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Sainte Mechtilde de Hackeborn et sainte Gertrude de Helfta ou Gertrude la Grande
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Sainte Mechtilde de Hackeborn et sainte Gertrude de Helfta ou Gertrude la Grande

Un article rédigé par Jean-Luc Moens - 1RCF Belgique, le 13 janvier 2023  -  Modifié le 13 janvier 2023
A l'école des Saints Mechtilde de Hackeborn et Gertrude de Helfta

Deux saintes allemandes qui ont ouvert la voie à la dévotion au Coeur de Jésus.

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Vous savez que j’aime souligner combien la sainteté se développe en groupe. Je parle souvent de grappes de saints. On pourrait aussi parler – pour utiliser un mot à la mode – de « cluster » de saints : un peu comme si la sainteté était contagieuse en certains endroits et que toutes les personnes qui y vivent sont comme contaminées par la sainteté.

 

C’est ainsi qu’il y a des sortes d’écoles de sainteté comme l’école française de spiritualité fondée par le cardinal Pierre de Bérulle qui a donné des saints comme Jean Eudes, Vincent de Paul ou Louis-Marie Grignion de Montfort.

 

Dans l’histoire de la spiritualité allemande, il y a un monastère de moniales cisterciennes qui a été aussi une véritable pépinière de saintes : c’est le monastère de Helfta, près d'Eisleben, en Saxe, au bord du lac de Seebourg.

 

Les soeurs Hackeborn, sainte Gertrude et le monastère

 

Ce monastère a été fondé en 1258 par l’abbesse Gertrude de Hackeborn, fille de la puissante famille des barons de Hackeborn, apparentée à l’empereur Frédéric II, alliés aux Hohenstaufen et propriétaires de grands biens en Thuringe du Nord et dans le Harz.

 

 

Cette abbesse Gertrude est née en 1232. Elle a été d’abord abbesse du monastère de Rossdorf qui a dû émigrer à Helfta, dans le domaine des Hackeborn, pour des problèmes d’approvisionnement d’eau. L’abbesse Gertrude est dotée d’une forte personnalité. Elle a été abbesse pendant quarante ans, et a fait de son monastère un centre de mystique et de culture, une école de formation scientifique et théologique. L’abbesse Gertrude a offert aux moniales de Helfta une instruction intellectuelle de haut niveau, qui leur a permis de cultiver une spiritualité fondée sur l’Écriture Sainte, sur la liturgie, sur la tradition patristique, sur la Règle et la spiritualité cisterciennes. Helfta est aussi devenu un centre spirituel axé sur le Cœur de Jésus. Gertrude de Hackeborn est vénérée comme une sainte. Sa fête est le 15 novembre.

 

Elle a une sœur de sang : Mechtilde de Hakceborn (la traduction en français de Mechtilde est Mathilde), née en 1241 ou 42, de 10 ans sa cadette. Quand Mechtilde a 7 ans, elle visite sa grande sœur dans son monastère de Rossdorf et elle ressent une très grande attirance pour la vie monastique. Elle y entre alors comme écolière. Je rappelle que le monastère était à l’époque un centre de formation intellectuelle de haut niveau. Finalement, Mechtilde entre définitivement au couvent en 1258 et s’installe avec sa sœur à Helfta.

 

2 Gertrude et 2 Mechtilde, 4 saintes

 

En 1261, une petite fille de 5 ans arrive à Helfta. Elle s’appelle aussi Gertrude et on l’appellera plus tard Gertrude de Helfta ou Gertrude la Grande pour ne pas la confondre avec Gertrude de Hackeborn, l’abbesse du monastère. Une quatrième femme de grande envergure va rejoindre ce trio, c’est Mechtilde de Magdebour, une sainte béguine qui arrive au monastère vers la fin de sa vie. J’espère que cela ne vous met pas dans la confusion : il y a deux Gertrude et deux Mechtilde, toutes les quatre sont saintes !

 

Mechtilde de Hackeborn s’occupe de la formation de Gertrude de Helfta

 

Une profonde amitié va unir les deux femmes et c’est grâce à Gertrude que nous connaissons la vie mystique et secrète de sainte Mechtilde. En effet, à l’âge de 50 ans, Mechtilde traverse une grave crise spirituelle unie à des souffrances physiques. Elle se confie alors à Gertrude et une autre sœur. Elle leur raconte comment Dieu l’a guidée depuis son enfance. Ce que Mechtilde ne sait pas, c’est que ses confidences sont mises par écrit par nos deux sœurs. Lorsqu’elle s’en rend compte, elle est extrêmement troublée, mais le Seigneur la rassure : il lui fait comprendre que ces écrits seront pour la gloire de Dieu et le bénéfice de son prochain. Cette œuvre s’appelle Liber specialis gratiae, « Le livre de la grâce spéciale ».  C’est la source principale d’informations sur la vie et la spiritualité de sainte Mechtilde de Hackeborn. Les deux rédactrices affirment clairement l’objectif de leur écrit : 

