Sainte Bernadette Soubirous
« C'est parce que j'étais la plus pauvre et la plus ignorante que la Sainte Vierge m'a choisie. »
Le 11 février, c’est la fête de Notre Dame de Lourdes et le 18 février, nous fêtons sainte Bernadette Soubirous.
Elle naît à Lourdes le 7 janvier 1844.
Elle est l’aînée d’une famille pauvre et même éprouvée. Son père François est meunier. Il a perdu un œil, touché par un éclat de pierre alors qu’il repiquait une meule. Il a fait faillite quand il gérait le moulin de Boly. Il devient ouvrier journalier et la maman de Bernadette fait des ménages.
La famille Soubirous traverse une série d’épreuves qui la conduisent finalement à une misère noire. En 1857, ils sont obligés de vivre dans une salle insalubre de 3,72m sur 4,40m qu’on appelle « le cachot » parce que ce lieu a servi de prison dans le passé. Dans ce bouge infect, s’entasse la famille qui compte à l’époque 3 enfants de 13, 12 et 2 ans. Mais les malheurs de la famille ne s’arrêtent pas là. Le papa, François, est accusé injustement d’avoir volé 2 sacs de farine et il est mis en prison puis libéré après une semaine.`
Dans ces conditions, comme Bernadette est asthmatique et de santé très fragile, ses parents l’envoient dans le village de Bartrès chez une brave femme, Marie Laguë, qui a été sa nourrice. Là, Bernadette s’occupe des deux enfants de la famille Laguë, elle aide au ménage, garde les brebis. Elle en profite aussi pour commencer le catéchisme en vue de sa première communion. Elle a 13 ans et n’a jamais suivi le catéchisme ni été à l’école.
Quand il n’est plus possible de suivre le catéchisme à Bartrès parce qu’il n’y a plus de prêtre, Bernadette demande à rentrer à Lourdes dans sa famille. Nous sommes en janvier 1858, un mois avant la première apparition. De retour à Lourdes, Bernadette entre pour la première fois à l’école : elle est admise comme externe dans la classe des indigents de l’école des sœurs de la Charité de Nevers. Elle assiste irrégulièrement au cours et elle suit le catéchisme en vue de sa première communion. Nous arrivons au moment où vont commencer les apparitions.
Les apparitions de Lourdes
Le 11 février 1858, Bernadette va ramasser du bois mort avec sa sœur Toinette et une amie à Massabielle. Elle voit dans le creux du rocher quelque chose de blanc avec un visage. Elle l’appelle « aquero » ce qui signifie « ceci » dans son patois.
Le dimanche 14 février, Bernadette retourne à Massabielle avec une dizaine de fillettes pauvres. Une belle jeune fille avec un chapelet au bras lui apparait à nouveau. Bernadette prie son chapelet à genoux.
Le jeudi 18 février, c’est la troisième apparition. Deux femmes pieuses l’accompagnent. Elles ont convaincu Bernadette de demander à la dame d’écrire son nom sur un écritoire. Aquero sourit, n’écrit pas mais demande : « Voulez-vous me faire la grâce de venir ici pendant 15 jours ? » Bernadette promet. Puis Aquero ajoute :
Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde mais dans l'autre.
Les vendredi 19 février, samedi 20 février et dimanche 21 février et il y a encore des apparitions, mais « la dame » ne parle pas.
Le mardi 23 février, a lieu une nouvelle apparition en présence d’une foule de plus en plus grande. Aquero ne dit rien.
Le mercredi 24 février a lieu la 8ème apparition en présence d’une grande foule. Cette fois, la dame parle avec un visage triste qui marque Bernadette : « Pénitence, pénitence, pénitence. Vous prierez Dieu pour les pêcheurs. » Elle demande aussi si cela l’ennuierait de baiser la terre pour la conversion des pêcheurs. Bernadette répond que non.
Pour la 9ème apparition, le jeudi 25 février, 300 personnes sont présentes. Cette fois, la dame fait une demande étonnante à Bernadette :
Allez boire à la fontaine et vous y laver
puis elle ajoute :
Vous mangerez de cette herbe qui est là.
Bernadette ne voit aucune fontaine, alors elle gratte la terre à l’endroit indiqué par la dame et elle boit l’eau boueuse. Elle mange aussi l'herbe indiquée. Dans la foule, c’est la consternation. Le comportement de Bernadette qui est maculée de boue paraît complètement fou. Beaucoup sont scandalisés. Pourtant, là où Bernadette a gratté la terre, commence à jaillir une source.
