Sainte Jeanne Beretta Molla
Médecin et mère de famille, Jeanne a donné sa vie pour que l'enfant qu'elle attendait vive.
Gianna Beretta (Jeanne) est née à Magenta, près de Milan, en 1922. Elle est la dixième de treize enfants. Cinq d’entre eux meurent en bas âge. Sa famille est profondément pratiquante. Ses parents sont des personnes hors du commun, pleins de foi, fervents, engagés dans le tiers-ordre franciscain. Ils participent à la messe quotidienne. Ils aident les pauvres et les missions. Ils sont un exemple pour tous leurs enfants et cet exemple fait de leur famille un terreau de sainteté : parmi leurs enfants, il y a une sainte, un missionnaire, une religieuse et un prêtre diocésain. J’aime souligner l’importance de la famille comme incubateur de futurs saints !
Une ferveur précoce
Jeanne fait sa première communion à l’âge de 5 ans. À partir de ce moment, comme l’a fait plus tard le jeune Carlo Acutis, elle va à la messe et communie tous les jours. Elle entame ainsi un véritable chemin spirituel et grandit dans son désir d’aimer le Seigneur. Elle reçoit le sacrement de confirmation à l’âge de 8 ans. À 16 ans, Jeanne participe aux Exercices de saint Ignace au cours d’une retraite qui va marquer toute sa vie et la lancer dans l’oraison, le cœur à cœur avec Dieu. À la fin de la retraite, elle écrit différents engagements : Tout faire pour le Seigneur... Pour servir Dieu, ne plus aller au cinéma sans s'assurer qu'il s'agit d'un film convenable... Je préfère mourir plutôt que de commettre un péché mortel... Dire le «Je vous salue Marie» tous les jours pour que le Seigneur me donne une sainte mort...
Le chemin de l'humiliation est le plus court pour arriver à la sainteté. Prier le Seigneur de me conduire au Paradis.
La santé de Jeanne n’est pas excellente. Pour cette raison, ses parents l’arrêtent pendant un an dans ses études secondaires. En 1941, l’Italie et le monde sont en guerre. Il y a des bombardements un peu partout. Pour en échapper, la famille Beretta se réfugie à Bergame, dans la maison des grands-parents maternels. C’est dans cette ville que Jeanne termine ses études secondaires. Elle s’engage dans les jeunes de l’Action catholique et sert aussi les pauvres et les vieux avec les Conférences de Saint Vincent de Paul. C’est aussi à Bergame qu’elle perd son père et sa mère à quelques mois d’intervalle. Elle a seulement 20 ans.
La médecine au service de la vie et des pauvres
En 1942, Jeanne commence des études de médecine à Milan puis à Pavie. Elle obtient son diplôme de docteur en médecine et en chirurgie le 30 novembre 1949. Elle ouvre alors un dispensaire à Mesero, près de sa ville natale de Magenta. Elle se spécialise encore en pédiatrie à l’université de Milan en 1952. Dans l’exercice de son métier, elle est spécialement attentive aux mères et à leurs enfants, aux personnes âgées, aux pauvres et d’une manière générale à tous ceux et celles qui sont marginalisés.
Une intense recherche vocationnelle
Jeanne se caractérise par une grande joie de vivre. Elle a du dynamisme à revendre. Elle est de plus en plus engagée dans l’Action Catholique des jeunes. Elle fait du ski et de l’alpinisme. Elle aime la peinture et la musique. Elle cherche aussi sa vocation. Va-t-elle se marier ou se donner à Dieu dans le célibat ? Elle prie pour que le Seigneur l’éclaire et elle demande aussi à d’autres de prier à cette intention. Lorsque les choses s’éclairent, Jeanne s’engage avec joie dans la direction du mariage. Elle rêve de faire comme ses parents, construire une famille profondément chrétienne. Elle se fiance alors avec Pietro Molla, un jeune ingénieur qu’elle a rencontré quelques années auparavant. Le mariage est célébré le 24 septembre 1955 dans la basilique St-Martin de Magenta. Rapidement, le jeune couple accueille des enfants qui font leur joie : Pierre-Louis naît en novembre 1956, Mariolina en décembre 1957 (elle mourra à l’âge de 7 ans) et Laura en juillet 1959. Jeanne est une mère de famille qui exerce son métier. C’est l’histoire d’une famille heureuse jusqu’en septembre 1961.