 

Ce que nous avons écrit est bien peu au regard de ce que nous avons omis. Nous publions ces choses uniquement pour la gloire de Dieu et au bénéfice de notre prochain, car il nous semblerait injuste de garder le silence sur les si nombreuses grâces que Mechtilde reçut de Dieu, moins pour elle-même, à notre avis, que pour nous et pour ceux qui viendront après nous

 

(Mathilde de Hackeborn, Liber specialis gratiae, VI, 1)

 

Mechtilde

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Mechtilde a joué un rôle important dans le monastère d’Helfta. Très jeune, elle devient la directrice de l’école du couvent. Elle possède une voix magnifique qui lui mérite le surnom de « rossignol de Dieu » et lui donne une place centrale dans la prière liturgique. Elle assume ensuite le rôle maîtresse des novices. Elle est réputée pour sa sagesse et sa bonté.

Sa vie spirituelle s’enracine dans la liturgie et la pratique de la « Lectio Divina ». En même temps, elle reçoit des faveurs mystiques et traverse de grandes souffrances qui s’ajoutent aux dures pénitences qu’elle s’inflige pour la conversion des pécheurs.


Dans la catéchèse qu’il lui a consacrée, le pape Benoît XVI trace les grandes lignes de sa spiritualité. J’en dégage quelques-unes qui peuvent nous aider dans notre propre cheminement vers la sainteté :

 

  • L’importance de la Parole de Dieu : Mechtilde manifeste une connaissance profonde de l’Écriture obtenue par pratique assidue de la lectio divina. Jésus lui-même la conduit vers sa Parole. Il lui confie au cours d’une vision : « Vois combien mon amour est grand : si tu veux bien le connaître, tu ne le trouveras nulle part ailleurs mieux exprimé que dans l'Évangile. Personne n'a jamais entendu exprimer des sentiments plus forts et plus tendres que ceux-ci : Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés (Jean XV, 9). »

Cet amour de la Parole de Dieu est confirmé par les témoins de l’époque. Je cite ici le Liber specialis gratiae : «Les paroles de l'Évangile étaient pour elle une nourriture merveilleuse et suscitaient dans son cœur des sentiments d'une telle douceur que souvent, prise par son enthousiasme, elle ne pouvait en terminer la lecture... La manière dont elle lisait ces mots étaient si fervente qu'elle suscitait chez tous la dévotion. De même, lorsqu'elle chantait dans le chœur, elle était tout absorbée en Dieu, transportée par une telle ardeur qu'elle manifestait parfois ses sentiments avec des gestes... D'autres fois, comme ravie en extase, elle n'entendait pas ceux qui l'appelaient ou la secouaient et elle avait beaucoup de difficultés à reprendre conscience des choses extérieures. »

  • Le rôle central de la liturgie : toute la vie du monastère d’Helfta est centrée sur la prière liturgique, la prière des heures à laquelle Mechtilde accorde une très grande importance. « La capacité, explique Benoît XVI, que cette sainte possède de vivre la liturgie dans ses différents éléments, même les plus simples, en la portant dans la vie quotidienne monastique, est impressionnante. »
  • Les fêtes liturgiques illuminent aussi la vie spirituelle de Mechtilde. C’est ainsi que le Liber specialis gratiae est le fruit de confidences faites par la sainte lors des fêtes du Seigneur, de la Vierge Marie et des saints.
  • L’eucharistie et la communion eucharistique sont au centre de la piété de Mechtilde. Il n’est pas rare qu’elle entre en extase dans une profonde intimité avec son Seigneur.
  • Mechtilde a une piété profondément christocentrique. Les mystères du Christ sont au cœur de ses méditations. La Vierge Marie l’y encourage en lui disant : « Si tu désires la véritable sainteté, reste près de mon Fils; Il est la sainteté même qui sanctifie toute chose. »
  • Mechtilde joue aussi un rôle de précurseur dans la dévotion au Cœur de Jésus, insistant plus sur la figure du Christ glorieux que sur la figure du Serviteur souffrant. Elle reçoit des visions du Cœur de Jésus, non comme un amour méconnu, mais comme un amour victorieux. Le Seigneur l’a fait reposer « tout près de son Cœur et lui dit : Reçois mon Cœur tout entier ». Et son âme « sent alors la divinité́ se répandre en elle comme un fleuve au courant puissant. » Elle déclare : « L’amour du Christ pour nous est un amour victorieux, parce qu’il est un amour de miséricorde et de paix. » ou encore « Je considère, par-delà ses plaies, le cœur blessé et rompu par son excès d’amour. »
  • Mechtilde, enfin, a une âme universelle. Elle intercède pour le monde entier, pour le salut de tous les pécheurs. Elle est consciente de la valeur salvifique de la souffrance offerte en union avec celle de Jésus sur la croix. C’est ainsi, par exemple, que voyant sa fin approcher, elle demande à Jésus et obtient de lui de pouvoir vivre encore dans la souffrance pour le salut des âmes.