Samedi 27 février, c’est la 10ème apparition. Aquero ne dit rien.
Dimanche 28 février, pour la 11ème apparition, 1.500 personnes sont présentes. Bernadette recommence les mêmes gestes de pénitence.
Lundi 1er mars, la 12ème apparition est silencieuse. Mais ce jour, une paysanne des environs, Catherine Latapie, est venue attirée par Massabielle. C’est une mère de 4 enfants, enceinte du cinquième. Deux ans plus tôt, elle a fait une chute et deux doigts de sa main sont paralysés et repliés sur eux-mêmes. Catherine Latapie n’est pas particulièrement pieuse. Elle prie de son mieux et trempe sa main dans l’eau boueuse qui s’échappe de la fameuse source. Elle est instantanément guérie ! Elle peut joindre les mains et remercier la Vierge. Sa guérison miraculeuse sera reconnue par l’évêque de Tarbes, Mgr Laurence, 4 ans plus tard. C’est le premier miracle de Lourdes reconnu par l’Église.
Mardi 2 mars, pour la 13ème apparition, il y a 1.650 personnes présentes. La dame dit :
Allez dire au prêtre qu'on vienne ici en procession et qu'on y bâtisse une chapelle.
Mercredi 3 mars, 14ème apparition, cette fois avec 3.000 personnes. Aquero renouvelle la demande de la chapelle. Quand Bernadette le raconte à l’abbé Peyramale, il répond : « La dame t’a donné son nom ? » « Non », répond Bernadette.
Hé bien, si elle veut une chapelle, qu’elle dise son nom et fasse fleurir le rosier de la grotte.
Jeudi 4 mars, la 15ème apparition est silencieuse. C’est le dernier jour de la quinzaine annoncée par Aquero. Il ne se passe rien. La foule est déçue.
Le jeudi 25 mars, de grand matin, Bernadette est attirée à la grotte. Même si rien ne laissait prévoir une apparition, il y a déjà 300 personnes présentes, dont le commissaire Jacomet. Quand Aquero apparaît pour la 16ème fois, Bernadette lui demande son nom.
La dame répond en patois :
Que soy era l'immaculada Concepciou
(je suis l'immaculée Conception)
Bernadette ne comprend pas. Elle ne connaît pas ces mots. Elle court chez le curé en répétant la phrase tout le long du chemin pour être sûre de ne pas l’oublier. L'abbé Peyramale est bouleversé. Il est convaincu que Bernadette ne peut pas avoir inventé cette phrase. Le dogme de l'Immaculée Conception étant un dogme nouveau dans l’Église, défini le 8 décembre 1854 par le pape Pie IX – soit seulement 3 ans et demi avant le début des apparitions.
Bernadette quitte le curé en disant : « Je suis bien contente, j'ai fait ma commission. »
La 17ème apparition a lieu le mercredi 7 avril. Bernadette est venue avec un cierge. Pendant l’apparition qui dure une demi-heure, la flamme de celui-ci se met à lécher sa main, sans la brûler. C'est le miracle du cierge.
Le 3 juin 1858 est un jour important pour Bernadette. C’est la fête Dieu et elle fait enfin sa première communion.
Bientôt, les autorités barricadent la grotte pour empêcher les gens de s’y rendre. Le vendredi soir 16 juillet, fête de Notre Dame du Mont Carmel, Bernadette est à nouveau attirée à la grotte. Elle en reste loin, mais elle a encore une apparition silencieuse. C’est la 18ème et dernière apparition.
À partir de ce moment, Bernadette n’aura plus d’apparition à Lourdes.
La vie normale reprend pour Bernadette. Enfin, normale est un bien grand mot car elle est devenue la « voyante », celle que tout pèlerin qui vient à Lourdes se doit de rencontrer. Elle fait l’objet d’un culte qui la gêne énormément et qui embarrasse aussi les autorités ; on lui demande de raconter les apparitions tant et tant de fois. Tout cela la fatigue beaucoup.
Elle affirme avec conviction :
C'est parce que j'étais la plus pauvre et la plus ignorante que la Sainte Vierge m'a choisie.
Entre temps, Mgr Laurence, évêque de Tarbes dont dépend Lourdes, a lancé une commission d’enquête. Celle-ci a travaillé 3 ans et demi. Le 18 janvier 1862, il reconnaît les apparitions.
