Saint Pierre, le pêcheur de Galilée devenu chef de l'Église
Prince des apôtres, premier évêque de Rome, Saint-Pierre est un personnage incontournable des Évangiles et des actes des Apôtres. Mais qui est vraiment Simon Pierre ? Comment comprendre le parcours de ce pêcheur de Galilée mort en martyr à Rome ? Pourquoi Jésus l'a-t-il choisi pour mener son Église ? Pauline de Torsiac reçoit l’historien Christophe Dickès, auteur de "Saint Pierre - Le mystère et l’évidence" publié aux éditions Perrin pour nous parler de cet homme profondément humain.
Pierre, un pêcheur de la classe moyenne
Dans son ouvrage, "Saint Pierre - Le mystère et l'évidence" publié aux éditions Perrin, Christophe Dickès a souhaité se pencher sur des sujets jusqu'ici peu abordés: d'où vient Pierre ? Quel est son milieu ? Quel est la situation d'un pêcheur du Ier siècle en Galilée ? Même si les Évangiles nous donnent des informations sur son métier, elles en donnent moins sur sa situation financière et sociale. Était-il un pauvre pêcheur ?
Pour l'auteur et historien, Pierre faisait partie de la classe moyenne. "Parce que c'est un pécheur qui a un bateau suffisamment grand qui peut accueillir jusqu'à une quinzaine de personnes. [...] Dans ce bateau, il utilise des filets longs qui sont mentionnés dans l'Évangile puisque le Christ dit "allez en haut profonde" [...] et les filets longs coûtent plus cher que les filets courts. Ce qui m'amène à penser que c'est un pêcheur qui gagnait correctement sa vie." À cela s'ajoute une maison à Capharnaüm suffisamment grande pour accueillir tous les apôtres et où il peut vivre avec sa femme et sa belle-mère.
Malgré une situation de vie correcte, Pierre fait partie "du bas" de la classe moyenne selon Christophe Dickès. "C'est pour cette raison qu'il y a aussi cette contestation du pouvoir romain, c'est à dire que les impôts sont trop importants pour pouvoir vivre aisément et c'est pour cette raison qu'on a donné l'image d'un Saint Pierre pauvre mais je pense que Saint Pierre n'était pas pauvre" explique Christophe Dickès.
Le Christ choisit un homme avec des défauts et, en quelque sorte, le Christ prend date avec toute la succession apostolique, toute la succession pétrinienne, en montrant qu'au fond il y aura des bons papes et des mauvais pape, il y aura des grands chefs et il y aura des petits chefs
Un caractère de leader
Les traits de caractère de Pierre vont de pair avec son métier. "C'est un personnage qui sait regarder les éléments et on le voit à travers sa relation avec Jésus, il observe, il pose des questions. Il est le porte-parole des disciples et c'est un trait essentiel de l'ensemble des Évangiles ou l'on voit Saint Pierre mis à la première place" constate l'auteur de "Saint Pierre - Le mystère et l'évidence"
Saint Pierre n'a pas sa langue dans sa poche et ne se laisse pas faire, on le voit lorsqu'il dégaine son épée au jardin des oliviers. "C'est un homme de tempérament mais parallèlement il peut avoir peur, il peut avoir des doutes et très souvent dans l'Évangile on le voit un peu en dessous de l'événement qu'il peut vivre. Quand le Christ lui confie son Église [...] Pierre, tout de suite après, refuse l'idée que Jésus puisse vivre sa passion. Il ne s'ajuste pas à Jésus, il ne s'ajuste pas à Dieu" explique Charles Dickès. Ce dernier, dans son ouvrage, a souhaité faire découvrir au lecteur que le princes des apôtres, le premier évêque de Rome, n'est pas un super héros mais un disciple du Christ profondément humain.
Pourquoi Jésus choisit-il Pierre ?
Jésus pour représenter son Église aurait pu choisir Jean-Baptiste ou le centurion qui "a la plus belle foi de tout Israël". Pourtant, le Christ choisit un pêcheur qui en plus "n'est pas à la hauteur". Pour Charles Dickès, c'est cela qui est "fascinant", c'est cela le "mystère" du choix de Saint-Pierre. Loin de la perfection, le premier disciple du Christ incarne la fragilité de l'humanité. Saint Pierre est le premier à confesser sa foi mais il est aussi un homme plein de défauts.
"Le Christ choisit un homme avec des défauts et, en quelque sorte, le Christ prend date avec toute la succession apostolique, toute la succession pétrinienne, en montrant qu'au fond il y aura des bons papes et des mauvais pape, il y aura des grands chefs et il y aura des petits chefs" résume l'historien Charles Dickès. Des mots qui résonnent particulièrement aujourd'hui avec la crise profonde que traverse l'Église.
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