Une vie de famille fructueuse
Depuis deux mois, Jeanne est enceinte de son quatrième enfant. Elle ressent une douleur dans l’abdomen et les médecins diagnostiquent un fibrome à l’utérus. Jeanne, comme médecin, est consciente de la gravité de la situation. Il faudrait opérer mais cela comporte de graves risques pour la vie du fœtus qui pourrait ne pas survivre. Jeanne décide, de commun accord avec son mari Pietro, de ne rien faire qui puisse nuire à la vie de l’enfant qu’elle attend. Elle veut sauver la vie de ce bébé à tout prix et se confie quant à elle à la Providence. Elle vit les 7 mois de grossesse restant dans la prière et l’abandon avec une force d’âme qui impressionne tout son entourage.
Peu de temps avant l’accouchement, Jeanne réitère sa décision de donner la priorité à la vie de son bébé plutôt qu’à le sienne : « Si vous devez décider entre moi et l’enfant, n’hésitez pas : choisissez, et je l’exige, l’enfant. Sauvez-le. » C’est ce que les médecins vont faire. Le 21 avril 1962, Jeanne accouche d’une belle petite fille en bonne santé. C’est Jeanne-Emmanuelle. Après la naissance, les médecins peuvent faire tout leur possible pour sauver la mère. Mais rien n’y fait. L’état de la jeune maman, atteinte d’une péritonite, s’aggrave de jour en jour. Le matin du 28 avril, Jeanne Beretta Molla meurt saintement à 39 ans après avoir beaucoup souffert en répétant doucement : « Jésus, je t’aime. Jésus, je t’aime… »
L’« immolation préméditée » de Jeanne Beretta Molla – c’est ainsi que saint Paul VI a qualifié le sacrifice de cette jeune maman – est une magnifique illustration de la parole de Jésus : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13). Jeanne a véritablement donné sa vie pour l’enfant qu’elle portait, l’enfant qu’elle aimait déjà sans le connaître. Elle est, d’une certaine manière, une image maternelle du sacrifice du Christ qui a donné sa vie pour chacun de nous. Ici, nous voyons une maman qui donne sa vie pour que son enfant vive.
Béatification et canonisation
Jeanne a été béatifiée le 24 avril 1994 par saint Jean-Paul II pendant la première Année Internationale de la Famille. Elle a été ensuite canonisée le 16 mai 2004, en même temps que saint Luigi Orione. Chose rarissime, le mari de Jeanne, Pietro, assiste à la canonisation de sa femme. Il meurt à 98 ans.
Vous savez que pour être béatifié et canonisé, l’Église demande qu’il y ait des miracles. Il s’agit chaque fois de miracles liées à des grossesses à risque. Je trouve très beau que Jeanne intervienne ainsi pour aider les futures mamans, de même que Jean-Paul II est intervenu pour guérir une religieuse atteinte de la maladie de Parkinson dont lui-même est mort. « Tu sais, les saints gardent leur caractère au ciel ! »
Dans l’homélie de sa canonisation, Jean-Paul II a prononcé ces paroles à propos de Jeanne : « À l’exemple du Christ, qui ayant aimé les siens, les aima jusqu’à la fin (Jn 13, 1), cette sainte mère de famille resta héroïquement fidèle à l’engagement pris le jour de son mariage. Le sacrifice extrême qui scella sa vie, témoigne que seul celui qui a le courage de se donner totalement à Dieu et à ses frères se réalise lui-même. »
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