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Marie-Eugène de l’Enfant Jésus
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Marie-Eugène de l’Enfant Jésus

Un article rédigé par Jean-Luc Moens - 1RCF Belgique, le 9 février 2023  -  Modifié le 9 février 2023
A l'école des Saints Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

Grand ami de Thérèse de Lisieux, il a été au XXe siècle un maître spirituel de l'école du Carmel.

Marie-Eugène de l'enfant Jésus Marie-Eugène de l'enfant Jésus

Son histoire

 

Henri Grialou, notre futur père Marie-Eugène, naît le 2 décembre 1894 dans le quartier de Gua à Aubin dans l’Aveyron. Il est l’aîné d’une famille modeste et d’une foi très fervente. Son père, Auguste, est mineur dans les mines de charbon. Il meurt d’une pneumonie en 1904, laissant 5 orphelins deux garçons et trois filles.


Henri a la chance de pouvoir faire ses études à Suze en Italie chez les Pères du Saint-Esprit, puis, à partir de 1908, à Graves au petit séminaire. En 1911, il entre au grand séminaire de Rodez. Il devance volontairement l’appel pour le service militaire en 1913, et se retrouve ainsi propulsé dans la grande guerre où il sert dans le 122e Régiment d'infanterie de Rodez avec le grade de lieutenant. Il participe aux batailles de l’Argonne, de Verdun, du Chemin des Dames. Il écrit en 1914 à un ami séminariste comme lui : « La guerre est dure, terrible, sauvage sans doute ; elle impose de grandes fatigues. […] Cependant on se retrouve homme et surtout chrétien le soir après la bataille et c’est alors qu’on souffre le plus en entendant les cris des pauvres blessés ou le râle des agonisants. » Henri sort de la guerre avec honneur. Il a reçu plusieurs décorations pour sa bravoure : la légion d’honneur, la croix de guerre… En 1919, il est démobilisé et retourne au séminaire.

 


Alors qu’il se prépare au sous-diaconat l’année suivante, un abrégé de la vie de saint Jean de la Croix lui tombe sous la main. Henri le lit et trouve le livre insipide. Pourtant, malgré cela, ce livre déclenche en lui un écho inattendu : Henri se sent appelé à entrer au Carmel. Cet appel est très fort et résiste aux oppositions diverses qu’il rencontre autour de lui. Son directeur spirituel le traite de fou. Son évêque n’est pas d’accord. Sa propre mère, à laquelle il est très attaché, tente de l’en dissuader. Elle lui écrit en menaçant de suicider : « Tu peux partir, je serai morte avant que tu ne sois à Capdenac [ qui est la limite nord de l’Aveyron]. Je me serai suicidée. » Mais l’appel de Dieu est très fort. Henri répond à sa mère : « Tu sais combien j’ai résisté à cause du chagrin que je te causais. Mais cet appel du bon Dieu s’est fait de plus en plus net. J’ai pleuré moi aussi à la pensée du sacrifice que je t’imposais mais je ne puis pas résister à la volonté du bon Dieu si nettement manifestée. »

 


Le 4 février 1922, Henri est ordonné prêtre

 

Le 4 février est la date qui sera choisie plus tard, lors de sa béatification, pour célébrer sa fête liturgique.
Vingt jours plus tard, Henri rentre chez les Carmes dans le couvent d’Avon. Il reçoit le nom de père Marie-Eugène de l’Enfant Jésus. Le début des années 20 est un moment très spécial pour le Carmel. C’est la fin du procès de béatification de Thérèse de Lisieux, béatifiée en 1923 et canonisée en 1925. C’est aussi la proclamation en 1926 de saint Jean de la Croix docteur de l’Église. Le père Marie-Eugène participe au travail des Carmes pour faire connaître ces deux saints et la spiritualité du Carmel qui les anime. Il se donne à fond dans l’apostolat. Il fait sa profession dans l’ordre le 11 mars 1926.

 


En 1928, il est nommé prieur du couvent du Petit Castelet (Tarascon). L’année suivante, trois jeunes femmes enseignantes parmi lesquelles Marie Pila à Marseille viennent prendre conseil sur l’orientation à donner à leur vie. Cette rencontre qui a lieu à la Pentecôte va être à l’origine de la création de l’Institut séculier Notre-Dame de Vie dont le charisme est l’union d’une intense vie de prière au cœur d’une vie professionnelle, le témoignage vivant de l’amour de Dieu pour les hommes et les femmes de notre temps dans la spiritualité du Carmel. Marie Pila est considérée comme co-fondatrice de l’institut avec le père Marie-Eugène. L’institut est fondé officiellement en 1932. Le nom de Notre Dame de Vie se réfère à un sanctuaire marial très ancien, situé à Venasque, dans le sud de la France.

