Cardinal à 22 ans, il aurait pu mal tourner, mais il est devenu un saint !
Dans la petite ville italienne d’Arona, sur les bords du Lac Majeur, s’élève une statue monumentale en cuivre et en fer, d’une hauteur de 32 m, 35 m avec son socle en granit. Cette statue, œuvre de Giovanni Battista Crespi, a été érigée en 1698 et a été pendant des siècles la plus grande statue du monde. On l’appelle localement le Sancarlone, c’est-à-dire le grand saint Charles car elle représente saint Charles Borromée, archevêque de Milan, en train de bénir.
Pourquoi Arona ?
Parce que c’est dans cette petite ville qu’est né Carlo Borromeo, Charles Borromée, le 2 octobre 1538. Il est le deuxième fils de Gilbert et Marguerite qui est la sœur de Giovanni Angelo de Médicis qui sera pape de 1559 à 1565 sous le nom de Pie IV. Charles est donc le neveu d’un pape.
La vie de Charles Borromée est extraordinaire à plusieurs titres, l’un d’entre eux est qu’il a bénéficié de traitements de faveur assez étonnants qui auraient pu en faire un arriviste et un corrompu, mais qui, au contraire, lui ont permis de manifester toute sa sainteté.
Il est ordonné prêtre en 1563. Il a 25 ans. Immédiatement après l’ordination presbytérale, il est ordonné évêque. Il est si jeune qu’on le surnomme « l’évêque-enfant » ! Je vous rappelle en passant qu’il est déjà cardinal !
Charles Borromée participe activement au dernières sessions du Concile de Trente (1562-1563). Il promeut des réformes pour le bien de l’Église : l’obligation pour un évêque de résider dans son diocèse, la refonte complète de la formation du clergé diocésain. Il participe à la rédaction du catéchisme tridentin aussi appelé catéchisme du Concile de Trente qui est publié en 1566. Toute sa vie, Charles sera un des promoteurs dynamiques de ce qu’on a appelé la contre-réforme catholique, c’est-à-dire la réponse de l’Église catholique à la réforme protestante de Martin Luther et de Jean Calvin.
En plus de toutes ses responsabilités, il noue une amitié très profonde avec saint Philippe Neri. Il va le visiter très souvent dans sa chambre à San Girolamo della Carità. L’amitié des Charles et de Philippe constitue un soutien mutuel pour les aider à grandir en sainteté. Charles a une immense admiration pour Philippe qui a 18 ans de plus que lui et qui est déjà considéré comme un saint dans la Rome de l’époque.
Charles est nommé archevêque de Milan en 1564. Le diocèse de Milan est encore aujourd’hui un des plus grands du monde, avec une liturgie particulière qui remonte à saint Ambroise et qu’on appelle rite ambrosien. Charles se démet de toutes ses autres responsabilités pour s’installer en 1665 dans son diocèse comme l’exigent les nouvelles règles du Concile de Trente. Il va consacrer désormais toute sa vie à ce diocèse. Son intégrité personnelle, son intelligence des situations et sa vertu rayonnante facilitent son travail de réforme. Il organise des synodes et des conciles provinciaux.
Au cours de son épiscopat, il visite l’ensemble de ses paroisses à trois reprises. Il consacre toute son énergie à mettre en pratique dans son diocèse les décisions du Concile de Trente. Il est conscient du fait que la réforme de l’Église, pour être crédible, doit commencer justement par la conversion des Pasteurs. C’est pourquoi Charles Borromée encourage prêtres, religieux, et diacres à croire davantage en la force de la prière et de la pénitence, transformant leur vie en un vrai cheminement de sainteté.
Les âmes, répète-t-il souvent, se conquièrent à genoux.
Sous son impulsion, Milan devient un modèle de l’Église promue par le concile. Il fonde des séminaires pour aider à la formation des prêtres, fait construire églises, écoles, collèges, hôpitaux. Il donne aux pauvres les richesses de sa famille. Son travail rayonne sur tous les diocèses d’Italie qui s’inspirent de ses réformes.
Mais cela ne plaît pas à tout le monde. Un des ordres qu’il tente de réformer, l’ordre des Humiliés, tente de l’assassiner avec une arquebuse alors qu’il est en prière. L’attentat échoue.
Entre 1576 et 1577, Milan est atteinte par une épidémie de peste. Charles se dépense sans compter et sans tenir compte des risques de contagion. Son dévouement force l’admiration des milanais et va marquer profondément la mémoire collective du peuple. Aujourd’hui encore, le nom de Charles Borromée est associé à cette épidémie.
L’archevêque de Milan est aussi connu pour sa grande dévotion pour le saint suaire. C’est pour permettre au saint de prier devant le linceul que les ducs de Savoie, propriétaires de la relique, décident de déplacer en 1578 le Suaire du Christ du Château de Chambéry, en France, à la ville de Turin où il est encore conservé dans nos jours. Charles Borromée se rend alors à Turin en pèlerinage, en marchant pendant quatre jours, dans le jeûne et la prière.
En 1581, Charles fonde une congrégation d'oblats, des prêtres séculiers qu’on appellera ensuite les « Oblats de saint Charles ».
Il meurt à Milan en 1584. Il a seulement 46 ans. Il est épuisé par les fatigues et les austérités. À ceux qui lui reprochaient de ne pas assez se reposer et d’en faire trop, il répondait :
Pour éclairer, la chandelle doit se consumer.
et c’est ce que Charles a fait : il s’est consumé dans l’amour de Dieu.
Il est béatifié en 1602 par le pape Clément VIII, puis canonisé en 1610 par Paul V.
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