[L’Évangile du dimanche] Le plus petit surpasse le plus grand
On se souvient de la célèbre fable qui nous raconte qu’une grenouille met toute son énergie à se faire aussi grosse qu’un bœuf. Son auteur Jean de La Fontaine a su ainsi mettre en scène cet incessant besoin de l’homme d’avoir plus et surtout d’être plus. L’évangile de ce dimanche évoque à sa manière nos rêves de grandeur avec des disciples qui se jaugent pour savoir qui est le plus grand et un Jésus qui leur offre une réponse inattendue.
Dominique Collin est dominicain.
Evangile de Marc, chapitre 9, versets 30 à 37
30 "Partis de là, ils traversaient la Galilée, et Jésus ne voulait pas qu’on le sache,
Jésus "traverse", il est en mouvement constant pour apporter la bonne nouvelle. Il existe une urgence de communiquer la joie, l'ouverture au Royaume de Dieu.
31 car il enseignait ses disciples en leur disant : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. »
32 Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger.
33 Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? »
Jésus sent la tourmente et le trouble chez ses disciples.
34 Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand.
Les disciples sont pris sur le fait, dans une forme de vanité. Ils se comparent pour déterminer qui est le meilleur. Aussi, cela provoque chez eux un sentiment de honte.
35 S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »
Jésus s'asseoit. En effet, en chemin, les disciples se sont mis dans un état d'excitation. À présent, le disciple comme le lecteur doit faire retomber la fièvre, se poser, entendre la parole.
Dominique Collin rappelle que l'appel à la dernière place n'est pas celui de l'humiliation, de la mortification. La grandeur, c'est devenir soi relié aux autres, enrichir l'autre en étant dans le service. C'est une grandeur intérieure, et non un masochisme.
36 Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit :
Le message se joint au geste. Il accueille un enfant, icône de la grandeur paradoxale du royaume de Dieu. L'évangile est riche d'images fortes et évocatrices.
37 « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé»".
L'enfant, au nom du Fils, est l'image du Père. On comprend ici l'offre de filialité. La grandeur du père réside dans le don de soi. Dieu donne le don du don, le don de nous donner, et l'enfant en est l'image.
On entre dans le royaume de Dieu en abandonnant les fantasmes de grandeur, d'ailleurs nombreux dans notre société actuelle qui laisse une grande place au narcissisme. C'est le travail de toute une vie. Il faut essayer de se déssaisir de soi.
Dieu s'abaisse car il se donne, et il se reconnaît à la manière dont on accueille cette donation.
Lorsqu'on abandonne l'illusion de se croire le plus grand, on découvre que si tous deviennent les serviteurs de tous, on donne naissance à la fraternité.
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