 

Mechtilde meurt à 58 ans, en 1298. Elle est une des grandes figures de la mystique rhénane et une des fondatrices de la dévotion au Sacré-Cœur. Ses intuitions vont être continuées et approfondies par sa disciple, Gertrude de Helfta, Gertrude la Grande.

 

Gertrude

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Comme nous l’avons vu, Gertrude est entrée au monastère à l’âge de 5 ans en 1261. Benoît XVI dit à son propos dans sa catéchèse du 6 octobre 2010 que c’est (je cite) :

 

l'une des plus célèbres mystiques, seule femme en Allemagne à recevoir l'épithète de “Grande”, en raison de sa stature culturelle et évangélique : à travers sa vie et sa pensée, elle a influencé de manière singulière la spiritualité chrétienne. C'est une femme exceptionnelle, dotée de talents naturels particuliers et d'extraordinaires dons de grâce, d'une profonde humilité et d’un zèle ardent pour le salut du prochain, d'une intime communion avec Dieu dans la contemplation et de disponibilité à venir au secours des plus démunis.

 

Voilà : le décor est planté ! Gertrude de Helfta est une personnalité hors du commun.


On ne sait rien de sa famille. Le Seigneur lui révèle d’ailleurs que cet éloignement de ses proches fait partie de son plan afin que l’amour et l’affection dont elle fera l’objet ait Dieu pour unique source.


Gertrude va passer toute sa vie dans le monastère de Helfta et y reconnaît une grande grâce de Dieu qui l’a prédestinée à grandir au milieu des vierges consacrées. Elle y reçoit une éducation très poussée. Elle se passionne pour les études profanes où elle excelle : littérature, musique et chant, art de l’enluminure… Je vous rappelle que le monastère de Helfta n’est pas seulement un centre de spiritualité, mais aussi un centre d’étude et de culture. Gertrude s’adonne à l’étude avec ardeur et ténacité. Elle a un caractère fort, décidé, immédiat et impulsif. Elle se trouve négligente, mais elle reconnaît ses défauts et elle en demande humblement pardon. Certains de ses défauts ne disparaîtront pas complètement, malgré ses efforts. Comme elle va faire l’objet de grandes grâces mystiques, des personnes s’étonneront que Dieu puisse se manifester chez une moniale ayant de tels défauts. Moi, cela me rassure plutôt. La sainteté n’est pas la perfection ou l’absence de défauts. La sainteté est avant tout dans l’humilité, la reconnaissance de son état de pécheur… et là, Gertrude n’est pas en reste.

 

Gertrude est donc passionnée de culture profane tout en étant moniale dans le monastère de Helfta. Elle va vivre ainsi pendant 20 années sans que rien d’extraordinaire ne vienne bousculer son rythme de vie. Les choses changent au cours de l’Avent 1280. Elle commence à ressentir un dégoût pour tout ce qui précédemment la passionnait. Elle perçoit la vanité de sa vie précédente, et le 27 janvier 1281, quelques jours seulement avant la fête de la purification de la Vierge, vers l’heure des Complies, le soir, le Seigneur illumine ses denses ténèbres. On peut parler d’une véritable expérience de conversion qui se concrétise dans deux directions :

 

  • Le premier domaine de conversion sont les études : elle abandonne les études humanistes profanes pour se consacrer désormais à l’étude de la théologie. Elle reconnaît s’être consacrée avec trop d’ardeur aux études libérales, à la sagesse humaine, en négligeant la science spirituelle, se privant du goût de la véritable sagesse.
  • Le second domaine de conversion est l’observance monastique : elle passe d’une vie qu’elle qualifie de négligente à une vie de stricte observance des règles accompagnée de prière intense et mystique, et d’une exceptionnelle ardeur missionnaire. Le Seigneur la fait passer par grâce, je la cite,  « des choses extérieures à la contemplation intérieure, des occupations terrestres au soin des choses célestes ».

