Il est l’un des plus grands auteurs de la littérature française du XXè siècle. Julien Green est l'auteur de romans, de pièces de théâtre, d'essais. Il a aussi tenu un journal, précieux document pour nous aujourd'hui, car il couvre quasiment un siècle. Véronique Grollier, spécialiste de l'écrivain, lui a consacré une thèse de doctorat (1994) "Julien Green, genèse d’une spiritualité (1905-1924)". Elle vient de publier un petit ouvrage pour faire connaître la spiritualité de l'écrivain "Prier 15 jours avec Julien Green" (éd. Nouvelle Cité). Elle dresse le portrait d'un homme passionné, toujours en quête d’absolu.
Homme de son siècle, marqué par le matérialisme et l'absurdité d'une certaine vie, Julien Green a vécu les soubresauts de la foi. Mais c'est en homme serein, certain de la présence du Christ ressuscité à ses côtés qu'il est mort en 1998 à Paris. Eduqué dans la religion anglicane par sa mère il s'est converti à l'âge de 16 ans au catholicisme. A l'âge de cinq ans il a fait l'expérience d'une "énorme présence de Dieu" telle qu'il n'a pas les mots pour la décrire. "Il me sembla qu'alors je mourais de soif, une eau fraîche m'était versée d'une source intarrissable qui répandait la joie." Lui qui n’a cessé de s’interroger sur le sens de sa vie a vécu un combat intérieur lié à son homosexualité.
De caractère passionné, extrêmement sensible et émotif, Julien Green signe une œuvre où "tout est incarné", explique Véronique Grollier. Ce que l'on peut lire aussi bien dans ses romans, dont les personnages sont "très ancrés dans l'humanité", que dans son journal "où il ne cache rien". "Il se dépouille, accepte de se mettre à nu, y compris dans son écriture. Et ce qui est touchant c'est qu'il le fait avec une certaine naïveté." Julien Green a pensé trois années durant se faire religieux, attiré par le monastère bénédictin de l'île de Wight. Mais il y a renoncé pour répondre à sa vocation d'écrivain. Ce qui habite son œuvre, c'est une sorte de "nostalgie religieuse", qui fait sa marque de fabrique, en quelque sorte. "Il y a autour de lui une zone de solitude et de silence, qui s'apparente un peu finalement à un cœur qui serait cloîtré dans le monde, un monastère intérieur."
Après le bonheur de l'enfance et celui de la conversion, cet homme sensible, profondément croyant, et qui rejette la tiédeur, est "furieux" de la connaissance qu'il a de lui-même quand il découvre son homosexualité. "Furieux de découvrir qu'il n'est pas un saint." C'est le début d'une prise de distance avec l'Eglise, de 1924 à 1956, un long cheminement mais où il n'abandonne pas la prière. En 1924 il écrit un "Pamphlet conre les catholiques de France" - qu'il faut, pour Véronique Grollier, lier à son essai de 1978: "Ce qu'il faut d'amour à l'homme". D'un texte à l'autre on devine comment sa perception de la sainteté a évolué. En 1956, la foi qui l'habite ressurgit fortement et de manière quasiment définitive. Julien Green fait le choix d'une vie de chasteté et d'une fidélité confiante à un Christ réellement présent dans sa vie, celui des pèlerins d'Emmaüs. "Reste avec nous car le soir tombe." (Lc, 24, 29)
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