La mission de Bernadette à Lourdes est finie. Elle décide de devenir religieuse et elle choisit les sœurs de la Charité de Nevers qui tiennent l’hospice où elle vit depuis plusieurs années. Quand on lui en demande la raison, elle répond : « Ce sont les seules qui n’ont pas essayé de m’attirer chez elles ! » Elle devient sœur Marie-Bernard.
La vie à Nevers
Le lendemain de son arrivée à St Gildard, sœur Marie-Bernard, notre Bernadette, est présentée à la communauté et il lui est demandé de raconter une fois pour toutes les apparitions. 300 religieuses assistent à cette narration. Ensuite, Mère Joséphine Imbert, la supérieure générale, interdit aux sœurs de reparler des apparitions entre elles ou avec Bernadette.
Sept mois après son arrivée à St Gildard, sœur Marie-Bernard fait une terrible crise d’asthme. On la croit à la mort. Elle reçoit de nouveau l’extrême onction et, avec l’accord du conseil de la congrégation, on lui fait faire ses vœux définitifs in articulo mortis en présence de l’évêque de Nevers, Mgr Forcade, accouru pour l’occasion.
Au noviciat, la maîtresse des novices, Mère Marie-Thérèse Vauzous, est dure avec Bernadette. C’est probablement pour être sûre de ne pas la privilégier. N’oublions pas qu’elle a l’aura de voyante de la Sainte Vierge. Bernadette trouve normal d’être humiliée :
La maîtresse des novices a bien raison, dit-elle ; car j'ai beaucoup d'orgueil ; mais maintenant que je suis ici, je travaillerai à me corriger, ce n'est pas comme à Lourdes où j'étais entourée de trop de monde.
Bernadette a d’ailleurs une grande affection pour Mère Marie-Thérèse Vauzous et celle-ci montre aussi qu’elle apprécie Bernadette en lui donnant souvent des responsabilités.
Le 30 octobre 1867, sœur Marie-Bernard fait sa profession définitive avec 44 novices qui finissent leur formation. Elle est affectée à la maison mère.
À partir de ce moment, sœur Marie-Bernard va occuper différents postes dans la maison mère : aide-infirmière, puis responsable de l’infirmerie. Lorsque sa santé se dégrade, elle redevient aide-infirmière, puis aide-sacristine. Elle perd son papa le 4 mars 1871, mais elle ne peut participer aux funérailles. Sa santé se dégrade rapidement. À partir de 1875, elle est constamment malade. En plus de son asthme, elle a contracté la tuberculose. Elle fait sa profession définitive , ses vœux perpétuels, le 22 septembre 1878. Sept mois plus tard, le 16 avril 1879, elle meurt à l’âge 35 ans.
Bernadette est canonisée par le pape Pie XI en 1933. Elle est sainte, non parce qu’elle a vu la Sainte Vierge, mais pour l’héroïcité de ses vertus.
Bernadette est un modèle de la vertu d’humilité. Il faut essayer de se mettre à sa place. Elle a vu la Sainte Vierge, ce qui est une grâce insigne. Elle a été l’objet d’une vénération publique. Tout le monde voulait la voir, la toucher, lui demander des prières. Malgré tout cela, elle est restée de marbre. Jamais elle n’en a tiré gloire ou profit. Elle avait un bon sens paysan inébranlable.
Elle avait une grande conscience de ses limites et de sa pauvreté. Rappelez-vous qu’elle affirmait :
C'est parce que j'étais la plus pauvre et la plus ignorante que la Sainte Vierge m'a choisie.
Bernadette a connu beaucoup d’humiliations, en particulier au cours de son noviciat chez les sœurs de la charité. Elle faisait l’objet de ce que j’appellerais un traitement spécial de la part de la maîtresse des novices, Mère Marie-Thérèse Vauzous. Selon la coutume de l’époque, on faisait baiser la terre pour humilier les novices. Bernadette a dû le faire tant de fois qu’elle a dit un jour : « Je cherche le carreau que je n’ai pas encore embrassé. »
Cette humilité de Bernadette n’est pas commune. On trouve chez elle aucun orgueil spirituel, aucune prétention ou revendication qui la distinguerait des autres.
Dans nos combats pour obtenir la grâce d’être humbles, nous pouvons demander l’intercession de sainte Bernadette Soubirous, expert en la matière.
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