 

On lit la description de ce passage dans sa biographie intitulée Les Révélations : « C'est ainsi que de grammairienne elle devint théologienne, relisant sans cesse les pages divines qu’elle pouvait se procurer, et remplissant son cœur des plus utiles et des plus douces sentences de la Sainte Écriture. Aussi avait-elle toujours à sa disposition la Parole de Dieu afin de satisfaire ceux qui venaient la consulter et de réfuter toute idée fausse par des témoignages de la Sainte Écriture employés si à propos, qu'on n'y trouvait rien à objecter » (Les Révélations, I, 1, p. 25). 

 

À partir de ce moment, Gertrude devient missionnaire. Elle ne veut pas garder pour elle les grâces qu’elle reçoit gratuitement et indignement de son Seigneur. Elle se dit que si le Seigneur se manifeste à elle malgré son indignité profonde, c’est pour qu’elle partage avec d’autres les dons qu’elle a reçus. Elle se met donc à écrire  - je cite Benoît XVI – pour « divulguer la vérité de la foi avec clarté et simplicité, grâce et persuasion, servant avec amour et fidélité l’Église, au point d’être utile et appréciée par les théologiens et les personnes pieuses. Il nous reste peu de son intense activité, notamment en raison des événements qui conduisirent à la destruction du monastère d’Helfta. Outre Le Héraut de l'Amour Divin ou Les révélations, il nous reste les Exercices spirituels, un rare joyau de la littérature mystique spirituelle. » 

 


Parmi les grâces insignes dont bénéfice Gertrude, il y a la révélation du Cœur de Jésus qui s’était déjà manifesté chez Mechtilde, son amie et maîtresse des novices. Voici la description que Gertrude donne de son repos que le cœur de son Seigneur (elle parle d’elle-même à la troisième personne) :

C’était comme si le cœur de son âme touchait le cœur divin. Et, dans ce doux repos, bientôt, elle perçut dans le Cœur du Seigneur deux battements merveilleux et plein de suavité́. [...] le premier battement est ordonné́ au salut des pécheurs, le second, à celui des justes.

 

Et elle ajoute :

Les très saintes pulsations, qui faisaient battre sans cesse le Cœur divin, lui causaient une jouissance indicible.

 

Dans une autre vision, Gertrude demande à saint Jean qui avait aussi reposé sur le cœur de son maître pourquoi il avait gardé́ le silence. Et l’apôtre de lui répondre : 
« Ma mission était que je manifeste à la jeune Église, par une seule parole, le Verbe incréé́ de Dieu le Père, et que cette parole soit capable de satisfaire l’intelligence du genre humain tout entier jusqu’à la fin du monde, bien que personne ne parvienne jamais à la comprendre en plénitude. Quant à la douce éloquence de ces pulsations, elle est réservée aux temps actuels, afin qu’en les écoutant, le monde déjà̀ vieilli et engourdi dans son amour pour Dieu, puisse retrouver sa ferveur. »

 

Gertrude est touchée profondément par la grâce de Dieu, spécialement par deux faveurs liées au Cœur de Jésus qu’elle décrit comme suit :


« La première est l'empreinte que vous avez formée sur mon cœur, par les splendides joyaux de vos plaies sacrées. La seconde est cette blessure d'amour si profonde et si efficace que, (dussé-je vivre mille ans dans le plus complet délaissement), je goûterais sans cesse un bonheur ineffable au souvenir de ces deux bienfaits. Ils me seraient à chaque heure une source suffisante de consolation, de lumière et de gratitude. Pour ajouter à ces faveurs, vous m'avez encore admise à l'incomparable familiarité de votre tendresse, en m'offrant l'arche très noble de votre divinité, c'est-à-dire votre Cœur sacré, pour que j'y trouve mes délices [...]. Enfin vous m'avez donné pour avocate votre très douce Mère la bienheureuse Vierge Marie, me recommandant plusieurs fois à elle avec autant de tendresse qu'en mettrait un époux à confier à sa propre mère l'épouse qu'il s'est choisie » (ibid., II, 23).

 


Gertrude, après Mechtilde, est donc précurseur de la dévotion au Cœur de Jésus qui sera liée aux apparitions de Paray-le-Monial à sainte Marguerite-Marie quelque 300 ans plus tard.

 

Elle meurt le 17 novembre 1301 ou 1302 à l’âge d’environ 46 ans. Elle rejoint son Seigneur comme elle l’a écrit dans la prière de préparation à la mort qu’elle propose dans ses Exercices :

O Jésus, toi qui m’es immensément cher, sois toujours avec moi, pour que mon cœur demeure avec toi et que ton amour persévère avec moi sans possibilité de division et que mon trépas soit béni par toi, afin que mon esprit, libéré des liens de la chair, puisse immédiatement trouver le repos en toi. Amen

(Exercices, Milan 2006, p. 148).
 

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©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
A l'école des Saints

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