Dans toutes les grandes traditions religieuses du monde on trouve cette propension à se retirer du monde, pour vivre le silence et la solitude.
Le numéro 14 (Hiver 2018) de la revue Ultreïa - dont RCF est partenaire - publie un dossier "Pourquoi se retirer du monde? Ermites, désert, silence, solitude". Un dossier auquel collaborent notamment Christian Bobin, avec ses "Lettres de la forêt", quatre textes inédits ; Christine Jordis y raconte l'histoire de Kim Jeong-hui, maître de sagesse coréen du XIXè siècle plus connu sous le nom de Chusa ; Blanche de Richemont évoque la figure spirituelle hindoue Mâ Ananda Moyî, femme mystique du XXè siècle ; ou encore fr Gilles Baudry, moine de l'abbaye de Landévennec, publie un très beau texte sur "l'offrande monacale".
Une pluralité d'auteurs pour montrer que "c'est une universalité que cette quête de solitude et de silence et de désencombrement", comme l'explique Florence Quentin, la rédactrice en chef de la revue.
Dans toutes les grandes traditions religieuses du monde on trouve cette propension à se retirer du monde, pour vivre le silence et la solitude. Ainsi dès le IIè siècle av. J.-C., en Égypte, des ermites se retiraient au désert, ceux-là même qui ont inspiré plus tard Antoine le Grand et Pacôme le Grand, considérés comme les fondateurs du monachisme et du cénobitisme chrétiens.
Plus spécifiquement, les trois monothéismes "sont nés dans le désert", comme le précise Florence Quentin. Il n'y a qu'à considérer Moïse, qui reçoit les Tables de la loi au sommet du mont Sinaï, Jésus qui se retire 40 jours au désert pour y être tenté, et enfin le prophète Mohammed qui se retire dans la grotte de la Hira pour méditer loin de la foule. "Toutes ces traditions enjoignent le croyant à se confronter à lui-même, à s'émonder, à brûler les scories intérieures et aussi à faire l'expérience du silence pour que le divin puisse s'exprimer."
Y a-t-il un paradoxe entre l'importance de la communauté pour les croyants, de l'amour du prochain, et cette quête de solitude qui donne l'impression que l'on fuit le monde ? C'est que précisément les renonçants ne fuient pas le monde, comme le dit Florence Quentin, "ils participent tout autant à l'amour du prochain que ceux qui portent la parole dans le monde". Dans leur solitude habitée, ils prient pour les autres.
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