 


En 1932, le père Marie-Eugène est nommé prieur à Agen, puis en 1936 à Monte-Carlo. En 1937, il est élu membre du Conseil général de l’Ordre des Carmes. Il déménage à Rome où il habite jusqu’en 1955 (exception faite entre 1939 et 1945). Il est spécialement chargé des carmels francophones, mais il continue aussi à suivre le jeune institut Notre Dame de Vie. C’est également un prédicateur apprécié. Il enseigne la théologie mystique des grands maîtres du Carmel : Thérèse d’Avila, Jean de la Croix et Thérèse de Lisieux. Ces différents enseignements sont regroupés dans un livre qui est un des plus grands chefs d’œuvre de littérature mystique du XXe siècle publié entre 1948 et 1951 : Je veux voir Dieu. Dans ce livre, le père Marie-Eugène commente le château intérieur de Thérèse d’Avila à la lumière de Jean de la Croix et de Thérèse de l’Enfant Jésus. Ce livre est une actualisation pour notre époque des grands auteurs du Carmel. Il montre comment ils se complètent mutuellement, même quand ils semblent se contredire. Je veux voir Dieu manifeste la profondeur de la vie d’union à Dieu du père Marie-Eugène qui est aussi à l’aise dans la description des 7 demeures du château intérieur de Thérèse d’Avila que dans celle de la nuit des sens et la nuit de l’esprit de Jean de la Croix. Il montre aussi comment l’épreuve de la foi vécue par Thérèse de Lisieux préfigure la crise de la foi que l’Église du XXe siècle a dû traverser.

 


En 1955, le père Marie-Eugène rentre en France. Il assume la charge de provincial des Carmes entre 1957 et 1960, puis de 1963 à 1967. Il continue à servir l’institut Notre Dame de Vie et à former ses membres. Il travaille en étroite collaboration avec la co-fondatrice, Marie Pila. À deux, ils doivent affronter de grandes difficultés car le concept d’institut séculier est nouveau dans l’Église. Il faudra l’opiniâtreté de Marie Pila pour obtenir la reconnaissance romaine de l’institut en 1973, 6 ans après la mort du père Marie-Eugène. C’est le seul institut séculier qui a trois branches : une branche féminine, une branche sacerdotale et une branche masculine. Fréquemment, le Père Marie-Eugène rend hommage à Marie Pila, dont la foi a permis à l’intuition fondatrice de prendre forme. À la fin de sa vie, le père Marie-Eugène ne cache pas son admiration pour « la profondeur des vues, et l’expérience » de Marie Pila, et surtout pour « l’excellence de sa collaboration à l’œuvre de l’Esprit-Saint dans l’Institut ».

 

Dans ses dernières années, le père travaille aussi avec ardeur à faire connaître l’enseignement du Concile Vatican II qui fait sa joie. Il meurt le lundi de Pâques 1967, le 27 mars, jour de la fête qu’il avait établie pour célébrer Notre-Dame de Vie.
Il a été béatifié le 19 novembre 2016. Il est enterré dans l’église de Notre Dame de Vie. Marie Pila meurt en 1974 et est enterrée à ses côtés.

 

Le père Marie-Eugène a eu une grande amitié par Thérèse de Lisieux

 

Il l’a découverte en 1908 alors qu’il est encore séminariste à travers un livre qui ne paie pas de mine, « un livre de rien du tout », dira-t-il plus tard. C’est pourtant le début d’une grande amitié spirituelle. Quand il reçoit le nom de père Marie-Eugène, il ajoute « de l’Enfant Jésus » en référence à Thérèse de l’Enfant Jésus.

 

Je suis toujours interpelé et édifié par la connivence qui peut exister entre les saints. Il y a comme des amitiés spirituelles qui se créent entre des vivants et des saints qui sont déjà au ciel, et pourtant ce sont des amitiés très fortes et qui portent beaucoup de fruits.


J’ai pour ma part la conviction que l’initiative ne vient pas de nous. Ce sont les saints qui nous choisissent par grâce de Dieu. Dans cette émission, laissez-vous toucher par les saints que je présente. Il est intéressant de noter que le père Marie-Eugène a découvert Thérèse par un livre de rien du tout. La question n’est pas dans la qualité du livre ou de l’écrivain. Elle est dans la grâce de Dieu qui utilise des instruments pauvres pour se communiquer à nous. C’est un peu le cas de ces podcasts. Ils sont très imparfaits, mais dans leur pauvreté, Dieu peut passer pour toucher votre cœur.

 

Si vous êtes touché par une histoire de saint, cherchez à en savoir plus sur lui. C’est peut-être le signe que ce saint a quelque chose de spécial à vous dire pour votre vie spirituelle et votre croissance en sainteté. N’hésitez pas à construire des amitiés spirituelles avec les habitants de cieux. C’est aussi cela la communion des saints !

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©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
A l'école des Saints

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