqu'on s'interroge sur le sens de la vie, une idée vient à l'esprit : le bonheur, bien ultime, souverain Bien, désirable absolu. Mais nous ne désirons pas tous les mêmes choses et les moyens pour parvenir au bonheur dépendent de nous ?de nos efforts? mais aussi du hasard qui peut ou non appuyer nos desseins.
Ce que nous visons, sans le savoir, quand nous recherchons le bonheur, ne nouscondamne-t-il pas à l’insatisfaction ? Comme l'observe Sénèque dans le préambule de De la vie heureuse, nous ne sommes pas heureux en général non faute de désirer mais parce que nous ne savons pas ce que nous recherchons.
1) Tout d'abord, en recherchant un bonheur illusoire, nous laissons échapper
le bonheur présent et vivons dans l'avenir. La poursuite de biens apparents, c'est- à-dire de ce que l'on considère habituellement comme pouvant rendre heureux, comme la richesse, les honneurs, le pouvoir, le prestige ?moteur des actions humaines si l'on en croit N. Elias? nous laisse insatisfaits ; un désir satisfait en fait naître d'autres et une fois obtenu ce que nous convoitons, « nous risquons au pire l'ennui, au mieux de vouloir autre chose ». C’est ce que soulignait
Schopenhauer : quand l'objet manque nous en souffrons et faisons tout pour l'avoir et, quand il est là, nous regrettons le temps où sa recherche animait l'existence,
20 car désirer « tient en mouvement ». Dans cette poursuite de biens vains, nous ne vivons pas l'instant et connaissons l'insatisfaction, nous sommes esclaves de fins dont nous ne maîtrisons pas la réalisation
2) Quel bonheur rechercher pour éviter l'insatisfaction ? En nous détachant des biens illusoires, nous pourrions rechercher le bonheur véritable en centrant notre volonté sur ce qui dépend de nous. C'est la solution préconisée par la philosophie stoïcienne qui se propose de définir la vie bonne, la vie heureuse en acceptant rationnellement ce qui arrive. Mais un tel état ?celui du sage? qui parvient à demeurer en paix avec lui-même, habite rarement nos semblables portés à rechercher des biens apparents plutôt qu'à tendre vers un idéal de sagesse.
Cette recherche d'un bonheur idéal nous asservit en nous rendant prisonniers de cet idéal de nous-mêmes, que nous nous fixons
sans l'atteindre et qui nous laisse insatisfaits.
Si nous sommes en quête du bonheur, c'est parce que nous sommes
souvent soumis au malheur. N'est-il pas alors indispensable de comprendre ce qui fonde le malheur afin d'éviter la déception ?
Contrairement à ce que nous croyons,
observe Spinoza, nous ne sommes pas la seule cause de nos actes et ne disposons pas d'une connaissance complète de ce qui nous détermine. C'est donc l'ignorance qui nous rend malheureux et dépendants de bien vains comme d'un bonheur idéal inaccessible.
b) C'est en comprenant ce qui nous détermine, c'est-à-dire les mécanismes qui nous font vivre certaines expériences, insiste Spinoza, que nous pouvons les transformer et passer de la tristesse à la joie. Ainsi, le journaliste Antoine Leiris, auteur de l’ouvrage Vous n'aurez pas ma haine a compris que la tristesse consécutive au décès de sa femme, tuée au Bataclan, avait d'abord pour cause son amour pour elle et non les terroristes.
En interprétant de la sorte les événements d'une façon qui nous aide à vivre et non qui accroît notre tristesse, nous retrouvons
la joie. Nous nous concentrons alors sur notre force de vivre pour y trouver de quoi nous réjouir et nous émerveiller. Comprendre nos émotions permet de cheminer dans la joie de la connaissance rationnelle.échapper à l’éducation de l’instant
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